Donoré, dont la chanson peut être fière

Donoré (photo Albert Weber)

C’est un grenoblois, désormais parisien depuis une dizaine d’années. Son vrai nom est Pierre Chatard. Pourquoi donc Donoré ? Parce qu’il est fils d’Honoré. Ça fait vingt ans qu’il compose mais il faudra attendre 2006 pour le voir sortir son premier ep de cinq titres. Puis quatre ans encore pour un album, un vrai, un qu’il nous est toujours agréable, plus même, de poser sur la platine. De grandes scènes pour des premières parties à des concerts forcément plus intimistes en appartement, Donoré va son chemin.

Sorti il y a quelques jours, son nouvel ep (cinq titres) a une fois encore tout pour nous séduire. Une voix et une diction claires qui souligne bien chaque vers, surligne chaque mot. Des textes bien construits, ballades entraînantes, mélodiques, mélancoliques parfois comme cette chanson qui convoque le souvenir du paternel, ici honoré : « La vie est une brindille qui siffle dans le vent / Sa propre mélodie / Elle nous échappe vraiment / Si on croit la saisir de temps en temps / Faut prendre le plaisir quand il est présent / Parce qu’un jour tout s’envolera / Comme toi, papa. » L’émotion est prégnante.

La chanson-titre, elle, se conjugue à l’heure des premiers bilans : « Quand j’s'rai grand je serai cerf volant / J’tutoierai les nuages, ils me prendront au passage / Je s’rai chasseur d’étoiles, troubadour en cavale / Je figerai l’émotion / Et j’en f’rai des chansons […] C’était ce que je disais avant / Avant de devenir grand / Maintenant, quand est-il vraiment ? » En se remémorant les promesses du passé, Donoré se présente et mesure au passage les écarts. Car ce mini-disque s’apparente à un aller-retour entre hier et aujourd’hui. Entre Virginie, amour de bacs à sable et cette autre, désirable (« Je suis collé à ton décolleté / En pleine plongée / Déjà mes yeux te déshabillent ») qui veux mais ne le peux. Amours contrariés… désirs et réalités, en l’occurrence celles de la vie d’adulte qui souvent riment avec difficultés et nous amènent cette très belle chanson qu’est La force que tu n’as pas, comme un transfert d’énergie.

Il y a foule au chevet musical de cette production (on y retrouve Simon Autain), musiques élaborées qui jamais ne prennent le pas des mots et se fondent dans la douce  mélancolie d’ensemble. Cinq titres, c’est certes court pour découvrir un artiste mais c’est possible, d’autant que l’album qui précède est toujours dispo…

Nous sommes, avec Donoré, entre une chanson d’auteur et une variété de haut niveau, un art maîtrisé auquel vous pouvez vous fier. Sa bio le dit influencé tant par Renaud, Cabrel que Golman, références qu’à un moment donné on retrouve, toutes, un peu dans ses chansons. Prenez ça comme autre gage de qualité.

Donoré, Maintenant, ep Donoprod Believe digital, 2014. (le site de Donoré semble être actuellement en maintenance)