Musik’elles : ô, Copé, suspends ton aide !
L’hécatombe se poursuit et est loin d’être terminée. Manuel Valls a eu beau, il y a quelques mois, « garantir le budget de la culture pour les trois années à venir », le gel de crédits d’intervention du ministère et la baisse des dotations aux collectivités locales semblent sonner le glas et chaque semaine nous apporte son nouveau lot de victimes.
Dernier en date, le festival Les Musik’elles de Meaux (Seine-et-Marne), sacrifié (temporairement ?) sur l’autel des comptes publics, cause, selon le Maire Jean-François Copé (tiens, ça faisait longtemps qu’on n’avait pas entendu parler de lui), à « une hausse des dépenses liée notamment à la réforme des rythmes scolaires (780 000 euros) et à une baisse très importante et inédite des dotations de l’État. » « C’est un grand sacrifice pour moi. Je prends cette décision avec regret » a déclaré Copé en annonçant au conseil municipal, l’annulation de l’édition 2015, avant même d’ailleurs que ce conseil municipal ne se penche (ce sera le mois prochain) sur le débat d’orientation budgétaire. Le même précise, sur le site de Musik’elles : « Une page se tourne mais le livre ne se referme pas complètement… Nous allons avec les équipes du festival nous mobiliser et tenter de trouver les ressources nécessaires pour qu’une onzième édition ait lieu en 2016. (…) Nous allons avec les équipes du festival nous mobiliser et tenter de trouver les ressources nécessaires pour qu’une 11ème édition ait lieu en 2016. »
Muzik’elles est né en 2005, alors festival unique en son genre, la programmation y étant exclusivement féminine (Carole Masseport, Ariane Moffat, Paris Combo, Susheela Raman, Olivia Ruiz, Nourith, Enzo Enzo, Julie Zenatti, Buzy, Véronique Sanson, Juliette, Maurane, etc.). Force est de constater que cette originalité, ce concept, se sont depuis estompés. L’an passé les vedettes y étaient Bernard Lavilliers, Tal, Ayo et Génération Goldman. Réduit à deux jours, en septembre, le festival a accueilli, l’an passé, 12 000 spectateurs.
Les Muzik’elles coûtent à la ville de Meaux entre 700 000 et 800 000 € par édition. Monsieur le Maire, soucieux des deniers publics (le même Copé l’était nettement moins avec la fameuse et insolite comptabilité de Bygmalion) tranche donc dans le vif et, au minimum, suspend le festival dirigé par Danièle Molko, de la société Abacaba.
Une Danièle Molko qu’on retrouve, quasi au quotidien ces derniers temps, au chevet du devenir (ou non, nous le saurons bientôt) du festival Alors Chante ! congédié de Montauban pour officiellement les mêmes raisons de la baisse des dotations aux collectivités locales.
Il est à crainte que, sitôt passée la trêve des confiseurs, nous apprenions d’autres disparitions encore. Sans parler de cette fameuse dotation en baisse, la seule augmentation des bénéficiaires du RSA sur le département de la Loire (à la charge du Conseil général) équivaut au budget annuel de la culture de l’assemblée départementale. Quand sonne l’heure des comptes, c’est bien souvent la culture qui en pâtit.
Ce festival est unique par sa programmation, au début exclusivement féminine, mais aussi par la création de spectacles uniques, des créations spécifiques. Ensuite les cartes blanches ont évolué, au début les filles invitaient des garçons, (pas que) ensuite il y a eu d’autres propositions, la tête d’affiche garçon invitant des filles. Mais si certains ont bien fait le job, comme Julien Doré qui a vraiment mis en valeur ses invitées, d’autres ont été très peu concernés, Christophe Maé a fait SON spectacle dans lequel les filles étaient des faire-valoir. Sinon sur le fond et la forme, c’était très bien organisé. Et avec un prix de billet très démocratique, des spectacles avec des plateaux de 5 ou 6 artistes, avec au moins deux têtes d’affiche pour moins de 25 euros, c’est rare. Et le site montre qu’en plus des spectacles, il y a toute la semaine des actions d’animation ou éducatives…
Une photo parmi mes préférées, c’était en 2011.. (Ce n’est pas un montage)
Dommage que la culture soit la parente pauvre de nos gouvernants ! , et en ce moment, c’est la série . Les festivals disparaissent, un à un , et le public habitué de ces rencontres, les artistes, et tous ceux qui aiment la chanson se demandent avec angoisse à qui le tour ?
Dommage aussi que cette belle photo de Cali qui tient son public dans ses bras ouverts ne soit pas plus grande ici .
j’ai pas pu faire mieux… et maintenant ça déborde…
Ah ! super la photo ! merci m’sieur !
La culture, la chanson, la musique en général : suppression de Consonances à Saint-Nazaire :http://www.saint-nazaire.maville.com/sortir/infos_-saint-nazaire.-la-fin-de-consonances-%C2%A0un-veritable-gachis%C2%A0_fil-2681191_actu.Htm, suppression des subventions aux Conservatoires , lien pour une pétition ici : http://www.fuse.asso.fr/index.php?id=293, malgré les annonces de notre ministre de la culture : http://www.lemonde.fr/culture/article/2014/12/20/fleur-pellerin-propose-un-pacte-pour-sauver-les-financements-de-la-culture_4544282_3246.html.
La culture est pourtant, selon l’étude gouvernementale du 3 janvier 2014, un secteur employant 670 000 personnes et représentant 3,2 % du PIB en 2011, bien plus que l’industrie automobile, sans parler des retombées économiques sur les territoires…http://www.economie.gouv.fr/etude-sur-apport-culture-a-l-economie-francaise
Cette situation n’est absolument pas une surprise… Acteurs culturels, nous savions que cette année serait décisive, qu’il en serait fini de la manne territoriale.
Effectivement c’est bien la culture qui pâtit en premier de la restriction des dépenses.
Les festivals qui n’ont pas anticipé, ou qui n’ont pas trouvé les appuis privés seront condamnés. Dans le cas de ces « gros » festivals, il y a un directeur, gestionnaire …il me semble que c’est là son rôle, …d’anticiper !
Quant au prix des places « démocratiques », c’est le moins que l’on puisse espérer pour l’habitant de Meaux … sinon c’est double peine !!
Enfin bon soyons sérieux aussi, un festival dédié aux découvertes féminines qui fait sa dernière édition avec Tal et Génération Goldman, ce n’est plus une exception culturelle mais du consensuel télévisuel… Prenez des graines émergentes féminines, le coût du festival en sera amoindri !
J’apporte une précision, ce jour-là, Véronique Sanson a fait un grand concert, et le réduire à ces 5 mn est malhonnête, mais tout le monde a fait le buzz sur ça … Contrairement à ce que disaient quelques commentateurs qui n’y étaient pas elle était tout-à-fait lucide, et sur un concert qui a duré 2h15, avec des invités, elle a terminé avec 25/30 mn en piano solo absolument sublimes. Sinon, ce festival a commencé avec ce concept « femmes’ et des créations qui n’ont existé que dans ce festival. Ensuite, les programmes se sont simplifiés, peut-être aussi parce tous les artistes n’ont pas le talent ou la volonté de s’investir dans une création qui va prendre pas mal de temps, comme l’ont fait Juliette et Olivia Ruiz, et aussi Maurane.
Les dernières éditions ont été progressivement réduites, 2 soirées au lieu de 3, mais la programmation était riche de diversité, surtout entre 17h et 20H, ensuite on a vu arriver pour les « prime-time » des grosses machines, comme Christophe Maé il y a un an, il a fait son show, qui n’avait rien de spécifique pour les Muzik’Elles, mais le stade était archi bourré, au point qu’il était presque impossible de se déplacer dans la foule compacte debout. Et j’avais raconté ça à l’époque, la sono était trop forte, donc je suis sorti, et à 100 m du stade, c’était impecc pour le son…
Je suis plutôt d’accord globalement, toutefois ce festival Muzik’Elles a montré dans ses premières éditions qu’il y avait une belle diversité de styles avec les chanteuses de langue française, ce qui n’est pas toujours perceptible quand on survole les émissions ou les play lists… La segmentation de certains festivals (et les mêmes invités qu’on voit tourner dans un même circuit dans une sorte d’échange de services) est parfois peu motivante, mais est-ce que le public est prêt à se risquer à la découverte, et aux mélanges? Tacet et Vocal 26 sont des petites structures, on ne peut pas leur demander d’être universels ou Universal, j’imagine mal Leprest et Cocoon (les pseudos anglais de Clermont-Ferrand) sur un même plateau et dans la même structure professionnelle. Même si j’ai les oreilles larges, il y a des incompatibilités fondamentales.
Pour le Japon de Valérie Mischler, c’est par le Connétable que c’est arrivé, j’étais présent quand un groupe de japonais a assisté au spectacle, invité par Françoise du Connétable.