Concèze 2014 (4/6) De notre Corrèze pondant spécial…
Les journées passent, sous l’œil protecteur et complice de mesdemoiselles Calliope, Euterpe, Terpsichore et Jacqueline, cette dernière étant, comme nul ne l’ignore, non pas la ravissante fille du cuisinier masqué (private joke locale), mais bien, comme le subodorait un de nos sémillants commentateurs, une potion magique vernaculaire, fraternellement partagée à la fin des concerts…
Avant de vous narrer plus avant les grands moments et petites péripéties d’hier soir, le moment me semble venu de rendre un hommage tout particulier à l’extraordinaire travail effectué par le non moins extraordinaire ensemble DécOUVRIR sous la houlette bienveillante d’Etienne Champollion (précisons que la potion magique susnommée n’a rien à voir avec l’obélisque, donc). Je vous jure, ce garçon est talentueux que s’en est énervant au possible. C’est à se demander de quel instrument il ne joue pas, quel genre musical il ne maitrise pas sur le bout des doigts qu’il a de surcroit fort agiles, le bougre. Enervant, vous dis-je… Accompagnant sur scène quasiment tous les artistes qui se produisent lors du festival, l’ensemble se compose de Louis Theveniau (clarinette), Vincent Imbert (premier violon), Sarah Haudidier (second violon), Florian Texier (alto), Astrid Bâty (violoncelle), Christophe Devillers (contrebasse et trombone) et Elisabeth Callot (contrebasse). Sans oublier, donc, Maitre Champollion (piano, guitare, accordéon, arrangements, et peut-être cor des Alpes lors d’une prochaine édition, allez savoir.. !). Imaginez le rendu et le résultat, tant pour le public que pour les artistes, visiblement fous de joie de découvrir leurs chansons ainsi habillées pour l’été.
La soirée débutait donc avec Les Cinq voix de la main qui, comme leur nom l’indique, étaient quatre sur scène hier. Le principe est des plus prometteurs, puisque regroupant des artistes menant par ailleurs des projets en solo et s’épaulant mutuellement, chacun étant à tour de rôle musicien ou choriste d’un de ses comparses. C’est ainsi que nous avons pu découvrir les jeunes talents de demain, qui sait, que sont Laura Flane, Hugo Vellene, La Fille à papa, et Margaux Guilleton, autre fille de, donc. Un papa qui a de quoi être fier de sa progéniture à la classe folle. L’ensemble est frais et ravissant, un peu inégal, évidement, les voix ne sont pas forcément toutes assurées et le tout est encore un peu jeune bien sur, mais est-ce bien un défaut ?
Moment très émouvant ensuite lorsque Mathias Vincenot rend un très bel hommage à Hervé Cristiani, décédé le 12 juillet, et vrai fidèle du festival. Lecture de son dernier message « Ça m’emmerde de ne pas pouvoir être parmi vous à Concèze cette année, embrasse tout le monde pour moi… » Dans la salle, les poils des bras sont au garde-à-vous. Et puis, chanté par l’ensemble des artistes et par la salle, l’incontournable « Il est libre Max », dont il disait lui-même que c’est le titre qui énerve tout le monde mais qu’on aime quand même. Séquence émotion…
Changement d’ambiance avec Simon Autain au clavier, accompagné de percussions minimales. Quelque part entre Delerm et Dominique A., un petit quelque chose du groupe AaRON aussi. Ça, c’est pour poser le décor… Au début, c’est, comment dire… joli. Mais l’attitude, la diction, font que l’on décroche assez vite. La voix, perchée et légèrement nasale, est tout de même un peu dérangeante dans la mesure où l’on comprend à peu près un mot sur cinq, ce qui, avouons-le, ne facilite pas vraiment la bonne compréhension du message, si tant est qu’il y en ait eu un. Peut-être aussi en fait-il un peu trop, notamment lors des interventions auprès du public, mais il y a quelque chose qui ne passe pas vraiment, comme un procédé un peu éventé, une fausse connivence qui dissimule mal une certaine vacuité au niveau des textes. Ah, et des musiques, aussi. Et ce n’est certainement pas de répéter des dizaines de fois la même phrase qui arrangera les choses. Bon, cela dit, soyons honnête : il chante juste. Parfois.
Avant que d’accompagner Sapho, nous retrouvons ensuite sur scène son comparse Prince Roro, guitare flamenca entre les bras, et physique de Bouddha égrillard avec les cheveux de Ferré (faites un effort, imaginez…). Et là, bing ! En toute simplicité, une belle présence humaine, une belle voix, de beaux mots, de belles images, de belles choses, quoi. Ce n’est quand même pas compliqué !
Sapho, donc, fait son entrée, fidèle à elle-même, teint blafard, couronnée de fleurs, les mèches aile de corbeau tombant devant le visage et la tête dans les étoiles, un peu barrée, volontiers absconse, la Sapho que l’on a envie d’aimer… Une lecture de poésie par Sapho, c’est quelque chose, un brin d’emphase, un peu de reverb’ dans la voix, une psalmodie mêlant antiquité et méditerranée. Entre Derrida et une litanie sur le thème du blanc, le set est étrange, hypnotique, un peu décousu, mais surtout ponctué d’apartés gestuels en direction de la technique ou de l’accompagnateur au piano, et c’est un peu dommage au niveau de l’atmosphère globale. Sapho la poète redevient Sapho la chanteuse (mais est-ce donc antinomique..?) le temps de deux titres à la guitare, dont une reprise agréable du « Chelsea Hôtel » de Léonard Cohen. Un beau moment, mais tout de même pas la saphonie pastorale à laquelle on pouvait s’attendre…
Enchainement dont Concèze a le secret, avec la prestation d’Emma Daumas, qu’il serait réducteur de ne voir que comme ex-participante à la Star Academy, en 2002 me souffle-t-on dans l’oreillette. Bon, je l’avoue, boursouflé de préjugés éhontés, ne résistant pas à l’appel du bon ( ?) mot, j’avais prémédité de titrer : « Emma : dommage… ». Je n’irais pas jusqu’à là, car après un début certes un peu laborieux, les choses s’arrangent quelque peu par la suite (ce qui vaut mieux que l’inverse, convenons-en) et elle parvient petit à petit à nous embarquer dans son petit monde, surtout lorsqu’elle s’affranchit de certains tics vocaux générationnels bien connus du type SCD (Syndrome Céline Dion). Et puis, elle prévient d’entrée, elle est sentimentale ! Un joli titre façon Carlos Jobim, « Bahia en été », et un petit peu d’autodérision bienvenue avec « J’suis conne » et son gimmick « Les hommes regardent mon cu…rriculum ». En bonus, elle nous offre même un titre inédit « Les promesses en l’air », mais en même temps, on ne connaissait pas les autres…
Un dernier mot pour regretter, chers Enlecteurs, de m’être engagé par écrit à ne rien divulguer des délices, musicales ou autres, distillées lors des célèbres afters du Festival DécOuvrir. C’est jusqu’à pas d’heure, c’est grand, c’est beau, c’est généreux, mais pour cela, il vous faudra venir l’année prochaine !
Et demain est un autre jour…
Puisqu’il est question de l’ensemble DécOUVRIR, les voici en scène pour la présentation de 2014, en juin dernier, avec JF Mickaël en guest …
Monsieur, en lisant votre billet d’humeur pour cette soirée du 16 Août, je suis assez choquée par les mots que vous avez ecrits au sujet d’Emma Daumas.Votre jeu de mots hyper facile Emma Daumas, Emma dommage frise l’impolitesse et l’irrespect. De quel droit vous permettez vous sans la connaître semble t’il avant cette soirée, de la rejeter presque d’emblée sous le prétexte qu’elle fut connue par un télé crochet vieux de 12 ans. A ce que je sache, on ne reproche pas à Madame Georgette Lemaire présente à ce festival cette année d’être elle aussi issue d’un télé-crochet. Ceci dit,vous le reconnaissez tout de même, cette jeune artiste a réussi semble t’il a vous entraîner dans son univers et je m’en réjouis. D’ailleurs, malgré l’heure très tardive de son passage, le public est resté pour l’écouter après une soirée fort longue et parfois assez ennuyeuse. Elle a apporté un peu de fraîcheur à cette soirée qui en avait vraiment besoin.
Où voyez-vous l’impolitesse et l’irrespect, Monsieur (madame ?) Dumas. Patrick Engel dit juste le calembour éhonté qu’il avait envisagé. Et, si toutefois vous relisez son paragraphe, vous lirez exactement le contraire de ce que vous dénoncez. Mauvais procès, donc. Faut-il être fan pour ne pas comprendre ce qui est écrit ? Si vous lisiez, vous, les précédents billets de Monsieur Engel, vous sauriez sa propension aux bons mots. Comment donc vous permettez-vous, sans le connaître ?
Bah ouais, c’est vrai, ça… Peut-être même que je ne vais pas m’en remettre..!
Mais si mais si, remettez-vous, et remettez-nous ça…