Un symphonique au Paradis
Collectif doué d’ubiquité, NosEnchanteurs était cet été en de nombreux lieux, scènes diverses et plaisirs variés, comme l’est la chanson. Ainsi à ces Nuits de Fourvière, à Lyon en fin juillet, pour y applaudir la chanteuse de Jo le taxi.
C’est une foule de fans, impatiente, trépidante. Le grand théâtre romain est archi complet, plusieurs fois il faut se serrer, s’ajuster dans les gradins. Hâte, vraiment, d’être au paradis, le concert ayant été annulé le mois d’avant, pour raison de grève : l’attente n’en était que plus forte.
Sur fond lumineux où défilent mille motifs, se dessine un grand et bel orchestre fort d’une bonne quarantaine de musiciens : seize cordes, huit cuivres, dix choristes, et harpe, percussions, batterie, clavier, guitares… Un chef d’orchestre, un pianiste, une chanteuse. Avant même la première note, c’est déjà impressionnant !
Le pianiste (qui parfois troque son instrument pour la guitare) c’est Benjamin Biolay ; la chanteuse c’est Vanessa Paradis, belle et élégante, avec sa robe longue à volants, rouge, dos nu (elle en changera en cours de spectacle), talons et chignon rétro. D’emblée les cordes l’accompagnent : « Ne me demandez pas pourquoi je suis venue [...] Je ne m’en souviens pas, le temps s’est arrêté. » Elle est venue, ils sont tous là.
C’est une star que le public accueille et acclame déjà : « Vanessa ! Vanessa ! On t’aime Vanessa ! » On a d’yeux que pour elle, on épie ses œillades à son nouvel amoureux, visiblement de mèche : notre regard fait presse du cœur. « Même au siècle prochain j’en parlerai encore / Même au siècle prochain j’en pleurerai encore… » chantera-t-elle en duo avec son Roméo, les yeux dans les yeux, belle complicité. Ce titre-là et d’autres encore, toutes ses Love songs. Ce n’est pas pour rien qu’il lui a arrangé ce concert symphonique.
Belle ballades. C’est parfois plus rythmé, plus rock, plus sensuel aussi. La dame danse et danse très bien. « J’ai jamais attendu le soir / Pour m’enivrer de ton histoire / Raconte moi les océans / Les espaces et les sentiments… » : la foule est mer et marée. Paradis joue beaucoup avec le public, qu’elle fait frapper dans ses mains, qu’elle fait chanter. A qui elle parle, en de fausses confidences que, complices, on tiendra pour vraies : « Je veux être celle qui boit le ciel / être celle debout dans l’averse… »
Il y a quelque chose de joyeux, de frais, en cette voix toujours gamine. Mais c’est une adulte, une femme forte en amours et indépendante qui est devant nous. Forte, belle, présente. Femme foetale et femme fatale, femme résolue, façon Carmen : « Si tu tourne le dos / Au moindre vent nouveau / Alors prend garde à moi / Si tu me prends de haut / Si tu crois ce qu’en disent les journaux / Alors prend garde à moi / Si tu fais pas gaffe à toi. »
La belle chante en français, en anglais, même en italien. Electrise le public qui souvent se lève. Pour finir résolument debout. Et le concert brutalement s’arrête. Longues, très longues minutes dans l’attente d’un rappel qui ne vient pas, on croit que c’est fini tant que beaucoup partent, déçus. Et c’est (enfin) le retour sur scène pour, de Serge Gainsbourg (Tandem) à Gaëtan Roussel (Il y a), cinq chansons d’affilée, folie dans les travées du théâtre antique. Beau moment, beau concert, la chanson c’est aussi ce « p’tit coin de paradis. »
Billet rédigé à quatre mains avec Lola Kemper.
Le site de Vanessa Paradis, c’est ici.
Et si le paradis, c’était d’écrire ainsi à quatre mains et de partager d’aussi beau moments..?
Amoureux aussi Michel ?
Hélas, non, Catherine. L’amour est en jachère.
L’écriture à quatre mains ? Ah oui, moi j’veux bien tenter l’exercice !… Bravo au duo Michel, Lola !!! Un article qui se déguste au bord de la piscine, le pieds dans l’eau… !!
à quatre mains droites ? ou gauches ?? ça va être compliqué… Quoi que …. façon Masque et la Plume, les mains droites complimentent, les mains gauches détricotent…
(par facebook)
J’ai un rapport curieux avec Vanessa Paradis ! je n’aime pas particulièrement ses chansons, que d’ailleurs je n’entends que parfois, par hasard, à la radio ou à la télé. L’artiste (parce que oui, je considère que c’est vraiment une artiste) ne m’attire pas particulièrement, et pourtant, elle m’intéresse… c’est un truc qui oscille entre attirance et répulsion. Difficile à expliquer !!!
Moi c’est par le cinéma que je me suis intéressé à elle, dans « Noces blanches » elle était remarquable, et les interviews qu’elle a données à l’époque étaient d’une grande lucidité. C’est après l’album Gainsbourg que j’ai acheté quelques uns de ses albums, un de mes préférés, c’est « un monstre à Paris » (avec La Seine)
https://www.youtube.com/watch?v=uMF7PLsRL40
et puis cette chanson, j’adore ….(Merci à GB Shaw.. et Gaétan Roussel qui a de bonnes lectures)
(George Bernard Shaw : « Certains regardent les choses comme elles sont et demandent pourquoi. Nous rêvons aux choses comme elles devraient être, et demandons pourquoi pas? »)
https://www.youtube.com/watch?v=IH0M1phIx3c
Merci Michel ! J’ai eu l’occasion de te le dire : j’ai une grande admiration pour Vanessa Paradis que je considère comme une artiste hors pair aux multiples talents. de plus elle m’émeut beaucoup !
Et bien un vrai désaccord avec Francis. Elle ne m’émeut pas du tout et ce que j’ai vu de la dame m’attriste.
C’est aussi après avoir vu Noces Blanches que je me suis intéressée à Vanessa Paradis , et j’aime bien certaines de ses chansons , d’autres moins . Et bravo pour les quatre mains de Lola et de Michel !
Très beau « 4 mains », merci.
Pas obligé d’être toujours d’accord Paul ! Il reste d’innombrables artistes sur lesquels nous nous retrouvons. Parfois les choix sont irrationnels et l’émotion que l’on ressent tellement dépendante de facteurs individuels !