Soham donne de la voix

Soham (photo Jean-Francois Le Glaunec)

Clé des Chants 2014, samedi 11 octobre 2014, Varilhes (Ariège),

Précisons, sans emphase, malgré la référence romantique : « C’est cette voix du cœur qui seule au cœur arrive » (Alfred de Musset).

Soham, un de ces duos, dans la vie comme à la scène, qui soufflent un petit vent d’espérance, pas seulement sur la Chanson. Certes, Christian Laborde et son inséparable guitare folk, poursuit de son côté une trajectoire accomplie de musicien. Mais le voir en scène avec Dalila au chant, c’est aussi se délecter des ornements, des volutes qu’un instrumentiste peut offrir à la voix. Aussi le spectateur, selon ses goûts et son attente, selon l’instant aussi au cours du concert, sera plus sensible tantôt à la virtuosité du guitariste, tantôt à la voix de Dalila, particulièrement émouvante quand elle s’évade du côté du blues, du jazz, de l’improvisation. A l’heure où la mode télévisuelle réveille le goût des belles voix, le duo Soham devrait se frayer sans mal son chemin dans les salles et les festivals, à condition bien sûr que les programmateurs accèdent à leur répertoire !

Il est vrai que le duo n’a pas attendu ce regain puisque voilà vingt ans qu’il existe et connaît ici ou là des moments de grâce, comme ce 27 novembre 2001 où un certain Francis Cabrel vint saluer de sa participation la sortie de leur album. Certes ce parrainage ne manque pas de leur valoir la qualification de « chanteur de variétés » que d’aucuns ne manquent pas de prononcer avec un zeste de mépris. Et pourtant, si l’on accorde un tant soit peu d’attention aux textes de leurs chansons, on y découvre des thèmes et une écriture proprement poétiques : la fuite du temps, l’injustice, l’enfance… parfois même on pourrait y déceler la complexité d’une réflexion philosophique. On est très loin des textes communément légers de la « variété ».

Mais comment résister à l’interprétation généreuse de Dalila, à la chorégraphie de ses mains, à ce don de la voix du cœur ? Comment ne pas frissonner à l’écoute de la reprise de De la main gauche ou de la chanson hommage L’île à Félix dont on s’étonne qu’elle ne soit pas plus connue ?

Paradoxalement, ce concert n’a pas comblé notre attente, nous donnant le sentiment d’assister à un concert d’un autre âge. L’équilibre accompagnement / chant aurait mérité peut-être plus de nuance, plus de rondeur… Faute à la salle trop vaste pour une chanson intimiste ? A la sonorisation excessive, comme elle l’est trop souvent ? Aux interventions décalées, à l’humour gascon de Christian qui frôlent la fausse note, le désaccord ?

Pour finir un regret : ne pas avoir retrouvé la magie d’une découverte imprévue en totale acoustique, en communion avec Dalila qui, de toute évidence, « sauvegarde ce cœur léger d’enfant qui joue à la marelle. »