L’intime de Romain Lateltin, sans chichis
Fini les boitiers cristal, Romain Lateltin soigne les formes, copie sur sa voisine Amélie à qui il pique ses crayons et sort son nouvel et quatrième album dans un très beau coffret rigide renfermant le cédé parmi autant de fiches bristol qu’il y a de chansons et même plus. Le tout illustré avec soin : je vous jure que de toute une pile de disques c’est celui-là qu’on sort pour le plaisir de l’avoir en main.
Ça c’est pour l’emballage : le reste est tout aussi emballant, le consommateur a bon poids de bonnes chansons secouées de mandole, guitare, banjo, ukulélé, harmonica, piano, contrebasse, batterie, percussions, trombone, tuba, charango et washboard. C’est joyeux, enlevé, loin de l’image qu’a longtemps entretenu Lateltin, celle d’éternel râleur made in France, de bougon, ronchon et grognon au sacré carafon.
A chaque disque sa thématique, que relient des instrumentaux. Si son premier tentait l’introspection, le second ‘Elle veut de l’homme) ne parlait que de la femme. Les râles du troisième, on l’a vu, étaient différents.
Là c’est encore changement, réchauffement climatique que jadis il appelait de ses vœux cause aux strings minuscules qu’il aimait ôter. Là, non : Lateltin fait le sage. Il retombe en enfance et chante un temps, ni passé composé ni plus que parfait, qui unit ce qu’il fut et ce qu’il est, comme l’adulte regarde le gamin qu’il fut. Il dévorait des bonbons qu’il achète encore bonbecs et pétards. Ni premier ni dernier, sur les bancs de l’école comme au boulot, cultivant néanmoins l’art du travail bien fait, et des principes et bienséance : « Je n’ai jamais fait à côté du pot / Enfant sage, bien à ma place / Pas de caprices en grande surface / Aucun esclandre, aucun gros mot. »
Il se raconte et nous raconte, en un timbre et un ton qui parfois font songer à Renan Luce. Des chansons douces et sympas, de la bonne humeur… C’est touchant, ça fait comme quand on remonte des boites à musique tirées du passé, trouvées au grenier, et qu’il en sort des petites notes, étrangement familières. Tachan chantait qu’On n’retombe jamais en enfance. Peut-être. Admettons alors que Lateltin n’est pas tombé bien loin.
Le timbre et le ton font parfois presque songer à Renan Luce. Des chansons douces et sympas, de la bonne humeur : chez Lateltin c’est un changement climatique, réchauffement climatique que jadis il appelait de ses vœux cause aux strings minuscules qu’il aime tant ôter. Là, non : Lateltin fait le sage et nous donne des images même pas jaunies, toujours justes, des nouvelles de loin qui nous disent l’homme d’aujourd’hui qui se dévoile ainsi sans chichis. Jamais Romain Lateltin a joué pareillement avec l’émotion : ça lui va pourtant bien.
Romain Lateltin, Pas de chichis entre nous, Amstar prod, 2014. Le site de Romain Lateltin, c’est ici.
C’est vrai qu’on pense à Renan Luce en l’écoutant , et un peu à Thomas Fersen . Mais il est lui, sans chichis, avec une voix qui est loin d’être anémique, et des textes loin d’être indigents, râleur, touchant, enfin un bon chanteur français, comme on les aime .
Merci Danièle pour votre joli commentaire. des mimis et pas de chichi entre nous
Comme il sait nous parler ! Comme il sait nous émouvoir ! Pour moi il ne ressemble qu’à lui-même. Merci et Bravo Mr Lateltin. En espérant que très bientôt, nous soyons plus nombreux à profiter de votre talent et de votre générosité d’artiste
Un article que j’avais raté ! Mais l’album, je viens de l’écouter, et il est bien tel que le décrit Michel : frais, musical, émouvant.
Il est peut-être un peu tard pour le commander pour Noël, mais pour le premier de l’An, vous pouvez tenter !