Lavilliers, Fernande et les intermittents
Site de Bernard Lavilliers : « Malgré l’annulation de son concert, Bernard Lavilliers a tenu à venir apporter son soutien aux intermittents du spectacle du théâtre de la Mer. Sète : Lavilliers affiche son soutien aux intermittents » (lien avec le premier article du Midi libre, pas avec le second).
De l’orage intermittent annoncé sur les lyonnaises Nuits de Fourvière, il a échappé aux gouttes. Il a pu chanter et a même fait monter sur scène les intermittents en lutte contre le fameux accord de l’Unedic et l’imbécile autisme du pouvoir. C’est bien le Lavilliers qu’on sait – qu’on croit connaître – prêt et prompt à soutenir les sidérurgistes de Lorraine, ceux qui aimeraient tant « travailler encore / forger l’acier rouge / avec [leurs] mains d’or », comme les intermittents. Les intermittents, eux aussi, aimeraient travailler encore : pour l’heure ils font paradoxalement grève pour pouvoir travailler encore. Superbe Lavilliers qui valorise et soutien les intermittents, comme encore hier soir à Saint-Etienne. En apparence…
Même si tous ses confrères ne le font pas forcément, qui plus est de bon gré, il est tout de même facile et bien joué de faire venir les intermittents sur scène. Ça ne coûte rien et ça rapporte beaucoup en terme d’image.
Ce lundi 16 juin, Lavilliers devait clore le festival « Quand je pense à Fernande », à Sète. Cachet de 40 000 €, contre 60 000 € à Lyon pour le même concert (ce qui prouve bien que, dès qu’il y a beaucoup d’argent public, on se gave : lire notre article sur les Nuits de Fourvière). Le festival sétois est, comme partout, secoué de débats cause à l’intermittence, et fait le choix, après l’annulation de sa soirée d’ouverture (concert de Renan Luce), d’annuler aussi, par solidarité envers les travailleurs culturels, celle de clôture : le concert de Lavilliers. De se faire hara-kiri.
Le Midi libre nous relate la suite : « Drôle de final au théâtre de la Mer ce lundi. Sans public, puisque les organisateurs – la Ville de Sète et Zalana Productions – ont décidé vers midi d’annuler le concert de Bernard Lavilliers, qui devait clôturer le festival de chanson française « Quand je pense à Fernande » (…) Des intermittents que Bernard Lavilliers, qui était arrivé à Sète dans la journée, a tenu à venir saluer peu après 20 h. Il a posé avec toute l’équipe sur la scène du théâtre. « Je fais grève avec eux, c’est grave ce qui se passe » a-t-il déclaré avant de quitter le site. »
Voyez comme il est solidaire Nanar : il fait grève avec eux. C’est tout du moins ce qu’il dit devant la presse. Mais… c’est rien que pour la photo, pour illustrer sa légende. Parce que le cachet de 40 000 €, il l’a empoché, notre Nanar. S’il avait fait la grève « avec eux », comme il dit, alors Lavilliers aurait dû renoncer sinon à son cachet, au moins à la partie le concernant. C’eût été plus correct, autrement plus digne, à l’unisson de ces intermittents aux fins de mois qui vont être encore plus difficiles. Le Midi libre reviendra avec ironie sur cette info par un nouvel article qui, lui, ne sera pas repris sur le site du chanteur. Le quotidien régional précise que, en ce qui le concerne, Renan Luce n’aurait encaissé que la part couvrant ses frais (transport, techniciens…).
La photo, c’est pas par solidarité, pas par empathie, non : c’est rien que de la com’. Les politiques le font souvent ; les stars de plus en plus souvent. C’est con pour la légende au Nanar : ça fait tâche qui jamais plus ne s’en ira, pas comme une tâche de graisse sur un bleu de travail. C’est trop loin le temps de l’usine, Bernard, t’as oublié.
Quelques investigations s’imposent… On pourrait comprendre qu’il ait encaissé la part du cachet concernant ses intermittents à lui, musiciens, techniciens… mais en effet, il y a des questions qui se posent… comme les cachets à géométrie variable…
Pour les « cachets à géométrie variable » il convient de (re)lire l’article que nous avons publié sur NosEnchanteurs il y a quelques jours : « Faut-il subventionner Stromaé ? ». Les tourneurs savent quels sont les organisations friquées (comme « Les Nuits de Fourvière » de Lyon subventionnées à 37% par le Conseil Général) : on force donc le montant du cachet, puisque de toutes façons ils paieront. Ce qu’on vend ailleurs 40 000 euros, on va le vendre cette fois-ci 60 000, puisque c’est le contribuable qui paye ! Il me semble qu’on se gave de l’argent public avec une totale indécence.
Ça pose aussi une autre question, les artistes sont-ils toujours au courant des conditions négociées par le tourneur ? Je me souviens que Mouloudji, quand il venait chanter pour des C.E dans des usines (Roanne en 1981-82) était deux fois moins cher que le tarif pratiqué par son tourneur. Je ne sais plus comment ça avait été négocié, il me semble que des roannais l’avaient vu à St Etienne, dans le cadre d’une fête genre Fête de l’Huma locale, et ils lui avaient dit qu’ils auraient aimé le faire venir à Roanne mais que ça dépassait leur budget.. Dialogue, en gros,
- ah bon, mais combien on vous demande ? (Mouloudji)
- une somme de …. (je sais plus)
- ah oui en effet … Je peux venir pour la moitié…
Et il est venu… Je ne sais pas comment il était organisé à l’époque, mais ses tarifs persos étaient bien plus abordables que ceux de son manager-tourneur…
J’aimerais savoir la version de Lavilliers , si c’est vrai qu’il a empoché l’argent d’un concert qu’il n’a pas donné . et savoir si il a partagé ce cachet avec ses intermittents , ou tous les intermittents présents à Sète ce jour là . J’aimerais vraiment savoir , parce que si il ne l’a pas fait, c’est vraiment dégueulasse !
Y’a pas eu vol, c’est sûr. Il y a contrat et c’est l’organisateur qui a pris la décision d’annuler le concert : en conséquence le montant du contrat se doit d’être honoré. Ceci dit, et c’est l’objet de cet article, il est assez surprenant que Lavilliers, en empochant le chèque, aille soutenir les intermittents en se disant lui-même en grève. S’il est en grève, qu’il renonce au moins à la partie le concernant de son contrat. Ce que, à lire l’article du Midi Libre, Renan Luce a fait, sans se la jouer, sans se faire prendre en photo, sans prétendre être lui-même « en grève ». Lavilliers, on le sait, connaît peu la retenue : là, son acte semble assez petit, pour ne pas dire minable. La période que nous vivons est assez dure comme ça : les intermittents ne font pas grève pour le plaisir de l’être. Et les organisateurs vont morfler. C’est pas obligatoire d’être solidaire, bien sûr : peut être que Nanar aurait dû s’abstenir de tels propos.
Je ne suis pas du tout fan ni inconditionnel de Lavilliers, je ne l’ai même jamais vu sur scène mais il faut quand même nuancer le propos quand on dit que Lavilliers empoche 40000€ afin de ne pas participer à la diffusion d’idées caricaturales sur le fonctionnement du cout des spectacles et les cachets des artistes. Après vérification auprès d’un festival proche qui le programme , quand on parle 40000€, il s’agit du coût du spectacle de Lavilliers qui comprend le cachet de celui-ci, celui de ses musiciens, d’une équipe technique, de matériel, de transport de matériel, de frais administratifs et d’une production (et souvent la part des prod est importante). Lavilliers a certainement un cachet tout à fait confortable (démesuré ou pas là n’est pas la question). si à titre perso,il avait souhaité dans sa solidarité aller jusqu’au bout et être logique, il aurait pu en effet laisser son salaire personnel, ou le reverser et ça c’est certes critiquable. Il ne peut en aucun cas le faire pour le reste des personnels, des frais engagés ou de sa production. En général, c’est d’ailleurs la production qui encaisse le chèque et verse sa part de salaire à l’artiste. Alors quand vous dites Lavilliers empoche 40000€, il est important de nuancer. Mais on peut le critiquer en effet de ne pas avoir renoncé à sa part de cachet pour ne pas mettre le festival en déficit ou mieux encore de toucher son cachet et de le reverser aux mouvement des grévistes. La nuance est qd même importante et on se dit que c’est juste le genre de raccourcis qui participent à donner de fausses infos et images du monde du spectacle. Les même qui font croire pour mieux diviser que les intermittents sont des privilégiés par exemple.
on sait bien que les photos et les bons sentiments sont porteurs pour l’image, on est d’accord. Mais si Lavilliers par quelques mots (même un peu calculés) et son image, fait monter la pression et amène sa toute petite pierre au combat du moment, c’est certes plutôt dégueulasse mais merci quand même Monsieur Lavilliers.
Bien sûr Vincent. Quand je dis « alors Lavilliers aurait dû renoncer sinon à son cachet, au moins à la partie le concernant », je ne dis pas autre chose : un cachet n’est pas que ce qui va uniquement dans la poche de l’artiste : il y a d’autres personnes qui mangent là-dessus ! Je pense que nos lecteurs le comprennent bien. Sachons que la production, c’est Lavilliers lui-même, par sa société BBC, Big Brother Company. Si je précise nombre de choses dans les commentaires (particulièrement sur cet article) c’est pour effectivement ne pas donner de fausses infos et que, dans un article, on ne peut pas expliquer dans les détails, sauf à ce que l’article soit illisible, incompréhensible, indigeste.
Que la production encaisse la somme prévue ce n’est pas choquant en soi et les organisateurs ont peut-être une assurance annulation (la grève fait-elle partie des raisons d’annulation assurables ?).
Ensuite Lavilliers s’il avait quelques réelles convictions devraient offrir son cachet (entre 10 et 15000 à mon avis) à) ses « collègues » intermittents…
Mais la solidarité n’a jamais vraiment été son truc : un copain musicien me disait que lors d’un festival à Vierzon fin 70/début 80, il avait exigé deux heures de balances pour que ses tech puissent prendre en main la sono (un système from UK qu’ils ne connaissaient pas) et les deux « ouvreurs », Valérie Lagrange et Tequila étaient passés à la trappe…
Effectivement, Lavilliers en gréviste ce n’est que de la figuration, c’est pour faire bien sur la photo. Nous savions déjà, par un livre que vous connaissez monsieur Kemper, que la légende de Nanard n’était qu’un décor de cinéma en trompe l’oeil, voici que même ses élans de solidarité semblent calculés : ça doit être rentable en terme de ventes. C’est triste à pleurer.
Propos de Bernard Lavilliers relevés sur le blog Utopia35, rien de mieux pour illustrer vos propos :
« Mes confrères les artistes font trop attention à leur image, il n’y a donc plus rien de décapant. Je les trouve beaucoup trop raisonnables : ils s’adaptent. Moi je continue à aimer les gens qui refusent ».
http://utopia35.skyrock.com/2313375785-L-engagement.html
J’avoue rester dubitatif… Et donc les intermittents poseraient pour la photo en sachant (comment pourraient-ils ne pas savoir ?) que Nanar a touché son cacheton ?…ça sous-entendrait que tous les concerts de soutien qu’il donné par le passé (Florange, radio libertaire entre autres…) c’était du pipeau, et qu’il remplissait sa caisse personnelle…mouais..mouais…il faudrait des preuves. Depuis tant d’années, tant de ragots et de rumeurs autour de nanar… étant fan depuis près de 40 ans et l’ayant vu en concert une bonne trentaine de fois (avec des premières parties à chaque fois !!)… je comprends qu’on puisse lui chercher des poux dans la p’tite bête… Rancœurs, jalousie ou simplement méchanceté
..même si lui même le reconnait « on est pas tout blanc, on est pas tout noir »…donc Lavilliers à presque 70 balais… Serait devenu un escroc, un voleur immoral et malhonnête ? Alors que ces disques n’ont jamais été aussi bons…que les salles ne désemplissent pas… Des preuves!!!!
Il n’est pas dit dans cette histoire qu’au moment de la photo, les intermittents savaient qu’il venait de ou qu’il allait « empocher » le montant du cachet. Je pense même que si les intermittents l’avaient su, ça ne se serait eut-être pas passé ainsi.
Il n’est pas dit non plus que les précédents actes de solidarité de Nanar aient été « du pipeau ». Ils ont par contre sûrement contribué à son image.
Quant aux « ragots et rumeurs », c’est vrai que Lavilliers a en toujours fait le lit. Et ce n’est là, il me semble, ni rancoeurs ni jalousies ni méchancetés. Sur sa légende, qui pour le coup n’est vraiment qu’une légende, je ne peux que vous conseiller de lire « Les vies liées de Lavilliers » (le hasard veut que j’en sois l’auteur) chez Flammarion : tout ce qui y est imprimé est assorti de preuves.
En aucun cas, cet article sur Sète ne traite Nanar d’escroc, de voleur immoral ou de malhonnête. Il semble simplement qu’il aurait pu s’abstenir de se déclarer être en grève en empochant son cachet. Histoire de dignité.
Lavilliers vient de donner une itv à L’Humanité où il passe pour un héros. http://www.humanite.fr/bernard-lavilliers-pour-une-fois-le-gouvernement-devrait-reculer-544901
Extrait :
Vous avez interprété «Les mains d’or» aux côtés des intermittents, où vous chantez J’veux travailler encore. Une chanson que vous avez écrite en pensant aux sidérurgistes et qui pourrait refléter aussi la situation des intermittents aujourd’hui ?
Bernard Lavilliers : Elle décrit les intermittents, et le refrain Travailler encore pourrait très bien être leur slogan. Quand je vois les grands patrons embaucher les gens en CDD, au fond c’est exactement pareil. Tout le monde pourrait devenir intermittent un jour. La société a tellement évolué et la technologie également que, quand les robots vont remplacer l’homme, à un moment, les gens auront des contrats de trois mois et connaîtront des périodes de chômage. Je suis complètement d’accord avec les intermittents. Je ne me suis pas déplacé en Lorraine pour soutenir les sidérurgistes pour faire aujourd’hui la gueule aux intermittents du spectacle. Je trouverais ça incohérent. Politiquement déjà et en tant qu’être humain, c’est dégueulasse de s’attaquer à leur régime parce que je sais combien ils touchent quand ils rament. Ce n’est pas grand-chose.
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Enorme mais pas surprenant de sa part…
Qu’il s’invente une légende, après tout pourquoi pas, on peut imaginer que c’est de la « création » mais ce comportement de faux-cul, tous ces plagiats éhontés, ça fait beaucoup quand même, et le pire c’est qu’obstinément j’achète ses disques depuis « Paris redingote de plomb » jusqu’à « Baron samedi », il m’a probablement envouté mais je crois que c’est fini, merde.
Non, moi j’peux pas… j’préfère continuer à croire que c’est « quelqu’un de bien »… ça fait trop longtemps que j’le considère comme le grand frère…le poète qui m’a tant fait rêver, aimer voyager… je pense que Cendrars (qu’il aime tant) était lui aussi un peu mytho… Ainsi donc il ne serait jamais allé à Caruaru, hôtel centenario,en face du Texaco… dans le Sertão ? avec la plainte du caboclo… quelle déception ! ! ! Pas grave !!! sans doute mes plus beaux lives… des 4 h de concerts intenses et vibrants…je ne m’suis jamais senti « arnaqué » au niveau sensibilité… vas y Nanar.. Raconte nous encore des trucs sur des endroits où on n’ira jamais, sur des gens qu’on ne rencontra jamais… Baron samedi… seconds couteaux… continue à adapter des mélodies latino-américaines(l’été)… continue à nous faire croire que… tu le fais trop trop bien… tu aurais pu être un grand romancier… d’aventures !!!
Joao, « avec des premières parties à chaque fois ! » que j’interprète sur un ton admiratif… ben oui, les premières parties sont parfois un régal bien plus délicieux que celui (ou celle) pour lequel on s’est déplacé… On sort du sujet des intermittents mais j’avoue que cela m’a fait bondir… comme si accepter d’avoir une première partie était un acte de bravoure…
parfois difficile à imposer il est vrai…
Dédicace à ceux qui se trouvaient à la Forge au Chambon Feugerolles en Novembre 2003 et qui ont découvert l’extraordinaire première partie de Charlélie Couture… Martin Deschamps… Depuis le temps que je parcours les salles de spectacles, Premières parties, ma plus belle histoire d’amour c’est vous… Ils semblent parfois oublier tous, qu’ils ont été des premières parties…
Entre accepter une première partie et lui donner un vrai moment de scène, il y a souvent une différence. Lavilliers donne à ses premières parties un vrai moment de scène, dans de très bonnes conditions. Ce n’est pas le cas de tout le monde. Le grand Brel a été assez détestable avec une de ses premières parties, Lény Escudéro, et quand je dis détestable, c’est autant artistiquement qu’humainement… Parfois, il vaut mieux ne pas connaître les coulisses de la vie du spectacle… il y a environ un an, à l’Olympia, un chanteur en première partie a été très mal traité, devant le rideau, un seul projo fixe… On sentait bien qu’il était là sans conviction de la part des organisateurs. Lavilliers, au cours de ses 8 ou 9 soirées de suite à l’Olympia récemment a eu 3 premières parties – 3 soirs pour chacune- qu’il présentait en voix off au début, et il y avait des lumières travaillées avec soin. Et ceux que j’ai vu le soir où j’étais présent Scotch&Sofa, ont été très bien, très à l’aise, très bien reçus par le public, et après le spectacle il y avait beaucoup de monde qui sont allés les voir dans le hall. Donc merci à Lavilliers pour ça.
Mais, on peut croire au Père Noël en sachant qu’il n’existe pas, non?
Indécrottable Michel et sa vielle rancune envers Lavilliers…
Promo pour le livre le concernant ? On ne va pas rater une bonne occasion.
Je plaisante, mais quand on veut chercher la paille dans l’Oeil de l’autre, on fini par passer son temps à parler en mal de ses adversaires plutôt qu’en bien de ses amis. Ne pas perdre son temps à ça, ça nuit plus gravement à la santé qu’une bonne bouffée de cigarette.
Lavilliers n’est pas un de mes adversaires et ne l’a jamais été. Pour quelle rancune d’ailleurs, alors que j’ai eu la grande chance de travailler sur lui ? Et je ne fume plus depuis dix ans.