Moutain Men et Georges Chelon : Brassens par monts et par voix
Deux albums, qu’on se gardera bien de comparer. L’un sorti il y a quelques mois, l’autre il y a quelques jours. Deux Brassens, interprétés par autrui. Deux réussites. Deux pièces, non de collection, mais de passion.
Convenons que Georges Chelon nous est rare, que, malgré une discographie toujours active (62 albums studio, live, compiles ou coffrets au compteur, dont 23 depuis l’an 2000) nous n’avons de ses nouvelles qu’avec parcimonie. Son dernier album est entièrement consacré à Georges Brassens. Extrême fidélité à l’original et, de surcroît, ce timbre à nul autre pareil qui, presque cinquante ans après, est tel que s’il nous chantait Père prodigue. Une voix toujours mélancolique qui se prête bien à sa sélection de chansons de Brassens (Les amours d’antan, Dans l’eau de la claire fontaine, L’amandier, Marquise, Les Passantes, Pauvre Martin, Le vent…). Un plaisir au présent qui semble tiré de très loin dans nos mémoires. Classique certes, mais on n’attend pas vraiment autre chose de Chelon. Indispensable aux amateurs des deux Georges.
Georges Chelon chante Brassens, EPM/Universal 2013. Le site de Georges Chelon c’est ici.
Autre traitement, singulier changement de ton avec les Mountain Men, duo franco-australien. Bluesmen, folk-singers, un peu rockeurs… les trois sans doute, ces Moutain Men (Mr Mat au stomp, guitare et chant ; Barefoot iano aux harmonicas et, parfois, à la guitare), duo né naguère d’un jam, quittant la langue anglaise de leurs trois premiers albums (avec cependant, ici et là, quelques titres en français) pour se frotter – vieux rêve de Mr Mat – au plus « classique » des chanteurs français, en v.o. comme en groove dans le texte. Il vous suffit d’un titre, au plus deux, pour totalement adhérer à cet enregistrement public, pour entrer en ce Brassens qui, sous son côté imparfait et rugueux, suinte de toute son émotion. Du pur bonheur comme c’est rare. La voix de Mr Mat est chargée, rapeuse, scandée, frottée d’ail, qui qui serait la somme, l’addition d’Arno, de Bill Deraime, de Léotard, de Tom Waits et d’autres gueules cassées de la pure poésie.
Plus les chansons sont « calmes » et plus, par Mr Mat, elles crèvent l’écran (Le fossoyeur, Philistins, Don Juan, Celui qui a mal tourné, Supplique pour être enterré à la plage de Sète, Les passantes, Le testament…). Une seule prise pour un enregistrement décidé dans la plus totale improvisation, qui néanmoins restera dans l’Histoire de la chanson, dans le legs Brassens à destination des plus jeunes que nous.
C’est en public et le public est là, à faire bombance de ces chansons, à les fêter en une joie communicative que restitue à merveille ce disque. Nouveau triomphe pour le père Brassens.
Mountain Men chante Georges Brassens, Echo productions/Pias France 2014. Le site de Mountain Men, c’est là.
Un petit bémol sur Mountain Men : l’accompagnement du public qui fait bombance de Brassens. Quand on frappe mécaniquement dans ses mains en couvrant les paroles et parfois de façon un peu obscène c’est dommage voire pire… En salle c’était parfois limite. Sinon on frôle l’excellent. Je pensais que le CD réglerait ses excès : pas tout à fait. Il y a encore beaucoup de tapotages sur de bien belles choses.
Ces deux là prouvent encore que Brassens a laissé un riche héritage et qu’il est bien transmis et partagé . Deux versions différentes, mais » à nos oreilles également aimables » .
Vus et entendus hier, dans un total enthousiasme, ils ont fait quelques chansons de Brassens, dont une qui n’est pas dans l’album, et c’est un des 3 meilleurs dans les albums hommages, et musicalement, ça cloue le bec aux béotiens qui ne trouvaient pas de musique dans Brassens.
merci pour cette découverte, en blues ou en reprise de brassens, ils sont géniaux et impressionnante tout autant la longue liste de leurs concerts à venir … bravo