Barjac 2014 ! Rémo Gary, le géant
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En reprenant des extraits d’un article que j’avais commis à l’époque, notre consoeur Isabelle Jouve relatait hier sur le quotidien La Marseillaise, en guise de présentation, de presque avertissement, le fameux concert, triomphal comme jamais, de Rémo Gary, il y a huit ans sur cette même scène de Barjac. Avertissement, oui, comme l’imminence d’un autre choc, énorme, d’une déferlante, d’un tsunami : le retour de Gary. Ce le fut. Mais comment le relater ?
Ne surtout jamais confondre une chronique de scène avec un compte-rendu. Encore moins dans le cas de Rémo Gary. Avec lui, le chroniqueur que je suis affronte un titan, qui toujours a le dernier mot. On ne dira pas plus que Rémo Gary nous fait une leçon. De brio, de talent, d’un je ne sais quoi surnuméraire qui le distinguerait de tous ses confrères, même et surtout des géants dont il fait partie. Non, n’empêche que Gary nous dit ce que chanson veut dire, à quoi elle peut servir, retrouve ses origines, en refait l’instrument acéré de la critique sociale, politique. Il est l’expression même de ce que combat le pouvoir (politique, industriel, médiatique) depuis deux siècles, depuis les Napoléon, depuis Thiers, depuis le mur des fédérés, la Commune : cette chanson qui se lève et ose un propos, envisage le monde, le dénonce, le déconstruit, le reconstruit. Si Anne Sylvestre cherche un mur pour pleurer (formidable reprise par Nathalie Miravette en première partie !), Gary fait de ses pierres des barricades, à s’en prendre plein la gueule. A ceux qui pensent que la chanson a depuis longtemps vendu son âme aux marchands du temple, que la posture des rares chanteurs engagés est rare imposture, il nous dit, nous prouve, nous chante la totale dignité de l’artiste, du citoyen, qui fait de son art une entreprise tant de poésie que d’éducation populaire, une université politique en soi. A la manière d’un Pottier, il sculpte l’argile fragile de ses mots et nous arme d’outils pour bâtir le futur. Tremblez, ô vies heureuses des bourgeois…
Rémo Gary est aux antipodes de tous. Il est l’angle le plus saillant de la chanson, plus encore que ne l’étaient, je crois, Ferré, Brel, Leclerc, Brassens, Ribeiro, Magny, Leprest, Béranger. Le plus grand ? Ne me faites pas dire ce que je pense.
Vous en faire compte-rendu ? Vous n’y songez pas ! Juste vous dire le silence d’après Gary. Eberlués, hébétés que nous sommes, interdits, la tête ailleurs. A se regarder, les yeux humides. A ne plus savoir que dire, à toutefois se parler, s’écouter, s’aimer plus que jamais. Dans cette poésie d’engagement, ce brio de mots, ces chansons-fleuves menées, après grande houle et fortes tempêtes, à bon port, ces coups de pieds au coeur qui se perdent, cette entame du corps féminin qui s’ouvre puis se referme, ces vers de pure jouissance physique et partisane, en cette remarquable épure qui n’a d’égale que la flamboyance et la précision du verbe, nous avons eu hier plus que tout, même si ce n’est pas grand’chose : la dignité d’un homme droit, le talent fait homme, l’incarnation d’une chanson de parole, d’engagement. Nous avons eu le plus grand, en un concert qui n’en est pas un : une expérience humaine puissante et belle, dont, par bonheur, on ne peut tout à fait se remettre. Huit ans après, Rémo Gary a confirmé son statut unique dans la chanson. Définitivement au dessus du lot.
Ah comme c’est bon, quand quelqu’un trouve les mots pour dire ce qu’on aurait aimé dire soit même ! Oui, Rémo Gary est tout ça, et il est aussi dans mon panthéon , je ne dirai pas au dessus, mais aux côtés de ceux cités, plus quelques autres .
https://www.youtube.com/watch?v=Nd6dhxnJhjM
Je ne connais pas Michel Kemper, mais j’ai l’honneur de connaître (un petit peu) Rémo, et je crois que tout est dit ici. L’homme et l’artiste sont l’honneur du genre humain. Point besoin de comparer Rémo à Brel (comme j’ai souvent tendance à vouloir le faire), pour donner une échelle du personnage, mais le coeur qui bat dans ce petit « beau nomelà » est énorme et son énergie dans la vie et sur scène sont un bonheur à ne manquer à aucun prix.
Du coeur et de l’amour à se tartiner tous les matins au petit dèj sur une belle tranche de pain croustillant cuit au feu du bois dont on frotte les fesses des imbéciles (même pas heureux).
Très bel article sur Rémo qui le mérite bien ! J’ai eu la chance de faire partie de la chorale des spectateurs, dirigée par Rémo, lors des dernière « rencontres Marc Robine » et j’ai été impressionnée par le charisme que dégage le personnage. Du talent, il en a, de la personnalité aussi ! c’est un grand Monsieur, Rémo !
Vous parlez de jouissance partisane, qu’est ce que c’est?
Partisan , oui , c’est ça , son chant est celui des partisans, il prend parti… pour l’Humain , nous titille sur nos engagements, nous redit les mots d’un Couté, nous appelle à la fraternité… Sans concessions, mais nous , on lui concède le talent….
Moi je m’ennuie un peu dans cette chanson que je trouve trop lourde… J’apprécierais sans doute de lire cet auteur dans un recueil de poésie mais il me manque de la musique pour apprécier la chanson…
Chère Alexandra, est-ce le fait d’être devenue blonde qui vous rend moins sensible aux fulgurances de Gary ?? (eh je rigole …)