Rencontres Télérama : scoop un jour, scoop toujours ! (2/2)
(la première partie de cet article, c’est ici)
Allons bon, Surya Bonaly et Florian Phillipot s’étant malencontreuse- ment désistés au tout dernier moment, vous allez devoir vous contenter de deux rencontres avec des artistes de seconde zone, mais que voulez-vous, quand on ne se contente pas de ce que l’on a, on a ce dont on se contente (proverbe maori de la fin du XVIIIème siècle).
La seconde partie de cette belle journée au Théâtre du Rond-Point débutera donc si vous le voulez-bien, chers petits amis (et si vous ne le voulez pas, vous savez ce que… non, rien !), débutera donc disais-je par ce superbe apophtegme de Robert Filliou lu sur un mur des toilettes du théâtre ou m’avait jeté l’appel irrépressible d’une nature impérieuse : L’Art est ce qui rend la vie plus intéressante que l’Art . Et voilà.
16h30, salle Jean Tardieu : Miossec, entretien dirigé par Valérie Lehoux, journaliste à Télérama et spécialiste de la chanson. Assis dans un premier temps presque timidement, l’air de se demander un peu ce qu’il fait là, notre Brestois préféré commence à répondre aux premières questions d’une voix réservée, presque inaudible… Nous aurons l’occasion de reparler de timidité un peu plus tard. Après 9 albums et 20 ans de carrière, le chanteur, 50 ans en décembre (eh oui) s’auto définit simplement comme un chansonnier posant sur le papier ce qui pollue la vie… Revenant sur l’influence de La Fossette, le premier album de Dominique A. (1993), il se félicite de n’avoir sorti son propre premier album qu’à 30 ans, ce qui d’après lui, tombait tout de même en plein crise d’adolescence. Tout cela en trouvant un bon milieu entre la variété et les grandes figures littéralement asphyxiantes de la chanson française. Evoquant certains professionnels de la profession présents dans la salle, il ne rate pas la mafia des maisons de disques, lesquelles précise-t-il, ne sont tout de même que des enfants de chœur à côté du monde de l’édition, souvenir de son passage fugace chez Gallim…, non, pas de nom, on va dire un célèbre éditeur sis rue Sébastien Bottin. Notons qu’à l’origine (il y a des précédents célèbres), Christophe Miossec n’envisageait nullement d’interpréter lui-même ses chansons. Il parle d’ailleurs avec une belle pudeur de la violence extrême qu’il y a à monter sur scène face à un public, et ce n’est que depuis 2/3 ans, entouré de musiciens complices, qu’il commence à y trouver plaisir. D’ailleurs, susurre-t-il avec élégance, en véritable Modiano de la chanson, chanteur, c’est un boulot de timide, c’est un moyen de tisser un lien vers les autres, la chanson comme une nécessité, un équilibre, une raison de vivre…Un petit point sur les quotas à la radio, auxquels il serait finalement plutôt favorable, tant chanter en anglais, c’est finalement une peur de se colleter sans masque à la réalité. D’ailleurs, en France, des mauvais chanteurs peuvent continuer à chanter et les très bons être obligés de la fermer. Evoquant la disparition de certains de ses proches, il convoque le souvenir d’Alain Bashung, dont la mort à laissé un manque irremplaçable et qui a su faire avancer plus que quiconque les choses et les rapports du public à la chanson. Décrivant l’antre qu’il s’est construit pour écrire tout au fond de son jardin, le Brestois décrit un métier basé sur l’insatisfaction, dans l’attente de LA chanson qui n’arrivera peut-être jamais… Un moment très touchant ensuite lorsqu’il parle de son rapport passé à l’alcool et décrit comme Arno, le nombre de concerts où on m’a cru bourré alors que je ne l’étais pas… Cependant, ajoute-t-il, les choses les plus naturelles à Brest ne le sont pas du tout à Paris, mais les sales réputations, ça peut aider ! Suit un petit clin d’œil à Sophie Calle et à Albin de la Simone qui sont de l’aventure de son nouvel album en préparation (du scoop, du scoop, vous disais-je !), ainsi qu’un appel à une future collaboration rêvée avec Christophe. L’appel est lancé ! Miossec, un chanteur qui fait sienne la devise Surtout ne pas avoir de regrets, avec une vraie liberté individuelle lui permettant de tenter des choses sans avoir à s’inquiéter si elles marcheront ou pas. Après l’avoir annoncé en concert au Trianon le 14 novembre, nous lui laisserons une dernière fois la parole : Ecrire une chanson fait partie de ma meilleure façon d’être sur Terre…
Histoire de vous frustrer un peu, je ne vous dirai mot des si beaux moments passés en la compagnie délicieuse de Riad Sattouf, dessinateur et réalisateur dont je ne saurais trop vous conseiller la fréquentation assidue, tant je sais que vous attendez toutes et tous l’ultime rencontre de la journée.
21h, salle Renaud-Barrault : Bernard Lavilliers, interrogé par Hugo Cassavetti, chef du service Musique à Télérama. Est-ce l’heure tardive, ou la fatigue induite par ce marathon culturel, toujours est-il que le (très) grand auditorium est un peu plus clairsemé que pour Isabelle Adjani. Peu importe, Lavilliers aura droit au public le plus attentif et le plus motivé. Fidèle au personnage, il fait son entrée, hâbleur et flamboyant, demandant d’emblée, mi-figue mi-raisin, qu’on ne le prenne pas pour un artiste de variétés ordinaire… La chanson, ajoute-t-il narquois, doit maintenir éveillé, même si ce n’est pas un vrai boulot, juste une occupation qui prend beaucoup de temps… Petit retour en arrière ensuite, avec l’évocation des débuts parisiens à la Pizza du Marais [devenue depuis le Théâtre des Déchargeurs, note de la rédaction], un endroit où l’on pouvait la même soirée voir sur scène les débuts de petits jeunes nommés Higelin, Renaud, Coluche, Romain Bouteille, et Lavilliers, donc… Putain d’affiche ! Une bande constituée à l’époque en réaction à la prédominance de la Rive gauche qui ne groovait pas beaucoup et sentait un peu la naphtaline… Hommage appuyé ensuite à l’influence de Doors et de Jim Morrison et au rock en général qui est avant tout une affaire d’attitude. Tant que nous sommes au chapitre purement musical, Nanar (bataille de puristes que de savoir si le « d » s’impose…) se dit heureux d’avoir contribué à son niveau à introduire un peu plus les musiques tropicales en France. Tout cela est bien beau, vous entends-je marmonner devant vos écrans, mais où sont les scoops fulgurants dont NosEnchanteurs aiment parfois faire la douce primeur à ses Enlecteurs bien-aimés et tout ébaubis de tant d’attentions ? Les voici, les voilà et ce, notez le bien, sans aucun supplément. Le sieur Lavilliers est en studio en ce moment même où vous lisez ces lignes, pour une relecture et un réenregistrement de ses plus grands titres, sous la bienveillante férule de Romain Humeau, du groupe Eiffel. Parmi ces reprises, Idées Noires en duo avec Catherine Ringer ou Les Barbares avec Oxmo Puccino. Bientôt sur scène aussi, a priori, scindant en deux les prochains concerts, la longue Prose du Transsibérien de Blaise Cendrars. Vous savez, le joli J’ai passé mon enfance dans les jardins de Babylone où ma mère, comme Madame Bovary, jouait les sonates de Beethoven… Sorry ? I beg your pardon ? Another scoop ? Soit. Sachez encore, gentils lecteurs, que mister Lavilliers vient de se mettre, sous la houlette d’un élève de Félicien Marceau, au noble art qu’est le mime et ce, en parallèle au Noble Art pugilistique auquel il sacrifia en sa folle jeunesse. C’est très sérieux (si) et puis ça permet d’imaginer le Fauve de l’Orénoque en collant blanc et justaucorps, ce qui, avouons-le, est assez plaisant… Autre scoop encore (décidément !), ce beau projet de collaboration avec des musiciens classiques, dont le Quatuor Ebène, musiciens qui sont souvent bien plus rock’n’roll dans leurs têtes que bien des rockers… Pas faux ! Dernier scoop étonnant avec cette chanson en création qui aura pour vocation d’expliquer la monnaie aux enfants… On est impatients de découvrir la chose. S’ensuivent quelques développements par le biais de différents poètes sur les notions liées de la poésie et du combat (par exemple chez Baudelaire, Villon ou René Char). La poésie et le combat ? Mon avis personnel, puisque vous ne le demandez pas : la poésie EST le combat. Et vlan !, comme dirais Boris. Petit retour ensuite sur ce concert homérique il y a fort peu à la Fête de l’Huma, laquelle est une extraordinaire fête populaire, mais aussi culturelle, puisque historiquement les communistes ont toujours été bien plus proches des milieux culturels que ne l’étaient, par exemple, les socialistes… Et puis, séquence émotion lorsque Lavilliers raconte avoir fait monter Léo Ferré sur la Grande Scène pour un de ses derniers concerts en 1992 : passant en clôture de la Fête juste après le discours rituel du Secrétaire Général du PCF, celui-ci avait déclaré, non sans panache « Nous les anarchistes n’avons pas besoin de secrétariat ! »
L’heure avance en cette belle fin de journée, l’ambiance se fait plus intimiste et voici qu’il nous sort de sa manche une ravissante petite guitare Martin d’un beau noir mat… Allez, Bernard, une chanson ! Ce sera deux. Tout d’abord, titre de circonstance, Guitar Song : Première guitare / Premiers mots / Premiers accords / et la vie d’un seul coup / a viré de bord… Et puis, un moment de grâce intemporelle, à la demande expresse, je l’avoue, de votre serviteur : une très belle version touchante au possible de Betty, ce qui explique le petit clin d’œil manuscrit qui vous est spécialement destiné ci-contre, chers Enlecteurs. Qui sait à présent ce que nous vous réserverons une autre fois…
Mais demain est un autre jour.
Il y a confusion entre Félicien Marceau romancier, dramaturge, académicien, et Marcel Marceau, créateur de Bip, mime mondialement connu.
Victor Hugo a mis un bonnet rouge au vieux dictionnaire, Patrick Engel a mis un collant blanc à un académicien, c’est assez plaisant !
Anathème sur moi, j’avais confondu avec Sophie Marceau…
Mais merci pour cette remarque judicieuse qui me montre qu’il existe au moins une personne qui nous lit avec attention. Pour tout cela et pour plus encore, merci Gilbert (Je peux vous appeler Gilbert ?)
Confondre le mime Marceau, et Sophie Marceau, je crains qu’il ne faille changer de lunettes..(et d’oreilles)
L’un(e) des deux chante, l’autre pas…
Si j’étais devant Sophie Marceau, je ne saurais quoi dire : je ferais parler mes mains !
Comme d’habitude deuxième partie aussi bien que la première. Mais ce qui a attiré mon attention c’est que, Michel, vous êtes un petit coquin : faire parler vos mains en présence de Sophie Marceau plutôt que la parole, alors là !!!! (mais je comprends moi même, si j’étais un homme ???)
Une précision : La Pizza du Marais est devenue le Théâtre des Blancs Manteaux…
Décidemment, vous êtes parfaits, chers Enlecteurs ! Voilà ce que c’est de courir les salles de concerts au point de les confondre parfois…
Private joke: c’est bien Emilie Marsh que nous avons applaudie lundi, et pas qu’elle, et non pas Emile Marx, le frère caché de l’autre… Allez, un coup de Mars, et ça répare…
Emilie Marsh et Mister Février dans la même soirée au Café de la Danse, il ne manquait que Jeanne Avril et Mathilda May…
Les deux manquantes ont été représentées avec bonheur par La Jeanne, et comme dit le proverbe « Jeanne en Avril fait ce qui lui plait, et en Mai aussi » et elle chante, allez un air pour se mettre en forme.. et pour que la vie soit belle..
Il ne faudrait pas que ces fâcheux hommes-aux-mimes fassent oublier la belle ambiance de ces rencontres, une version intimiste de Betty par Lavilliers, avec sa guitare Martin, de quoi faire rêver !
A propos de la Pizza du Marais, les artistes que vous citez ne passaient pas tous ensemble… Voyez mon livre : « la chanson de Paris » ici : http://www.aumage-editions.com/f/index.php?sp=liv&livre_id=22
Parole de Lavilliers ne serait donc point parole d’évangile..? Je n’ose le croire… Et oui, Danièle, force m’est d’avouer que ce moment rien que pour nous était tout de même assez magique…
Disons que les Higelin, Renaud, Bernard… passaient à la même période à la Pizza style 75-76-77, là où ils « sont sortis de la nuit »… Lavilliers a fait un raccourci…
Que d’assauts à fleurets mouchetés de connaissances et d’esprit ! C’est un plaisir de vous lire tous.
Des assauts à fleurets mouchetés, carrément, comme vous y allez, Marie-Françoise..! Et quand bien même, est-ce crime..?
Et pour quel châtiment ? dirait le marquis Fiodor de Sade… à moins que ..? Donatien Dosto… etc ?
Sinon, quel amateur éclairé de guitare pourrait me dire comment Lavilliers se débrouille pour trouver ce son vers 0’57, 0’58?? et à 2’36 ou 37… les grilles et tablatures que j’ai trouvées ne sont pas très cohérentes… Ou alors, c’est que j’ai pas assez de doigts … c’est bien possible …
Je crois que la réalité vient de me renvoyer dans les cordes, c’est pas le nombre de doigts, mais la longueur.. Donc je reformule, quelqu’un connait-il une méthode de guitare pour doigts à moitié nains?? ça m’arrangerait…
Petit point donc : il m’a été rapporté que d’aucuns, qui n’ont visiblement que ça à faire, se gaussaient à outrance sur certains rézosossiaux, de la dramatique coquille qui m’a fait écrire Félicien au lieu de Marcel Marceau dans cet article. Quelle affaire d’Etat, vraiment… Ce à quoi je répondrais :
1) Que quitte à faire un lapsus calami, je préfère que me soit venu sous la plume Félicien que Sophie, culturellement s’entend…
2) Que quitte à apporter une critique, il eut semblé plus élégant de le faire directement dans ces commentaires, plutôt que de s’épancher par ce biais détourné sur un mode fielleux et immature.
3) Que pour paraphraser (qui l’eut cru…) un certain Jacques C., ex-président déchu, et pour conclure avec une petite touche de poésie et d’élégance, tout ceci aurait finalement assez tendance à m’en toucher une sans faire bouger l’autre…
Pour avoir fait le ménage de pas mal de fâcheux sur ces fameux rézosociaux, je n’ai point pu voir de tels gaussements à outrance. Il y a des gens (j’ai les noms, comme tout le monde, dont les photos sont, tel dans le couloir du syndicat de la magistrature, punaisées sur le mur des cons) qui n’ont que ça à foutre, des paralysés du bulbe, fainéants de l’esprit, qui ont bloqué les compteurs sur NosEnchanteurs et y traquent la moindre coquille, la moindre fôte de frappe, la moindre minuscule gourance. Saluons tout de même ces fidèles lecteurs et rappelons-leur la souscription en cours : pour 35 euros frais de port inclus, ils auront, par 3 livres dans un luxueux coffret, une quintessence d’articles à décortiquer, à se gausser. C’est pas cher payé.
Ces attentions sont touchantes, voire émouvantes, c’est plutôt gratifiant non? Nous avons au moins 5 lecteurs assidus, remercions les, d’ailleurs, ne pourrait-on pas envisager de glisser dans chaque article un private joke à leur attention? Un truc juste assez vraisemblable, mais pas tout à fait juste .. Car comme dit le proverbe: « Les chiens boivent, et l’âcre à vanne lasse. » C’est pas Conk-Fuciux qu’a dit ça ? Il aurait pu, un soir de picole…