Prémilhat 2014 : Bobey, le voir pour bien le croire
Sacré bonhomme, drôle de loustic. Il y a peu encore on le connaissait sous le nom de Titiboulibi, à la croisée presque de tas de personnages de bandes dessinées : Tintin, Pirlouit, Bill. Et Boule aussi. Pour la suite de ses aventures, de ses scènes, il vient de recouvrer son nom, son vrai : Louis-Noël Bobey. Ça fait plus sérieux mais, quitte à faire, vas-y Bobey !
Ce lutin, ce farfadet est chanteur, un peu. Raconteur, aussi. Et slameur, pour le dernier tiers. Un peu de tout ça. Il est aussi pour moitié marseillais et son slam vient beaucoup de là. Pour l’autre jurassien, son bon sens paysan, sa poésie à la Pagnol puise de ce côté : du côté de Saint-Claude, les dés sont toujours pipés. Ah ! il vit aussi dans un poulailler, en Bresse.
Bobey donc, son blaze, son blason, son Louison. Qui d’emblée vous raconte des tas de trucs, en patois. Du conté aux odeurs de comté, un peu Couté, celui qui écrivait : « Le joli patois de chez nous est très doux / Et mon oreille aime à l’entendre… » Bon, lui fait plus précisément dans la Bresse. Une histoire drôle d’abord, avec traduction, merci. Puis un petit tout vers la ville rose pour aller voir Cécile, la fille de qui vous savez. Et ça, en patois… joli ! Ça et des tas de choses : il mastique ses p’tits poèmes et lit dans les entrailles du poulet de Bresse « avec deux doigts dessous la graisse. » Puis nous émotionne grave de chez grave, avec sa grand-mère, qui vient tout juste de quitter ce monde ingrat : « Dehors l’est un p’tit monde / Qui vient déjà plus l’sien. »
Y’a du Couté, un peu chez lui. Et pis un peu de Loïc Lantoine, dans son parlé, son slamé, sa poésie, sa naïveté.
C’est dire que quand il évoque ses années marseillaises, ça tranche. Autre cadre, autre paysage. Cités de béton et système survie dans cette jungle urbaine. Cette ville il l’a aimée et tente de la retrouver. Mais là, c’est comme si on avait changé de chanteur. C’est plus le même, mais ça l’est quand même. L’inspiration est pas pareille, les propos sont plus rudes, même son phrasé fraye avec la violence des lieux : « J’suis pas un ange et j’assume mon casier / Mais suis-je plus truand que Madame la députée ? »
Drôle de bonhomme ce Titib… ce Louison, ce Bobey. Plusieurs types en un, plusieurs arts aussi. Ça manque peu être d’ordonnancement, de tri. Mais y’a du bon, là-dedans, oh oui. Un sacré bonhomme qui vous fout la banane, qui vous scotche, vous séduit… C’est du presque tout bon. Faut le voir pour le croire.
Qui c’est celui là ? L’a un drôle d’accent ce mec là qu’on se dit ! Et en l’apprenant, en l’écoutant , on découvre un p’tit gars bien sympathique , qui tourne ses histoires à la manière d’un artisan , tranquille et consciencieux, riche de ses voyages , de ses aventures , en restant fidèle à ses racines . Et oui, il sait toucher, séduire , et en plus il joue de l’harmonica, alors !