Granby 2014. Le Vent du nord, bourrasque force 4
Belle collection de timbres pour chanter une tradition conjuguée au présent, « la nouvelle vieille musique » comme ils disent, faites d’éternelles et récurrentes thématiques qui nous parlent d’amours contrariés, de conscrits en fuite, de volcans en Islande aussi, possible antre des ténèbres…
Il y a deux ou trois jours nous vous parlions ici d’un groupe folk québécois, RéVeillons ! En voici un autre, récompensé l’an passé du Prix de l’Académie du disque Charles-Cros et ce n’est sans doute pas pour rien. Simon, Nicolas, Réjean et Olivier sont les quatre du Vent du nord, treize ans d’existence, mille deux cents concerts, sept disques déjà. Et, comment vous dire, la perfection faite musique s’il en est. A les voir, on pense évidemment, là encore mais plus encore, à la crème des groupes folk français des années soixante-dix, notamment La Bamboche. Malicorne quand ils font polyphonie. Tri Yann, Le Claque-Galoche, La Chiffonie et bien d’autres. La vague folk s’est retirée, s’est épuisée dans l’Hexagone où la pratique des musiques trad’ se fait désormais presque sous le manteau, en des cercles fermés, boutée hors du chant public. Là, au Québec, le folk a toute sa place dans la chanson (c’en est !), dans un festival de chanson, à Granby ou ailleurs. A les écouter, on a l’impression, nous français, de reprendre l’histoire du folk là où nous l’avions laissé, instruite du passé et des talents conjugués, d’expériences frottées tant à la tradition qu’à la modernité. Toute la paradoxalement jeune mémoire du folk est en ce Vent du nord qui souffle et cingle comme bourrasque.
Mais pourquoi diable n’y a-t-il pas la place pour danser en cette salle, reel et mazurka ? Car ça vous brûle les pieds, vous titille les arpions. Y’a d’la virtuosité dans l’air, joie communicative, rare, très rare. Instruments traditionnels ? Même pas, ou si peu : diatonique certes (manié à la manière d’un rockeur), violon, mais aussi piano, guitare… et pieds ! Ils sont bien autres instruments, que le strict timing d’une vitrine ne permettait pas de déballer. Eux, on a envie de les revoir, en un set complet, gourmand de rappels, poursuivre avec eux, des heures encore à tromper le temps, hors du temps et profondément dedans.
Oh oui! ça donne furieusement envie d’en tourner une !