Barjac 2014 : Tony Melvil, joyeux et tendre ahuri
Sauvé dans En scène
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« Qu’est ce que je fais sur ce fil, putain ! » A propos d’Étienne Villeminot , alias Tony Melvil, on ne criera pas au génie, loin s’en faut. Au bout d’une ou deux chansons, on a dû tous se demander s’il n’allait pas être viré manu-militari, là, séance tenante. Et pis non : le greffon a pris. Son air ahuri, ses p’tites phrases pas bien lourdes, approximatives, ses silences hébétés, son humour subliminal (au risque, à Barjac, entre « (sa) jeunesse et la vieillesse ») son côté « paumé dans un monde trop grand pour lui », son piètre violon, ses p’tits airs de guitare, ses chansons aussi, ça a passé. De justesse. Le dimonesque mélodrame de l’an passé ne s’est pas rejoué. Tout au long de sa prestation, il s’en sauvait de sa formule incantatoire, son leitmotiv : « ça se passe super bien. »
Tony Melvil nous est apparu comme un poil dans la soupe, incongruité fruitée. Son absence totale de présence sur scène (il joue ce rôle et le joue bien) le rendait paradoxalement présent. Sont-ce les torrents de mots ouïs juste avant lui (par Ferré et Depoix, sur une autre scène) qui nous ont fait apprécier ce presque vide sidérant et ses silences (ça doit être de Melvil, le silence de l’amer) ? Quelques mots rigolos, un peu de traits d’humour (je dirais bien de pêts de l’esprit, mais on va dire que j’insiste…), une posture au second degré et des chansons alternant le léger et le grave qui s’écoutent, parfois s’apprécient. Bien plus que sur disque (où il dégage aussi un p’tit parfum de Nicolas Jules), la proximité du lillois Tony Melvil avec l’art du marseillais David Lafore crève les yeux et les oreilles, mais l’élève est loin de dépasser le maître : il est trop sage, pas assez d’aspérités, de provoc’s. Lafore, lui, n’aurait pas tenu un round avant de regagner les vestiaires.
Un Lafore capable du pire et du meilleur. Pile ce qu’est Tony Melvil. Comme avec cet émouvant 3 m x 2, sur l’isolement carcéral (« Je tiendrais pas… »), comme avec Bien avant, superbe chanson dont on se rappelle bien après.
« Je veux que les gens repartent avec le sourire » nous confie Melvil. Le sourire était étrange après coup, après sa prestation, mais c’en était un. Seul regret : ne pas avoir eu Tony Melvil en formation complète (duo voire trio), l’habillage sonore de ses chansons participant quand même à leur efficacité.
Le site de Tony Melvil c’est ici : ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.
Mmmm, fermons un instant les yeux et imaginons le sublime David Lafore interprétant le fameux « 20 francs » sur la scène de Barjac…
Ah ah ah, j’ai fermé les yeux sur place, à Barjac, et je me suis imaginé la même scène que toi. Quand je dis qu’il n’aurait pas tenu un round, c’est entre autres à cette chanson que je pense…
Oui ? Qu’est-ce qu’on a pour 20 francs sivouplé?? On peut savoir ??
Si ça peut faire étrangler d’indignation certains… Pour ma part, j’adore… http://www.youtube.com/watch?v=tN-QRH02JlI
A l’écoute de l’extrait, ça me donne très envie d’aller le voir en scène, ensuite si je tombe sur une prestation minimaliste et dépouillée de la musique, je ne sais pas bien comment je percevrai ce « spectacle » ou ce « non spectacle » ? L’art de presque rien en scène, c’est délicat… Mais si le public ne l’a pas lapidé, c’est donc pari gagné ..
Je l’avais vu à Angers en mars 2013 (tremplin de la chanson francophone) mais ne ne me rappelais plus de sa prestation ; quand j’ai vu le violon accroché au pied du micro, mes neurones ont fonctionné à nouveau… et je me suis rappelé combien il nous avait baladés avec son violon, violon qu’il n’a pas assez utilisé à Barjac à mon goût. Malgré les cris de bébés et de jeunes enfants, que des parents irresponsables emmènent dans un festival, il a réussi à s’en sortir et ce n’était pas chose aisée… quand on est sur scène, on entend tous les bruits parasites, et là, il a été servi. Bref, un bon moment avant ce qui devait être le feu d’artifice, mais les pétards de Lo’Jo devaient être mouillés (eh oui, cette foutue pluie venant de Nantes !)
Un « lapide », c’est un tlain qui va tlès, tlès vite, nan..?
C’est ça, un tendre ahuri qui tente par des petits regards en coin de faire oublier ses textes fadasses et ses mélodies à deux notes. Un rôle mal joué de candide arrivé là par hasard. J’ai du mal à oublier son invective stupide à l’adresse du gamin de trois ans qui s’agitait devant la scène.
C’est la première fois que j’écoutais ce Melvil, c’est probablement la dernière aussi.
Un monsieur qui veut pendre les enfants qui gênent le vieux monsieur : groupetto. Derrière Denis Péan parle du mélange de la marmaille et des anciens. Merci Denis.
Rappellons que déjà, en son temps, W.C. Fields déclarait que quelqu’un qui n’aime ni les enfants ni les chiens ne peut pas être tout à fait mauvais…
Rappellons par là-même que, selon Saint Desproges, le Bon Dieu avait puni ce dernier en lui donnant un prénom de chiottes !