L’Herbe Folle, pied de nez aux genres musicaux ?

L’Herbe folle (photo Marylène Eytier)

Clé des chants 2014, samedi 11 octobre 2014, Varilhes (Ariège), 

Occasion en or pour NosEnchanteurs de passer aux travaux pratiques, après son questionnement récent sur la place de la chanson dans les Musiques Actuelles.

Le quartet audois ne manque aucune occasion de souligner qu’il n’entrera pas dans les cases ! Leur page facebook qualifie leur musique de « chanson world progressive et alternative » ! Rien que ça ! Outre que l’expression peut passer pour une galéjade, on croit comprendre que le groupe veut surtout souligner qu’il ne se laissera pas enfermer, qu’il entend garder sa liberté de ton et de style et qu’il se moque bien des codes.

Cette posture lui va bien jusqu’ici si l’on en juge par les années à parcourir l’Europe, du nord (Belgique) au Sud (Portugal, Espagne), sans tourner le dos à l’Est (Pologne).

Mais on pouvait s’inquiéter de son devenir ces derniers temps, la rubrique concerts de leur site restant muette. Leur dernier et troisième album CD/DVD en 2011, Le bazarlibertaire, leur visuel avec le pastiche du Déjeuner sur l’herbe de Manet où les trois garçons s’affichaient nus en présence de la seule fille du groupe (vêtue elle !) n’avaient pas laissé la critique indifférente.

Les voici de retour avec un album en préparation, titré Au peuple, illustré par la silhouette rouge du Gavroche brandissant son arme, vous savez bien, celui qui chante « Je suis tombé par terre / C’est la faute à Voltaire… » Double référence à Victor Hugo puisque le titre Au peuple est emprunté au recueil des Châtiments. Loin de son image festive, L’Herbe Folle ferait donc le grand écart.

Le groupe a choisi de mettre en musique des textes hautement littéraires ce qu’on découvre ce soir en scène : après Hugo, La Fontaine dans une version hip hop insolite et néanmoins réussie du Meunier, son Fils et l’Âne, Prévert (Etranges Etrangers), Baudelaire (Madone)…

Musicalement, il semble se structurer autour des saxophones de Florent Lalet et de la présence particulièrement pétillante de Clémentine Thomas à la batterie, au cajun, au ukulélé et au chant. Les deux autres, Jean-Marc Serpin à la basse et à la contrebasse (musicien déjà vu dans Pulcinella, ce groupe toulousain dont nous vous parlons régulièrement) et Aladin Chaboche aux guitares, ne sont pas en reste pour donner de la voix. Tous ont un entrain à vous faire danser sur votre chaise, qu’ils vous jouent une mazurka, un rock, une java, une valse ou même un morceau pour discothèque. Tous les styles y passent ! Impossible décidément de s’y retrouver et pour encore mieux brouiller les pistes, c’est a capella, en bord de scène, entouré des spectateurs ravis, que le groupe offre en rappel Le petit bal perdu.

Le 19 novembre au Centre Barbara, Goutte d’Or à Paris, le 3 décembre à la Dynamo à Toulouse. Le site de L’Herbe folle, c’est ici.