Anniversaire de Francofans, le mieux 10 ans culturel

Yves Jamait, Nesles, Tony Melvil, soirée d’exception sur la scène de Canal 93 à Bobigny, salle qui accueille régulièrement, lors des apéros-Francofans, la fine fleur de la génération montante de la chanson qui a des choses à dire.
Il fallait bien cela pour fêter dignement 10 années d’activisme culturel au service de la chanson, 10 ans de découvertes et de rencontres, 10 ans de fidélité à une certaine idée de ce à quoi à droit un public exigeant,curieux, ouvert et attentif, ce public finalement que nous croisons régulièrement dans les salles ou plane l’esprit d’un mode d’expression qui préfère tirer les gens vers le haut.
C’est dire l’importance de la revue Francofans au sein de la presse papier, quasi seul organe digne de ce nom depuis la disparition de notre cher Chorus… Allez, je vous autorise rapidement à écraser une petite larme… Ca y est, c’est fini, on se reprend, nom de Zeus !
Triple plateau, donc, présenté par la pétulante Stéphanie Berrebi, électron libre insatiable au service de la cause qui nous est chère : en lever de torchon, comme on disait avant-guerre (oui, mais laquelle ?), le retour de Nesles, artiste atypique qui avait défrayé les planches en 2009 en incarnant Cornélius Krank, dandy pop-baroque vénéneux, adepte de Murat ou Bashung, comme de Rimbaud ou Raskolnikov…
Le Nesles nouveau se présente devant nous en formule guitare-voix beaucoup plus épurée, cheveux raccourcis et propos plus concis, avec une présence sur scène qui n’est pas sans évoquer un french Springsteen chantant dans la langue de Molière.  A suivre…

Seconde partie de soirée avec Tony Melvil, lequel sort ces jours ci La cavale, second EP (« petit format » ferait aussi bien l’affaire, non ?) de cinq titres sur la pochette duquel il apparait façon Jacques Mesrine sous différentes identités.  Et voici qui illustre à merveille l’univers sombre et polymorphe de cet artiste pince-sans-rire, un peu dans la lignée d’un David Lafore ou d’un Nicolas Jules, violoniste talentueux poussé par ailleurs sur scène par Thibaud Defever de Presque Oui…

Et puis…

Et puis, gâteau sous la cerise, mister Yves Jamait himself en trio guitare/accordéon/percussions, pour un de ces moments de grâce dont il a le secret, passant d’un titre enflammé qui emporte la salle entière à une petite merveille poignante qui poignarde chacun au coeur, le tout avec la générosité et la simplicité qu’on lui connait…

Et cette gouaille, ce bagout qui n’est qu’à lui, qui lui fait lancer à une spectatrice énamourée lui réclamant à corps et à cris le titre Caresse-moi : « Je joue là, commence toute seule..! »