Juliette nous fait son show !
Festival Détours de Chant, La halle aux grains à Toulouse, jeudi 6 février 2014,
Elle a vraiment tout de la star, cette Juliette qui déboule sur scène, sous l’ovation d’un public toulousain conquis, dans un spectacle tiré au cordeau comme elle les affectionne. On devine la recherche d’une précision de métronome dans la mise en scène - et ce jusqu’au salut final – entre théâtre et chanson. Autour d’elle, ses six musiciens (et ses techniciens !) qu’elle métamorphose en personnages, au gré de sa fantaisie débridée. Et l’on est stupéfait de les découvrir tous acteurs talentueux, avec une mention spéciale pour le pianiste qui apparaît pour finir en « drôles de dames ».
Le spectacle s’ouvre sur une chanson délicate, subtile avec l’évocation d’« un petit musée des trucs oubliés […] des p’tits je ne sais quoi qu’on regrettera quand l’automne sera là. » Elle parle de souvenirs, de la Kabylie, d’un grand-père qui a fait sa carrière dans la police… et l’on se croit embarqués dans une évocation teintée de nostalgie.
Point du tout ! En un rien de temps, très loin de la nostalgie, nous voilà transportés dans un commissariat assez improbable, plutôt année 50-60, machine à écrire, téléphone noir en bakélite, bouteille de rouge à portée de main, sachets contenant les indices, tandem de flics (régisseurs), médecin légiste fou (guitariste), commissaire Maigret (percussionniste), coupable qui prend la fuite (pianiste), séance de photos anthropométriques, avocat (Juliette elle-même)… et même inspecteur Gadget ! Juliette mène cette danse avec un humour sans faille.
C’est carrément jubilatoire car toute cette mise en scène n’est que le prétexte au partage de ses dernières chansons, son album Nour. Bien sûr, on y retrouve sa voix percutante dont on ne manque pas une seule syllabe et une orchestration, un habillage différent pour chacune des chansons. Dans les arrangements, les percussions ont une place de choix, pas moins de trois vibraphones sur la scène ! On entendra même une cornemuse sur ce clin d’œil amusé aux chansons bretonnantes : Jean-Marie de Kervadec. Un morceau de choix tout comme cet assassin qui tue parce qu’à chaque fois il est déçu, ou cet hommage aux « Bijoux de famille » où Juliette se fait faussement lascive, elle qui ne manque pas de rappeler au passage qu’elle est lesbienne !
Ce spectacle est à voir absolument. Il confirme l’immense talent de cette chanteuse à l’orée de sa cinquantaine, qui nous emmène dans ses histoires, en levant de temps à autre pudiquement le voile sur la sienne, cette petite fille qui « comme toutes les gamines [avait] peur dans le noir ».
Le site de Juliette c’est ici. Ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’elle c’est là.
Juliette, on peut aller la voir plusieurs fois pas an, c’est toujours neuf et formidablement tonique.
Quelle chance ! Juliette, Higelin et tous les autres , un festival qui mérite le détour …