Nevche : un autre chemin pour la Chanson ?

« Comme un autre chemin, une autre façon de vivre la musique, de vivre de la musique », dit la coopérative culturelle, internexterne, qu’a fondée Frédéric Nevchehirlian. En cinq années ce dernier a, en effet, bousculé les lignes qui dessinent le monde nouveau de la Chanson. S’il est un album qui peut tracer la voie, c’est bien celui-ci qui sortira bientôt, à l’orée du printemps, comme un signe de renouveau, avec les deux syllabes de son nom, Nevche, claquant comme un slogan.

Comment vont-ils le classer, le répertorier ceux qui veulent à tout prix dresser des barrières entre les styles, entre les publics ? Est-il chanson, slam, électro, rock  ce Rétroviseur ? Sans doute tout à la fois, puisqu’il appartient bel et bien au monde de la Chanson d’être à la croisée de toutes les influences. Que ce soit dit une fois pour toutes en écoutant ces chansons là qui sont celles de demain. N’en doutons pas !

La pochette nous ouvre des espaces où notre imaginaire peut s’évader, avant même d’écouter : une berline, comme dans ces films noirs des années 50, un coucher de soleil ambre sur une mer où émergent des îles fantomatiques. Allons-y, partons !

Ce clair obscur, c’est la vie. Ce pourrait être celle d’un homme au mi-temps de la sienne qui ne perd rien de sa « fureur de vivre », celle qui s’éveille chaque fois « Si nous marchons ensemble pour ne plus aller droit, ou alors droit sur eux. » Cette chanson, la deuxième de l’album, dresse une passerelle évidente avec le précédent, consacré au Prévert militant. Cet homme marche, va de l’avant.  Vas-tu freiner ? « Galope, te dis-je, galope » dans ce décor qui est le sien depuis l’enfance : Marseille  et son bord de mer et ces Soleils Saouls, où « des flaques bleues gardent l’Estaque ».

Cet homme se souvient, une « fusillade de souvenirs » l’habitent et habitent les rues (Rétroviseur). L’adolescence n’est jamais loin, l’adolescence qui traîne et qui s’ennuie Sur  le parking, comme toutes les adolescences du monde urbanisé d’aujourd’hui. Mais « qu’est ce qu’on rêve ! Même si les chances sont minces de décoller ». Il y a « des printemps qui nous soulèvent » ! Oui, l’homme a rêvé, il rêve encore et surtout d’amour : « moi je t’attends sur les rochers » (Notre rendez-vous), Je voudrais  « comme avant te donner le change. » Parfois nos solitudes, une « frénésie numérique », nous conduisent sur le réseau (Digital Natives) pour des amours qui ne font pas de vieux os. Alors on regarde dans le rétroviseur ses amours adolescentes, « sans un seul mot échangé ».

Cette chanson, Grands brulés de l’amour, pourrait faire un tube, comme au bon vieux temps d’un Voulzy de 1977 et de « cette petite fille oubliée » que l’on garde au cœur, dans notre rétroviseur !

Nevche, Rétroviseur, sortie le 28 mars, précommande dès le 3 mars (avec un titre inédit offert).