Chedid : tendre (vers) Louis
Louis Chedid, 22 novembre 2014, festival Les Oreilles en pointe, La Forge au Chambon-Feugerolles,
Seul sur cette grande scène, et les éclairages pour unique habillage. Ça et ses chansons. Ses nouvelles et ses plus vieilles, même celle du tout début, de sa première télé, chez Danièle Gilbert. En tout bien quarante ans de chansons, de ces p’tites chansons devenues grandes qui, additionnées, empilées, prennent le titre d’œuvre : c’en est une, de premier plan.
D’emblée, c’est copain-copain avec le public. Chedid est fidèle à son image : sympa, proche, sans ambages. Fausses confidences largement éventées en de précédents concerts, mais ça passe, ça donne une relation privilégiée avec lui, tant qu’on est tous persuadés qu’il ne s’adresse qu’à nous, à nous tout seul : « Tu peux compter sur moi / Quand tu veux et où que ce soit / Je serai toujours là pour toi. »
Économie, besoin d’intime, Chedid se revisite dans la nudité d’une guitare-voix. Même s’il change parfois de guitare, de l’acoustique à l’électrique, même s’il est de temps à autres au claviers (très mauvais son, d’ailleurs : on eut préféré le piano), même s’il triche aussi et nous sort de ses bidules électroniques quelques sons préalablement programmés. Le plus récent album, Deux fois l’infini, y passe qui tempère d’un relatif optimisme un répertoire pas si joyeux que ça, même si l’interprétation est franche et résolue, joyeuse presque : « Passent les cigognes / Poussent les chrysanthèmes / Quelques rock’n roll et un requiem / On a beau savoir que tout passe, tout casse, tout lasse / On a bien du mal à s’y faire. »
Et ma sœur Anne, qui voit venir… la nazi-nostalgie : « Elle a pignon sur rue, des adeptes, un parti. » S’il fut un temps où Anne ma sœur Anne était plus qu’applaudie, c’est désormais, signe des temps, fort contrasté dans l’assistance. « Aboiements », « vermine », « sale cafard », les mots font messes basses dans les travées. Faites qu’un jour, forcément couleur chagrin, cette chanson ne soit pas interdite, ça nous ferait de la pen…
Toutes époques, tous styles donc, tous publics aussi avec même Le soldat rose. En fin de récital, le public est en partie debout, les fans ont rejoint le bord de scène, la tonalité monte. C’est Egomane, T’as beau pas être beau, Ainsi soit-il… c’est Chedid fait compile, la beauté faite chanson, Chedid et nous qui tendons Louis, en une fête singulière.
Même si on peut légitimement le préférer avec musiciens (y’a plus de nuances, forcément), cette parenthèse solo est un p’tit bonheur dont il serait dommage de se priver. Alors, s’il passe près de chez vous…
Le site de Louis Chedid, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.
Enfin bref, il se débrouille tout seul , parenthèse solo qui manque un peu de nuances, mais gagne en intimité . Une belle famille d’humains, la famille Chedid .