Prémilhat 2014 : Michel Grange, classique, classieux, anthologiste
Toute une vie de chansons, consacrée à la chanson. Michel Grange fut toute sa vie professionnelle « conseiller Chanson » au Ministère de la Jeunesse et des Sports. Ne vous fatiguez pas à trouver ce métier dans les nomenclatures officielles ni sur Wikipédia : ça n’existe pas, ça n’existe plus, ça n’a dû exister que pour lui, au temps où la gauche était à gauche, au temps où les chanteurs avaient d’la voix. Et que fit-il, selon vous, le jour où il se retrouva en retraite, avec tous ses trimestres, toutes ses chansons ? Ben il chanta, ne vous déplaise.
Son nom n’est ni dans les anthologies ni dans les dicos. Nulle part. Sauf dans le cœur des gens dont il a croisé le chemin : c’est bien simple, il enchante !
Lui vient chaque année à Prémilhat : il y a son rond de serviette, son oreiller, sa couette, ses us et coutumes. Son public, aussi. Chaque fois, quitte à faire, pour des répertoires différents.
On doit se sentir fort, on doit se sentir petit aussi quand on se fait le porte voix, porte parole, de tant de poètes, rassemblés ici au seul prétexte d’avoir été préalablement choisis qui par Brassens, qui par Ferré, parfois par les deux. Grange, qui est l’humilité et la simplicité mêmes, se prête merveilleusement bien à cet exercice, lui dont la voix a la patine du classique. Pas celui des livres reliés cuir, dorés à chaud. Non, celui des livres de poche cornés, fatigués d’être si souvent feuilletés, dévorés, de ces livres bouffés aux vers qui déclament et chantent du Luc Bérimont, du Théodore de Banville et de l’Aragon, du Verlaine et du Paul Fort : « aux baisers que vous n’osez par prendre / aux cœurs qui doivent vous attendre… »
Michel Grange fait florilège de ces auteurs, adoptent ces vers, ceux « des enfants non voulus / qui deviennent chevelus / poètes. » Et quand je dis florilège, voyez ce que ça peut donner : L’Affiche rouge, Gastibelza, Je chante pour passer le temps, Est-ce ainsi que les hommes vivent ?, Monsieur William, Comme hier, La marine, La ballade des dames du temps jadis, Les oiseaux de passage, Marquise, Pensées des morts… Et d’autres encore.
Dans la relation de ces Rencontres de la Chanson de Prémilhat, j’ai dit ma colère à propos d’Eric Guilleton qu’il soit injustement méconnu, jamais programmé ou si peu, car en dehors des réseaux, des clans de la chanson. Je le dis pareillement, avec la même force, de Michel Grange. C’est un même scandale, pour moi un grand regret.
Le site de Michel Grange, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là. http://www.dailymotion.com/video/xo5bml
Je ne sais pas pour moi et je n’ai pas qualité d’en juger. Mais Michel Grange est un grand de la chanson un homme remarquable juste et beau. Un vrai poète. Je suis fier de le croiser depuis trente ans ! Merci Michel !
Et Michèle Bernard (musique) et Michel Grange (paroles) pour cette belle profession de foi :
http://www.youtube.com/watch?feature=player_detailpage&v=cmFcLdQLEK0
Ah Michel Grange… bel ami… Vrai frangin… j’ai fait mes débuts sur scène à ses côtés… C’était vraiment mes tous débuts… toute jeunette, mes premiers rôles !!! au sein de la Cie du théâtre de la Satire (théâtre de l’est lyonnais)… troupe de Comédien-ne-s et chanteurs… Michèle Bernard était aussi de la partie… belle époque et aventure qui a duré plusieurs années ! heureuse que toi Michel Kemper lui rende ce bel hommage, à travers NosEnchanteurs… ce n’est que justice ! MERCI Michel K. !
Bienheureux ceux et celles qui ont pu voir et écouter ce vrai poète! Pourtant dans ma région Rhône- Alpes, je n’ai malheureusement pas eu ce grand plaisir.
Merci pour ce bel article que vous lui consacrez et à tous les commentaires qui confirment son talent.
Aimons nous Ami, aimons nous… du coin de l’œil… de loin en loin…
Un conseil de Michel Grange et de Michèle Bernard en musique !