Prémilhat 2014. Veaux, vaches, cochons, couvées, chansons…

Lily Luca (reportage photos Catherine Cour)

Les Rencontres de Prémilhat sont ainsi faites qu’il y a des figures incontournables, de ces marronniers de la chanson qu’on a beau croire connaître par cœur, vous réserve des surprises et font, chez vous, le plein d’émotions, de souvenirs, au moins pour vous occuper jusqu’à la prochaine édition. Ainsi la visite forcément enchantée de la ferme de la Ganne. Variante cette année : il fait beau, grand ciel bleu et sol sec, pas de boue. Ne nous viendra donc pas sur les lèvres ce refrain de Michel Delpech. Du reste, nous sommes assez pourvus en ce qui concerne la chanson. Tous y vont de leurs couplets et en des situations choisies ou imposées, poétiques ou cocasses.

Comme cet artiste de l’Allier, du cru donc, Corentin Colluste, qui nous chante des mélodies pleurées sous un saule pleureur, une des images saisissantes de cette matinée.

Cochon qui s’en dédit !

Mais pas la seule. Vous m’excuserez de tels propos un rien châtiés, que seul le souci de l’élégance et la justesse du verbe excuse, mais ce cochon de Michel Grange chante pour autrui, en compagnie d’un porc. Pas même une chanson de marin, mais la crème de l’absolue délicatesse : « Garde tes dindons, moi mes porcs, Thérèse / Ne r’pousse pas du pied mes petits cochons. » Michel Grange à du nez, parfois du groin, c’est Fort ! Dans les clichés immanquables, on notera Cyril Adda perché sur un tas de foin pour une chanson qui forcément prend de la hauteur.

Cyril Adda, assis sur le foin avec le soleil pour témoin

Reste que le collector, entre tous, de cette ballade 2014 à la ferme sera Lily Luca (encore elle, qui truste les distinctions, on le verra bientôt à la lecture de NosEnchanteurs). Non forcément par ce Sacré géranium (de Dick Annegarn : « Les poules et les coqs se comptent fleurette… ») mais par cette interprétation de circonstance et franchement désopilante d’Isabelle, v’là l’printemps, de feu Ricet Barrier : « Fini d’faire la cour aux fumelles / Les soirs d’hiver à la veillée / Quand l’printemps vient, tire la ridelle / Tout l’monde aux champs jusqu’au coucher. » Avec l’accent paysan il va de soi. Et ça, c’est toute la foule (c’est qu’il y avait du monde !) qui rit franchement, se tient les côtes même, sous le regard héberlué et attentif de ces bœufs et taureaux Highland, au pelage dru et roux, aux cornes… d’abondance. Il faudrait citer tout le monde, les chanteurs, les poules, les oies, les chèvres, les paons pimpants (à ce point insolents qu’ils chient partout, même sur la voiture de location d’Eric Guilleton), ces bestioles de formes, de poils, de plumes et de couleurs inédits, de cette ferme collector à nulle autre pareille. C’est dire si l’ami Guillaume Pobeaud, le maître des lieux, pouvait être fier de cette incroyable visite, expliquant chaque fois (c’est aussi une ferme pédagogique!) le pourquoi et le comment de ses drôles de bestioles (là, je ne parle pas des chanteurs, encore que), d’où il viennent, ce qu’ils pondent, ce qu’ils procurent en viande et en plaisir.

Parlant de plaisir, on en profite pour écouter Isabelle, v’la l’printemps par Ricet-Barrier :