Carrousel, une affaire qui tourne comme une horloge… suisse !
Carrousel est un groupe formé de Sophie Burande et Léonard Cogniat. Ils écrivent à deux ou chacun de leur côté. Elle joue surtout de l’accordéon et lui surtout de la guitare. Ils chantent tous les deux, tour à tour ou ensemble dans la même chanson, et leurs voix sont aussi jolies que leurs personnes. Encore un couple à la ville comme à la scène, comme Alcaz, ou Lily Cros et Thierry Chazelle, ou encore Presque Oui à ses débuts (et contrairement aux Tit Nassels !). Eux vivent et tournent essentiellement en Suisse romande, mais pas que, et ils y ont une réputation méritée. Ils ont déjà deux CD à leur actif (Tandem en 2010 et En équilibre en 2012), un total de 28 titres d’une belle homogénéité d’invention. Leurs rythmes sont entrainants, et leurs mélodies ont un air de parenté avec celles des autres duos cités, comme si les chansons en couple avaient une sorte de marque musicale de fabrique reconnaissable !
Et comme eux, leur principal sujet d’inspiration est l’amour et la vie à deux, avec toutes les étapes, les emballements et les déceptions. Evidemment la rencontre est évoquée, avec l’angoisse rétroactive d’avoir pu s’ignorer (On s’est manqué)… Puis le projet commun qui se décide promptement (Dans ma tête, La grande traversée). Alors, place au quotidien qui impose à chacun des compromis pour sauvegarder l’essentiel (Les compromis, Gris-bleu) ou les apparences (On fait comme si). Et aussi les crises, le besoin pour chacun de son jardin secret (Jardin d’hiver), les séparations provisoires qui laissent l’autre dans l’incertitude (Reviendra ou Tuer le temps) ou l’insomnie (Les nuits blanches) avec ses colères rentrées (A l’intérieur) et ses doutes sur la viabilité de l’attelage (Autour de toi, Dis-moi encore). Mais les musiques, l’enthousiasme des tempos jugulent les angoisses, et l’assemblage est maintenu solidement et joyeusement : il se déplace en tandem du premier (titre de l’album) au second disque (titre de la chanson de clôture). De plus, ils ne font pas uniquement de l’introspection, ils évoquent Sergio Leone, l’amnésie, l’immigration (Welcome, en écho au film de Philippe Lioret) et la difficulté de vivre au milieu de la société (En équilibre, très belle chanson). Donc, malgré les réels problèmes effleurés, on quitte l’écoute de leurs disques tout ragaillardi, avec des fourmis dans les jambes et l’envie de danser sur leurs rythmes.
Rien d’étonnant à ce que leurs tournées rencontrent un accueil chaleureux : ils en ont même fait un DVD ! Et ils enregistrent un troisième disque. Mais déjà leurs deux premiers donnent envie de les voir sur scène où ils doivent communiquer leur plaisir d’y être ensemble : encore une bonne idée pour les programmateurs de festivals divers (et d’été) en mal d’inspiration.
Encore une belle rencontre ces deux là, un conte de fées musical comme on les aime .