La Chanson est-elle une « musique actuelle » ?
« Les musiques actuelles sont une appellation du ministère de la culture français, qui caractérise et regroupe les différents styles musicaux de la fin du XXe siècle début du XXIe. Elles regroupent quatre grandes familles musicales : la chanson, le jazz, les musiques amplifiées (qui utilisent l’amplification électrique comme mode de création, elles-mêmes divisées en trois sous-familles : le rock, blues, country, pop, fusion, métal, indus, hardcore, punk… ; le hip hop, R’n’B, ska, reggae, ragga, dub, funk… ; les musiques électroniques) et la musique traditionnelle (entendez par là les musiques traditionnelles et les musiques du monde). »
« Si l’on considère que le début des musiques actuelles se situe à la fin des années 40 avec la naissance des premiers microsillons, le développement du transistor et la musique ‘rythmn’blues’… » (livret de la SMAC Le Fil, à Saint-Etienne)
Les musiques actuelles, qu’est-ce que c’est exactement ? Selon qui vous en entretient, selon quelle est votre source de documentation, vous aurez des explications différentes. C’est embêtant car, selon le définition et ce que ça englobe, ça exclura ou non des pans entiers de la « musique ». Et particulièrement, pour ce qui nous concerne, la chanson.
« En quoi ça nous concerne » me direz-vous ? « De toutes façons, les salles de musiques actuelles (SMAC) ne sont pas taillées pour la chanson. »
Vous avez raison. Et la chanson n’y est pas appelée, encore moins désirée. Mais. Le mais c’est que les pouvoirs publics ne donnent désormais plus d’argent QUE pour les musiques actuelles. Et si vous allez voir les politiques en arguant que les Smacs ne travaillent pas la chanson et qu’il faut de l’argent à part pour elle, on vous rétorquera, dans un argumentaire d’autiste, que la chanson est incluse dans les subventions données au titre des musiques actuelles et qu’il n’y a donc pas de raison d’en donner encore.
Allez voir ensuite un directeur de Smac pour réclamer votre dû de chanson puisque qu’il touche des subventions pour les musiques actuelles et que la chanson est censée en faire partie : à de rares exceptions près (comme La Presqu’île à Annonay, en Ardèche – je ne sais pas s’il en existe d’autres), il vous rira au nez, vous traitant presque de ringard. La chanson ? oui, à la condition que celle-ci utilise l’électricité et l’amplification sonore électronique comme élément plus ou moins majeur de ses créations musicales et des modes de vie.
C’est le nucléaire ou la bougie, les musiques actuelles ou la chanson. Vous électrifiez Anne Sylvestre (guitare électrique, basse, claviers, synthé, batterie) et elle obtient son visa pour une tournée des Smac. Remarquez que les chanteurs sont un peu couillons de ne pas l’avoir compris plus tôt. J’imagine Rémo Gary en amplifié, avec une batterie pour scander la poésie de ses mots et une Fender pour plus encore amplifier sa colère…
Il y a rapt de subventions, confusion des genres. Et aucun élu pour s’insurger.
Les termes « actuelles » et « amplifiées » cohabitent. Le premier est une vision ministérielle ; le second est davantage celui des acteurs du secteur qu’ils pratiquent au quotidien, se foutant bien de savoir ou non ce que le ministère entend pour « musiques actuelles ». Eux ne l’entendent pas de cette oreille et font la loi, la leur. Et là, y’a pas de chanson qui vaille, si ce n’est inaudible et, quitte à faire, in english.
Pour que la chanson (dont la naissance, que je sache, remonte à bien plus longtemps que le premier microsillon, qui n’est donc pas actuelle mais de tous temps, donc éternelle) puisse à nouveau se faire entendre, pour qu’elle ait droit à un peu d’argent public, faut-il l’exclure des « musiques actuelles » ? Mine de rien, ce serait d’autant plus clair.
Dans le droit fil de ce propos, on relira le récent article de Claude Fèvre « Zèbre, rock n’roll attitude » ainsi que son reportage sur le B.I.S. 2012 à Nantes où ce même constat avait été fait : « B.I.S. / et là chanson dans tout ça ? »
Nous avons une SMAC à Nîmes et c’est exactement ce que tu dis, l’an dernier nous avons eu juste Catherine Ringer seulement !!
Dans ce fourre-tout, le jazz n’est pas tellement mieux servi, et si d’aventure, il vous viendrait à l’idée de chanter du jazz en français, mais en vrai français, la langue de Molière, de Rabelais ou de Victor Hugo, là vous êtes une exception culturelle tellement exceptionnelle que vous êtes à peu près comme le petit prince sur sa planète, seul au monde. Demandez à Elisabeth Caumont, ou Elise Caron, les étoiles solitaires en création permanente… Trop actuelles ? Vous me direz peut-être que ces cumulardes de l’exception exagèrent, combiner l’art mineur de la chanson à l’art marginal du jazz (si on en juge par son exposition médias) c’est l’union de Don Quichotte et Thomas More, mais l’utopie est aussi un chemin inexploré. Pas forcément inexplorable.
Et puis dans un monde conditionné par le code-barre de la distribution de masse, serait-il raisonnable de créer une catégorie pour 2 ou 3 aventurières de la vie artistique et de la scène vivante ?
Attention tout de même à certains clichés qui « m’électrisent » à la lecture de cet article! L’habit ( d’une chanson) ferait-il le moine?!
les musiques actuelles sont TOUTES les musiques hors musiques classiques, ni plus ni moins.
Qui peut le plus peut le moins, si une smac accueille un quartet pop électrifié, il peut accueillir un quartet acoustique. Si elle ne le fait pas c est qu elle sait que il n y a pas assez de » clients » pour çe style, pas assez de remplissage.
Par ailleurs les programmateurs délaissent la chanson parce qu ils ont besoin de com et que les radios n en passent pratiquement plus . Ils programment çe qui marche à la radio!
La chanson de paroles a toujours été dans l’air du temps quelle que soit la musique qui l’accompagne , mais quand elle est compréhensible, elle devient subversive, et donc dangereuse pour l’autorité établie , d’où sa marginalisation .
Bon, bon, bon depuis quand les salles municipales s’appellent des SMAC(s) ?! Pour moi, ce terme de « musique actuelle » n’existait que pour les « prix » tu vois parce que pour les récompenses nous sommes obligés de tout classer par catégorie ! Je ne savais pas que les salles se devaient de respecter ce genre de chose. C’est quoi ce bin’z ? Plus de liberté dans la musique, chacun est libre de faire comme bon l’entende naméoooo !! Avec ou sans électro, je le précise, dans les deux sens !! Je ne comprend pas si on fait un « classement » alors soyez logique. C’est comme dans le cinéma les films d’animation sont toujours dans « film pour enfants » même si il y en a pour adultes. Bien sûr que la musique, toute la musique quelle qu’elle soit, a le droit d’exister !!! Il faut évoluer avec son temps mais pas dans le mauvais sens. privilégier certaines pour d’autres ah ça non, non, non et NON ! (oui bon je me fâche ! J’arrête mais quand même !). La musique c’est la musique !!!
dans le dictionnaire :
actuel : Adjectif masculin singulier
contemporain
existant effectivement… (!)
Merci, Petite Marie, pour cette réaction pleine de fraicheur et de spontanéité. Et croisons les doigts pour que, grâce à la chanson, dans dix mille ans de ça, on se retrouve à l’abri, sous un ciel aussi joli que des milliers de roses…
@ petite marie.
c’est pas un bin’z comme vous dites.Il y’a des appellations de salles parce qu’elles n’ont pas toutes les mêmes structures juridiques et le même fonctionnement administratif.
Les scènes de musiques actuelles sont des associations reconnues comme SMAC par le ministère et bénéficient d’aides , il y’a les théâtres de ville gérés par les municipalités , et puis les scènes nationales , par l’état, et puis d’autres encore, les fondations, centres culturels…etc
Et il faut cesser de penser que le ministère de la culture ne sert à rien et ne s’occupe de rien, les prochains élus vont finir par le supprimer!
je voudrais dire aussi que si la chanson française se porte mal, c’est un fait, c’est parce que le public n’en n’achète pas, donc les salles n’en programment pas et donc les radios n’en diffusent pas.
cessez d’adorer les candidats des tv crochets et on verra Jean Guidoni à La TV à la place de Julien Doré!
Lorsqu’un artiste a du succès c’est parce que le public est là pour lui, c’est le public qui fait tout!
pour avoir vu les 2 récemment, je n’ai pas envie qu’on déprogramme Doré pour Guidoni
isabelle dhordain ,
On pourrait aussi faire le raisonnement à l’envers, si les gens n’achètent pas la chanson française, c’est parce qu’elle n’est pas assez programmée dans les salles et promue dans les médias .
Peut-être bien, Isabelle, mais c’est tout de même un cercle vertueux, ou vicieux, selon l’angle adopté… Comment diantre le public (mais y a-t’il seulement UN public ?) pourrait-il découvrir, et à plus forte raison acheter, les albums d’artistes qu’on ne lui permet justement pas de découvrir ? D’ou l’importance évidente des petites salles à la programmation audacieuse, des médiathèques foyers de découvertes ou d’émissions incontournables comme le Pont des Artistes, à laquelle je me permets d’adresser un petit hommage ému…
La chanson est un art très ancien. Les hommes ont toujours chanté. La chanson, c’est aussi comme le pain : on ne peut pas longtemps s’en passer comme disait Félix Leclerc.
Habillez de musique moderne une vieille chanson et elle deviendra à la mode.
Etant donné mon grand âge et mon long passé de provincial dans une ville moyenne (Roanne 50 000 H) j’ai découvert des artistes comme Catherine Ribeiro+Alpes, Colette Magny, Juliette, Jacques Yvart, François Béranger, Elisabeth Caumont, Thiéfaine, Charlélie Couture, Richard Desjardins, Zachary Richard, Xavier Lacouture, pour ne citer que ceux-là, par la radio, et des gens de radio comme José Artur, Lancelot, Foulquier, Isabelle Dhordain -j’ai mis des plus anciens aux plus jeunes par ordre d’apparition sur les ondes- en un temps où la chanson était reconnue comme un art populaire majeur. Dans ces années là, on pouvait entendre du jazz dans la journée, et pas à la nuit tombée, et puis, la télé avait Denise Glaser, autres temps bien révolus quand on nous fait des fêtes de la chanson avec des tubes archi-rabâchés dont on ne passe même pas l’intégralité… On est aussi dans une logique commerciale plus ou moins larvée, un album autoproduit, quelles que soient ses qualités, y a pas grand monde pour l’écouter. Même après minuit.. Je ne sais pas s’il y a une solution, mais la tendance lourde des salles qui misent de plus en plus sur le bar, que sur la scène pour remplir le tiroir-caisse ne me rassure pas…
Comme d’ailleurs l’anglomanie galopante qui consiste à angliciser à tout crin, Y a du live, c’est du live, tout en live, on part en live, même sur French Inter, et moi je pars en ballade ailleurs… Même pour écouter Léonard Cohen ou Aléla Diane, ou Keith Jarrett…
Tous les amoureux de la bonne chanson regrettent Le Pont des Artistes , souvent en différé, parce que, justement, le samedi soir, on va voir les artistes sur scène, autant que possible ! Et là, ça fait plusieurs jours de suite que j’entends Nagui interviewer en anglais des chanteurs de la même langue , et toutes les émissions musicales ont des titres anglais …Quand on aime à ce point la chanson anglo-saxonne, autant écouter carrément la BBC !
Ce n’est pas une question d’électricité ni d’électronique. Les musiques actuelles ça veut évidemment dire: les musiques à la mode, celles dont on parle, celles qui se vendent bien, celles qu’on entend. Si demain l’engouement du public jeune revient à l’acoustique, soyez sûrs que la chanson fera partie des « musiques actuelles ». C’est d’ailleurs déjà le cas ne serait-ce qu’avec Camille ou Vincent Delerm. Parler de « musiques actuelles » est un euphémisme, cela veut dire surtout « musique faite par des jeunes pour des jeunes ». On programme et on aide ce qui a déjà du succès et qui est dans l’air du temps. Pour moi l’action culturelle publique est dévoyée depuis longtemps puisque son rôle ne se borne plus qu’à donner une aide publique à ce qui marche déjà dans le privé.
En même temps, si c’est Philippe Séranne qu’il faut soutenir avec des fonds publics, ça fait un peu peur…
Avouons, c’est un petit air frais qui souffle sur NosEnchanteurs aujourd’hui…c’est bon, tout de même cette discussion même si les arguments partent un peu dans tous les sens… on devine de la passion, du goût, de l’amour (allez osons !) pour la Chanson. Et puis, lire Isabelle Dhordain parmi nos commentateurs, c’est un précieux viatique pour la petite équipe dont je suis. Alors, voilà…je pense avoir dans certaines chroniques que Michel mentionne déjà mis ma touche… Hier soir je suis allée écouter au Bijou Entre2Caisses dans les textes d’Allain Leprest…tout en acoustique, c’est un vrai bonheur et la Chanson ainsi portée a de beaux jours encore devant elle. Ce matin sur France Inter, dans ma voiture en route pour mon atelier d’écriture hebdomadaire, c’est Christine (vous savez, « and the Queens « !) …cette fille, elle m’a vraiment séduite dès que je l’ai vue à la télé …et son album « Chaleur humaine » avec plein, plein d’accompagnement électro me plaît
beaucoup ! N’aurait-elle pas droit au classement dans la rubrique chanson ? … Et Catherine Ringer avec « Plaza Francia » en aventure sur les terres du tango argentin, on en fait quoi ?
Franchement ces classifications françaises sont absurdes. Il faut se battre en effet pour que la Chanson accède au statut de Musique Actuelle, ce qu’elle est de fait !
Suite… Oh, là, là… c’est vrai que le sujet est de taille !
Mais finalement la meilleure réponse est là :
mes 4 dernières chroniques ont été consacrées successivement à Zèbre (illustration du propos), Eric Lareine, Commando Nougaro et Emilie Cadiou…est-ce assez pour dire qu ‘en ce qui me concerne la position est claire?
je suis d’accord avec vous tous!
la radio ne fait plus son boulot, et il y a beaucoup de victimes!
le ministère ne s’occupe plus des quotas, le CSA non plus, et les jeunes français préfèrent écrire en anglais ou se présenter à la nouvelle star pour réussir. Ils sont surs d’avoir des moyens marketing sans se rendre compte que ça ne va pas durer.
Moi, je me suis bien amusée et j’estime avoir fait mon boulot.
pas seulement sur la chansons mais sur la musique et les musiciens aussi. L’extraordinaire accordéoniste Daniel Mille, le jeune guitariste Yann Péchin, jeune à l’époque, il a fini par accompagner Bashung. Il y’a des talents extras dans ce pays.
France Inter était l’exception culturelle en matière de musique.
Maintenant c’est « vu à la TV »…lamentable!
bises à tous et merci pour la sympathie au pont des artistes. Il me manque à moi aussi!
Entièrement d’accord avec Danièle Sala : les gens ne peuvent pas acheter de la chanson française car ils ne la connaissent pas puisqu’elle n’est programmée presque nulle part. Ici dans les bouches du rhône ns avons la chance d’avoir la MJC de Venelles qui nous donne une fois par mois une soirée chanson de qualité. Et Théatre et Chansons à Aix … et puis ? ma foi je ne sais pas ! Je sais par expérience que lorsqu’on fait écouter de belles chansons aux gens ils aiment …. Ns faisions des soirées chansons dans notre camping car quand mon mari était encore là … et tout le monde était content ! Nous de faire découvrir les chanteurs que ns aimions de Claire à Piton, en passant par Forcioli, Corringe … etc et nos amis de découvrir autre chose que ce qu’ils avaient l’habitude d’entendre …
L’exclure des musiques actuelles ? S’en dégager sans aucun doute.
Et si notre Chanson avait d’avantage à voir avec le Théâtre ?
par la prééminence du texte et de l’interprétation.
Assumons sa dimension poétique organique.
« La chanson est un élan du cœur » disait J-R Caussimon.
Quelque directeurs ont montré le chemin.
Jean-Michel Ribes l’a très bien senti > François Morel.
‘Michel Hermont chante Piaf’ a tourné plusieurs saisons.
Jean Guidoni y fut et y reste programmé, Barbara, Gréco + celles et ceux qui ne me viennent pas à l’esprit.
Quelques personnalités comme Christine Hudin et Pascal Martinet qui ont inventé ‘Les Lundis de la Chanson’ au XXe Théâtre, etc.
Et tout récemment, Olivier Poubelle, le fondateur-directeur d’Astérios, qui prend la gérance du théâtre des Bouffes du Nord.
Les théâtres, du plus petit au plus grand, comme écrins adaptés à ce qui nous préoccupe.
Sachons faire ami-ami leur direct rices-teurs.
Inventons ‘Le mois de la Chanson’.
Chaque théâtre choisira son mois, (ou sa semaine)ou son jour dans la mois,
« Nos EnChanteurs » fournissant le catalogue.
« Nous étions combien ?
Ca ira ».
Finalement ce débat est vieux comme le disque… On croirait relire des arguments des années 60 quand St Germain des Prés fustigeait les yés-yés… On croirait retrouver les arguments de la chanson anar des années 70 qui s’insurgea de la montée de la pop ou du rock « commercial »… La chanson a quelque chose d’intemporel qui est en décalage avec les logiques de l’industrie, qui elle, a toujours besoin de nouveautés, de naissances ou de re-naissances pour se développer…
Je préfère regarder le paysage musical sous l’angle de l’artisanat et de l’industrie en m’attachant à comprendre les moyens de production. Comme dans l’alimentation, il y a de l’industrie formidable (la Danette c’est de la daube en pot mais qu’est ce que c’est bon!!) et de l’artisanat sans intérêt.
Christine and the queens est l’exemple parfait d »une artiste partie de l’auto-prod, novatrice, qui aujourd’hui intègre le monde de l’industrie, à l’instar d’un stromae. Le monde est beaucoup moins clivé je pense que ce que peuvent laisser croire certains commentaires ici…
Mais pitié, je n’en peux plus de lire des commentaires qui disent que c’était mieux avant!!!!…… Avant quand avant quoi????
Avant qu’on soit vieux ? Là est la question … Bon sérieux, sur le plan radio, pour les vieux provinciaux devenus parigots sur le tard, le déficit est très important, tant sur le plan nombre de chansons, d’émissions que sur les choix d’artistes… De ma province forézienne, j’ai souvent découvert des artistes qui ne passeraient pas aujourd’hui, selon les propos de quelques programmateurs de France Inter…
« Mais pitié, je n’en peux plus de lire des commentaires qui disent que c’était mieux avant!!!!…… Avant quand avant quoi???? »
+1
avant que tous les spectacles de province ou presque ne soient financés par le contribuable?
Merci à vous Isabelle Dhordain pour ces si beaux moments passés avec vous ; ne pensez pas que nous vous avons oubliée ! Et d’accord aussi pour qualifier Daniel Mille d’ »extraordinaire » car, grâce à lui, j’ai aimé l’accordéon !
Bonjour à chacunE.
Il en va de la chanson comme il en va pour tous les sujets et pour tous les objets à l’heure actuelle : la question qui vaille est celle de la possibilité de survivre dans une société qu’une oligarchie nous impose comme devant aller vite, sans repos pour l’esprit, économiquement rentable à court terme et de plus en plus compliquée à questionner (alors que la vie devrait être d’une simplicité biblique).
Et il me semble -comme à tant d’autres (heureusement !), mais de façon atomisée (mâle heureux se ment !)- que l’une des réponses possibles est, justement, la possibilité de se décaler de quelques degrés -afin se dégager de cette course à la sur-consommation- pour aller paître tranquillement dans les prés, au beau milieu des vaches, et regarder passer tous ces TGV qui foncent vers la mort (cette phrase est beaucoup trop longue, mais tant pis, elle fait partie intégrante de ma liberté d’expression !).
Toute cette logorrhée ( j’en conviens volontiers) pour exprimer le fait que je suis assez d’accord avec la vision de Philippe Séranne : c’est aux pouvoirs publics d’assumer leurs responsabilités et de donner les moyens à chacunE de pouvoir exister, dans une vision « équilibrée » des choses.
Sinon, il s’agit juste de libéralisme échevelé et de « struggle for life ».
Pourquoi donc met-on à la tête de médias publics des « commerciaux » (je me suis toujours méfié des adjectifs qualificatifs qui deviennent des substantifs) ?
Tout simplement parce que (se) vendre est devenu le seul filtre à travers lequel on doive passer pour avoir le droit de légitimer son « existence-m’aime » : même à Pôle Emploi, on organise des sessions où le chômeur doit apprendre à se vendre !
Cela fait des lustres (et ce fut loin d’être une idée lumineuse) que l’on a mis à la tête des filières du disque des directeurs artistiques fraîchement émoulus des grandes écoles de commerce : ce fut donc le début de la mort du disque, puisque cette première ligne de sélection devint le lieu de prédilection de ces mecs qui vendirent de la musique et de la chanson comme on vend des chaussettes.
Et malgré les piteux résultats de ces chasseurs de frime, la marée noire s’est peu à peu répandue dans les autres sphères de la « sauce y était »…
Bref, la médiocrité de la médiacratie a bientôt gagné les derniers bastions de la liberté d’expression et de la diversité culturelle pour ne laisser vivoter que quelques réserves d’indiens.
Mais (et c’est là la bonne nouvelle de la journée), ces bastions (encore) imprenables sont comme les braises d’un feu que l’on n’a pas su éteindre complètement : il suffit qu’une seule personne -qui ne manque pas d’air- vienne souffler dessus pour qu’une petite flamme puisse renaître, dans l’espoir (qui sait ?) d’un grand brasier à venir…
Mais, dans la tente, c’est vrai que ça fait sérieusement chier que les SMACs et autres lieux dont c’est le boulot -et qui reçoivent de la thune publique pour ça- ne fassent pas leur taf => y a basta !
Finalement ce débat est vieux comme le disque… On croirait relire des arguments des années 60 quand St Germain des Prés fustigeait les yés-yés… On croirait retrouver les arguments de la chanson anar des années 70 qui s’insurgea de la montée de la pop ou du rock « commercial »…
laissez moi rajouter que cette vision clivante, illustrée par cet article, est pour moi un facteur premier de l’errance dans laquelle tombe la chanson de parole, lorsqu’on aborde le chapitre de la diffusion.
il est clair que les SMAC ne sont pas construites pour accueillir la chanson, ni même le jazz..
alors pourquoi critiquer stérilement ?
de nombreuses associations « spécialisées » travaillent de paire avec les SMAC. tout le monde y retrouve son compte. les SMAC sont libérées du fardeau chanson/jazz. les assoc gardent leur indépendance de programmation et des lieux plus adaptés à leur pratiques..
critiquer n’a jamais fait avancer le navire
Pardon d’insister : la définition ministérielle des musiques actuelles inclue la Chanson. Ce n’est donc nullement une critique stérile. Et les subventions – chansons inclue – vont vers les SMACS. Or on sait que les SMACS, dans la réalité, ignorent quasi toutes la chanson. Ce n’est nullement une critique mais un constat. Maintenant, Gérald, faites avancer le navire.
Gildas, ton intervention à 2h du matin , enfin presque … résonne bien à mes oreilles … et puis, Franck ta logorrhée propose une analyse pertinente… je me régale, tout simplement, à vous lire et à sentir finalement que grâce à chacun de vous/de nous, la Chanson a de solides défenseurs. Pour l’équipe de NosEnchanteurs, ces moments d’échange sont précieux. Ils viennent donner du sens à ce que nous vous proposons…c’est peu et c’est beaucoup, un quotidien de la Chanson qui ne fait pas de différence entre les lieux et festivals prestigieux et la petite salle « en campagne ». Pas plus tard que ce soir et demain, je serai dans un de ces endroits improbables, à 1 h de notre métropole régionale, Toulouse. Coûte que coûte, une dizaine de personnes proposent des rendez-vous avec la chanson. Je vous en parle très vite ! Mais soyez bien persuadés, chers lecteurs, que nous avons besoin de la manifestation de votre présence… une chronique qui reste sans commentaire, c’est triste parfois… et ça pourrait nous faire renoncer à notre engagement. Alors simplement merci d’être là ! Bon, c’est un peu hors sujet, mais j’avais simplement envie de vous le dire…
décidemment vous ne souhaitez pas comprendre…
la définition ministérielle ne correspond à rien de concret, comme souvent en matière de culture. S’en prévaloir est alors un peu puéril.
Savez vous que de nombreuses SMAC sont construites depuis belle lurette. Pour autant ces structures ont été pensées, dès l’origine, exclusivement pour l’accueil des musiques amplifiées. Il est souvent juste impossible d’y envisager un concert avec public assis.
réclamer d’integrer ces SMAC au titre de la chanson ou du jazz est au choix soit iréaliste, soit suicidaire, peut-être même les deux.
Il est bien plus profitable de travailler avec elles, envisager des partenariats.
Ce qui se fait dans plus d’une ville
et voilà qui fait avancer le navire concrètement
Ce que je cherche à vous dire, Gérald, c’est que de la classification ministérielle que dépendent les subventions : celles de l’Etat éventuellement (par les DRACs), mais aussi celles des Régions et autres collectivités territoriales, dont les villes. Quand vous allez voir les financeurs pour quémander quelques subsides pour la chanson, on vous répond qu’on a déjà donné. Et c’est souvent vrai ; ça a été donné dans le cadre du chapitre « musiques actuelles » (où il y a la Chanson dedans !). Dont les principaux acteurs (je pense aux SMACs) se foutent et contrefoutent de la chanson, sauf si elle amplifiée un max et qu’elle remplit la salle, qu’elle est de mode et, bien souvent, qu’elle s’exprime en anglais. C’est quasi impossible de discuter avec ces acteurs-là, que je respecte certes, mais qui ont pour la plupart un très grand mépris allié à une très grande méconnaissance de la chanson. Je ne relate que ce que nous constatons tous, en tant que public ou que praticiens.
il est encore heureux que le subventionneur, et les deniers qu’il distribue, collectés sur le dos de tous, soient répartis en fonction des intérêts de la population, et qu’ils intègrent une re-distribution la plus juste possible quand aux populations potentiellement utilisatrices et consommatrices.
alors un peu de réalisme, la chanson de parole doit se regarder en face, et voir son public de têtes blanches se raréfiant chaque jour.
le subventionneur pour autant remplit globalement son rôle, nombres de lieux dédiés à cette chanson bénéficient d’aides publiques, malgré des soirées qui peinent à remplir quelques dizaines de personnes, on ne citera pas de noms par élégance.
simplement les aides sont à la mesure de ces lieux et de son public, c’est à dire très limitées.
rien que de très normal donc dans le fonctionnement actuel.
et vous ne m’ ôterez pas de la tête l’idée suivante: ressasser une jalousie mal placée vis à vis de formes musicales plus contemporaines, plus diffusées, ne fait que renforcer et identifier l’image désuète et vieillotte de la chanson de parole. ce qui est pour moi le meilleur moyen d’en détourner de plus jeunes générations, et donc la voie la plus sûre pour la marginaliser encore plus, s’il en était besoin.
plus de marginalisation, soit très logiquement moins de subventions…
A trop caricaturer on en devient ridicule. L’argent public n’est pas là pour conforter un bizness qui se porte bien mais bien pour soutenir l’expression artistique qui en a besoin. Si les pouvoirs publics ne soutenaient pas l’opéra, il n’y aurait plus d’opéra : plus du tout ! Si la Comédie française et les CDN n’étaient pas fortement subventionnés, nous n’aurions plus que le théâtre de boulevard. Si les musées publics n’achetaient pas des œuvres, le marché de l’art s’effondrerait…
La Chanson est, de toutes les formes d’expressions artistiques la plus belle des exceptions culturelles françaises. L’Etat a le devoir de la soutenir.
Votre méconnaissance est telle qu’elle frise le total mépris.
Dans les rares endroits où la chanson est subventionnée (le Théâtre Antoine-Vitez à Ivry-sur-Seine, le Train-Théâtre à Portes-lès-Valence…), là où des actions fortes sont menées sur la Chanson, (bien souvent par des associations aussi dynamiques que désargentées), la chanson se porte très bien et le public est de tous les âges, qui plus est facteur de lien social et intergénérationnel comme peu d’autres musiques peuvent s’en prévaloir. Et la production Chanson n’a jamais été aussi importante que maintenant : croyez-vous que les disques de chanson que je reçois chaque jour dans ma boite aux lettres soient tous d’artistes en âge d’être retraités ? Que nenni, ils sont archi majoritairement de jeunes ! Des jeunes qui font, comme vous le dites, de la « Chanson de parole ». Mais une telle expression, sous votre plume, dans votre bouche, j’ai peur que ce soit un signe d’infamie, de définitive condamnation.
Avouez que vos « si… », « il faut que … » et autres « yaka… » relèvent de châteaux en Espagne.
Vous illustrez parfaitement mon propos, et l’observateur remarquera qu’il n’est pas étonnant qu’avec de tels propos, les portes se referment.
Ce qui est somme toute bien dommage, car contrairement à vos affirmations, et pour ne reprendre que celle ci, j’adore la chanson de parole.
On peut se demander si le problème de ce Monsieur Séranne est géographique? Les SMACS au départ, c’est la décision de valider un financement public pour les musiques populaires nouvelles (en 1998, le RAP en l’occurrence) en vue de leur permettre de se développer (locaux de répèt, diffusion, formation, coproduction), mais aussi avec une arrière pensée de lien social. Donc on donne 1. à ces nouveaux artistes des moyens de développer leur art et 2. à ces nouveaux publics des salles qui vont pouvoir programmer (et payer) des styles de musique plutôt inhabituels (voire rebutant pour le ‘grand public’). Bref une volonté de valider comme officiellement « culturels » des styles comme le rap ou l’electro. EVIDEMMENT, sur le papier, ça a englobé le rock, metal, et les fusions de différents genres (world/funk – chanson/rock – electro/rock), et donc, la CHANSON. Mais en réalité, on parle bien de styles de musique avec un son globalement moderne.
Donc, pour répondre à l’intitulé, NON la chanson n’est pas une musique actuelle. Si on définit la chanson comme : une forme musicale ancestrale simple caractérisée par une prépondérance d’un texte poétique alambiqué sur un style musical peu défini (bossa, valse, rock, reggae, rap) BREF : le style n’a pas d’importance, c’est le texte qui compte (d’où l’extension et appellation « variété »).
Pour être une musique actuelle, il faut utiliser UN style musical principal défini (pas 36) et le remodeler avec des instruments ou effets modernes (ou futuristes). Le son doit être moderne, donc fort, electronisé (ou tout du moins, traité), généralement répétitif (mais pas + qu’une bossa), et plutôt mineur. Si on n’entend pas le texte, c’est pas la fin du monde.
Du coup si Mr Séranne était programmé en Smac, je ne suis pas sûr qu’il apprécierait le voyage.
Donc sa vraie question c’est : où sont les lieux de diffusion subventionnés pour la chanson ?? Et bien il
y a des MJC, des centres culturels, des théâtres. Et là se pose le problème de la jauge. Ce que Mr Séranne voudrait ce sont des salles chansons de 100-200 places. Pas un théâtre de 500 qu’il ne remplira pas !
Et c’est vrai qu’en y mettant des chaises, les Smacs seraient parfaites. Mais les Smacs c’est debout, fort, on boit, on parle, on saute.
Donc ce que Mr Séranne voudrait ce sont des MJC spécifiquement prévues pour de la diffusion chanson (et pas de la poterie ou de l’aikido). Des Smacs Chanson quoi. On peut supposer que c’est pas au programme de Mr Hollande ni de son successeur.
Par contre sur le terrain, mais peut-être pas à Marseille, on voit bien que ceux à qui la chanson manque trouvent des solutions : ils ouvrent des nouveaux lieux ! Privés donc (chez eux même !) ou associatifs, non subventionnés, mais actifs. Tout comme dans les années 90, des assos organisaient des concerts RAP pour un public qui n’avait pas de lieu.
Tout va bien alors ?
Le top serait qu’un jour les Smacs discutent avec les théâtres et centres culturels et organisent des projets en commun, notamment pour le développement artistique. Ca arrive mais c’est rare, fossé culturel, fossé de génération ? Des geeks avant-gardistes contre des ayatollahs de la chanson ? Pas de rap en centre culturel et pas de chanson en smac. On verra bien. Peut-être que dans 10 ans, il n’y aura plus de subvention du tout et que tous les concerts auront lieu sur internet. Mr Séranne n’aura plus qu’à s’acheter une webcam.
Michel Kemper a raison dans son dernier post.
Bon, Laffaille n a pas raison, le ministère donne des subventions à des chanteurs de tous les âges. Après qu’on fasse du jeunisme, c’est vrai, c’est même pour ça que j’ai été virée, le pont sonnait trop vieux d’après cet abruti de Varrod.
Mais tout ça est subjectif, j’ai beaucoup aimé Christine and the queens quand elle est venue au pont. Maintenant j’en ai ras le bol ! La chanson française s’est arrêtée là et ça me gave comme Stromae et Fauve. Ras le bol des médias incultes.
Christine, elle, a tout pompé sur Camille et Diterzi, et on verra le prochain album dans deux ou trois ans, c’est pas gagné sur la longueur. C’est pas Souchon, Voulzy, qui vont nous gaver très vite aussi parce que ça fait quarante ans qu’ils font la même chanson. Allez bises à tous.
Eh oui, je crois que vous avez raison, Isabelle : Souchon/Voulzy font la même chanson depuis quarante ans. C’est sans doute vrai. Bon, j’aime cette chanson, qui laboure sans cesse le même sillon et en tire des perles, parmi les plus belles de la chanson, comme Foule sentimentale, Le bagad de Lann-Bihoué, Et si en plus y’a personne, etc. Mais c’est toujours le même thème qui est exploré, toujours remis sur l’établi. Je dit « j’aime » mais c’est sans impatience que j’attends le premier disque commun entre les deux, chansons partagées : j’ai l’impression qu’il ne nous apportera rien, sinon en retrait. j’ai presque envie de totalement l’éviter.
Houla, Isabelle, toucher aux Souchy/Voulzon, mais c’est de l’inconscience, nos Enlecteurs vont se déchaîner..! Bon, mais je suis heureux de ce petit coup de griffe stromaien et fauviste, d’autant que je me suis mis la moitié de mes amis à dos en maintenant que Fauve était dans une posture intellectuelle à deux doigts de la fumisterie…
Voyons Patrick ! si on lit attentivement » c’est pas Souchon, Voulzy qui vont nous gaver … » même si ils font la même chanson depuis 40 ans, elle est belle leur chanson !
Ben, c’est simple, ça fait quarante ans que Souchon-Voulzy font la même chanson, et ça fait sans doute bientôt quarante ans (Quand on n’aime on ne compte pas) que je guette leurs disques…
Cela dit… hier j’ai découvert un tout nouveau groupe Chanson (dont je parlerai sûrement un jour plus longuement ) sur une scène ouverte… on a fini debout, dansant comme de beaux diables ! Et c’était délicieux ! Du coup je ne comprends plus rien :
Prémisse 1 Les musiques actuelles s’écoutent debout
Prémisse 2 La chanson s’écoute assis
Déduction : la chanson n’est pas une musique actuelle … Ah bon ???
Souchon Voulzy font la mme chanson depuis 40 ans????? Et alors où est le problème.????????
Brel, Brassens, Ferré, Barbara ont en leur temps dépassé ce record…
Ca veut dire quoi « faire la même chanson »???????
C’est la même chose pour les écrivains, ce qu’on dit aussi de Modiano, qui vient d’avoir le Nobel, il fait » le même livre » depuis ses débuts.. Et il n’est pas le seul …
hohohoho ! Ne criez pas ! J’adore Souchon et Voulzy !!
Je dis juste que on se lasse lorsque les médias ne nous passent qu’une seule chanson pendant des semaines et des semaines et qu il n’y a plus de places pour les autres ! Pourtant il y a des super chansons qui sortent tous les jours !!! mais on ne les entendra pas parce que la place est donnée tout le temps aux mêmes ! C’est tout.
Ni à la radio, encore moins sous Varrod/Manoukian, ni à la télé, ni dans les SMAC, ni trop ailleurs. C’est assez désespérant. Si vous aviez, tous, les trésors que je reçois parfois, souvent, dans la boite aux lettres. Mais comme je suis partageux, j’en parle souvent
Eh oui, on nous matraque de tubes jusqu’à l’indigestion alors qu’il y a tant à découvrir. Heureusement qu’on a NosEnchanteurs !
Mais comme elle a raison I. Dordhain ! Une chanson, aussi belle soit-elle, on s’en lasse très vite quand on l’entend sans cesse partout où on va… Et si ces chers responsables de la musique sur les radios nous mettaient des Leprest, Didier, Claire, Gary, Forcioli et autres autant qu’ils nous bassinent avec leurs promos, les gens aimeraient …. mais on ne les entend jamais et il n’y a que quelques uns qui ont la chance ( le courage ?) d’aller chercher ailleurs et qui les découvrent avec bonheur….Et bravo aux enchanteurs pour en parler ….
Je suis anglais qui habite en France depuis Août 2005 en retraite. J’ai toujours aimé La France et le français. J’ai tombé par hasard sur un documentaire de Jacques Brel et depuis je fais des recherches et études sur la chanson traditionnelle française. L’histoire des chanteurs/chanteuses, chacun son propre succès, les grands, les petits pour moi est un véritable trésor. Je suis le blog de Fred Hidalgo et je n’ai jamais rencontré tant de la musique, des chansons et des chanteurs qu’il ya en France. Aussi, je suis un poète et il ya de la poésie dans la chanson qui la rend plus de la vivacité. Cependant, je voudrais entendre/écouter les chansons français à la radio et pas anglais. Il faut protéger la langue française, la conserver. Je voudrais dire beaucoup de choses mais c »est tard! Vive la chanson. peut-être il faut retourner à Bernard Dimmy et pas le ministre!
Bienvenu à vous Bernard Lord et merci pour vos paroles ! Oui, préservons la langue française et refusons le » presque » tout anglais dans les radios … Et aussi le matraquage … même si une chanson est belle l’entendre sans arrêt la rend indigeste ! Mais je suis sceptique : nos bons responsables musique-chansons des radios lisent-ils » nos enchanteurs » ? je doute !
Je ne souhaite pas polémiquer mais si « le ministère donne des subventions à des chanteurs de tous les âges » il faudrait préciser lesquels. L’Adami oui c’est vrai et je peux en témoigner, la Spédidam et la Sacem aussi.
salut à tous,
J’arrive un peu tard dans cette discussion, vous serez donc surement peu nombreux à me lire mais venant pour ma part de lire cet échange très fourni, il m’importe d’apporter quelques précisions.
Tout d’abord merci Michel de relayer cet appel (dont j’ai certes été le promoteur, mais que nous avons rédigé à plusieurs et qui est signé par plus de 40 professionnels et militants de la cause en paca) qui date déjà de février dernier et qui a depuis connu des avancées importantes, mais très ambivalentes, avec le principal acteur public des musiques actuelles en Paca, la Région. La présidente de la commission culture de la Région, Mme Aicha Sif, a réuni à deux reprises en juin un groupe de travail chanson (comptes rendus dispos pour toute personne intéressée). Une parole collective s’est exprimée, qui a en effet proposé de travailler, pour la chanson, sur une politique distincte de celle des musiques actuelles. Les services qui étaient, de leur coté, sur le point de boucler la révision du plan régional musiques actuelles, ont hélas très mal réagi à cette initiative qui part d’un constat qu’ils récusent purement et simplement – la marginalisation de la chanson dans leurs politiques d’aides. C’est pourquoi nous demandons depuis le début un audit pour mettre les chiffres à plat et essayer déjà de se mettre d’accord sur ce dont on parle. Fin juin et une réunion de concertation organisée par les services, sans élus, s’est soldée par un étouffement pur et simple de nos propositions, c’est depuis le status quo entre d’un coté des services crispés sur leurs certitudes et de l’autre des élus qui essaient de faire avancer le dialogue sans parvenir à prendre la main – bref une situation technocratique juste banale et passablement révoltante au plan citoyen… mais une attention nouvelle, une visibilité nouvelle des acteurs chansons, à minima, semble en ressortir pour l’instant.
Ce qui est certain, c’est qu’un travail d’analyse approfondi sur l’effet des politiques publiques musiques actuelles sur la marginalisation de la chanson (que ce soit en paca où c’est caricatural ou partout ailleurs en France ou sur le fond la situation est semblable) manque aujourd’hui cruellement pour faire avancer le débat sur le problème de fond : l’argent public doit-il servir à accompagner le mouvement naturel de l’industrie musicale accéléré par internet et la sous culture globalisée, ou chercher à intervenir pour sauvegarder ce qu’il faut bien appeler aujourd’hui un patrimoine en danger ?
Au fait, argent public ou pas, je suis plein d’espoir pour la chanson ! Grace aussi à internet, les circuits courts sont en train de s’organiser, avec les memes effets pour la culture que pour l’agriculture : on neutralise la grande distribution, les consommateurs retrouvent le lien direct aux producteurs, les saveurs authentiques et non calibrées, et ils affluent. On a vingt ans de retard sur les paysans, on est infoutus de s’organiser collectivement, mais ca bouge. Je vous laisse avec ce que Philippe Forcioli m’a envoyé quand il a signé l’appel : « Il reste quelques passionnés, sans pouvoir ni finance, mais assoiffés de beau. Il faut accepter de traverser le désert pour leur donner à boire. »
Salut à vous, passionnés qui lisez et écrivez sur nos enchanteurs.
Philippe
ps- dans un juste retour au contribuable, si Jacques qui s’apeure à l’idée de me voir recevoir de l’argent public veut bien m’envoyer ses contacts sur philippe.seranne@gmail.com, je lui enverrai avec plaisir quelques extraits du projet musical pour lequel j’ai recu 10000€ des régions Rhone Alpes et Paca, sans parler des près de 200000€ apportés en 5 ans de lutte pour faire vivre FestiFai, un des rares festivals qui permet aux chanteurs solitaires de se mettre ensemble. Ni du café du peuple, qu’on a ouvert à Veynes, en paca, avec force soutiens publics pour, notamment, la chanson.
pps- mon site n’est pas seranne.overblog.fr (c’était mon blog avant d’etre aidé…) mais http://www.philippeseranne.com, ca fait trois fois que je le dis à Michel mais y radote un peu des fois!!!
S’il était un peu plus rock, on pourrait même dire qu’il Radote Chili Pepper…
Je ne suis pas encore intervenu dans ce débat que je découvre et dont je n’ai pu lire les commentaires qu’en diagonale. Mais il me semble qu’à vouloir tout dire on mélange tout.
La querelle des Anciens et de Modernes, c’est une chose ; qu’on ne soit pas, à vingt cinq ans, attiré par Souchon, c’est assez normal, mais il y a des tas de chanteurs de moins de trente ans auxquels les jeunes n’ont pas davantage accès.
Les classifications du type « musique actuelle » ne sont pas neutres. Etablies par les pouvoirs publics, elles sont définies par quelques diplômés en communication qui ne connaissent rien à la culture, mais sont très fort en marketing (on dit maintenant marchandisage, je crois, non ?) Les mots ont un sens. Lorsque l’on parle de musique on sait qu’on s’adresse à l’affect. La chanson c’est de la musique ET des paroles. Les paroles s’adressaient (avant d’être en anglais ou en yaourt) à l’intellect. La richesse de la chanson, c’est justement d’associer l’émotionnel et le rationnel. Mais le rationnel est dangereux pour les marchands qui gouvernent la planète. Plus question donc de parler de chanson : ça sent le souffre. Alors le meilleur de moyen de la diaboliser, c’est de la ridiculiser : c’est ringard. Et ça marche : j’en connais qui ont honte de prononcer le mot chanson.
Je ne sais pas quelle stratégie est la bonne : Faut-il intégrer les SMAC et réclamer sa part ? Faut-ils les ignorer et les contourner ? Je n’en sais rien, sinon je ferais de la politique. J’observe simplement que nous sommes devant une machine destructrice, venue de la globalisation et qu’elle a pour but le nivellement vers une masse consommatrice qui ne pense pas. Alors si là-dedans vous voyez un truc du genre « c’était mieux avant ! » et que ça vous dérange, c’est votre problème, mais quand on va dans le mur, il est bon parfois de ralentir et de changer de route.