Un Riffard nouveau, comme vous ne l’avez jamais vu et entendu…
Une première réaction à chaud, après cette production du Train-Théâtre de Portes-lès-Valence « Gare à Riffard » devant une salle bourrée à craquer. J’aurai l’occasion d’en reparler dans ces pages, mais d’ores et déjà, je peux l’assurer : une merveille, une redécouverte d’un Riffard dans toutes ses dimensions d’auteur de chansons, au-delà du Riffard qui jouait sur scène de sa gaucherie et de ses mimiques et faisait rire le public avec sa voix et son personnage autant qu’avec ses interprétations.
Pour élaborer ce spectacle, Gérard Morel est reparti de la matière brute des chansons de Riffard, de son écriture à la poésie précieuse et subtile, de ses musiques aux riches possibilités harmoniques, de son regard à la fois lucide, résigné et doux sur l’Homme et sur la vie. Et pour mettre en lumière toutes ces qualités et donner à ces chansons l’exposition qu’elles méritaient, il s’est entouré d’une équipe pertinente. Anne Sylvestre d’abord qui connaissait et appréciait « Roger » qu’elle croisait dans les cabarets ; elle a été une des premières, après sa mort, à intégrer une de ses chansons, « La margelle » dans son tour de chant de la Potinière. Stéphane Méjean ensuite qui a réalisé une superbe mise en valeur musicale des mélodies fines, variées et originales, qui se prêtent aussi avec bonheur au chant polyphonique. Et puis cette bande de jeunes talents très variés, Flavia Pérez, Zaza Fournier, Thibaud Defever (de Presque Oui) et Hervé Peyrard (de Chtriky), qui ont découvert ce répertoire incroyable et lui ont insufflé leur jeunesse, leur dynamisme et leur sensibilité. Les 27 chansons retenues (soit quasiment les deux tiers des titres connus de Riffard dont quelques uns absolument inédits) s’enchaînent avec fluidité, et chacune est une petite pièce colorée, mise en scène et en harmonie, jouée seule ou à plusieurs, en polyphonie et/ou en dialogue. Les artistes, tout en restant eux-mêmes, se fondent dans l’esprit Riffard, dont ils font ressortir tantôt la gravité (Flavia avec « L’oiseau noir »), tantôt la fantaisie (Zaza et Gérard dans « Jojo de Magenta »), tantôt l’humour (Gérard interprétant « Rendez-moi mon cheval »), tantôt la dimension sociale (Hervé interprétant « Mademoiselle Grand FlaFla »), tantôt la duplicité (Zaza et Thibaud jouant « Un monsieur audacieux ») et surtout l’émotion où la palme revient à Anne Sylvestre toute en nuances dans « J’avais un chat ». Et quand ils chantent tous ensemble à plusieurs voix « l’impossible fortune », ils font découvrir au public médusé un Riffard lucide, à la fois résigné et heureux.
Une photo de Riffard est projetée en permanence sur le côté de la scène, et des extraits d’interviews s’intercalent entre les chansons et ponctuent le spectacle. Ainsi le spectateur a l’impression en permanence d’être convié par un Roger jovial et connaisseur, à la résurrection de ses chansons grâce au talent de tous ces artistes. Ils lui savent gré de les avoir si bien écrites, et nous sommes redevables à tous d’une soirée d’enchantement, d’une véritable fête pour les oreilles, les yeux, l’esprit et le cœur. Admirable.
L’esprit Riffard démultiplié , renouvelé, magnifié , comme ça devait être beau et émouvant en effet ! J’imagine …
Bien d’accord avec toi, François. Ce fut un grand moment, et je te remercie encore de nous avoir poussés à nous rendre au concert du jeudi soir – sans qu’il soit nécessaire de pousser bien fort.
Pendant que Paul était mort de rire à mes côtés, moi j’étais très touchée par « j’avais un chat », comme quoi chacun ressent selon sa propre sensibilité.
Eh non, je ne connaissais rien de ce sacré Riffard. Ce fut donc une découverte, et les chansons elles-mêmes aussi bien que toute la recherche autour ont constitué un magnifique spectacle.
Même s’il ne semble plus programmé dans l’immédiat, j’espère qu’il va tourner, parce que trois soirées, c’est bien loin d’être suffisant pour mettre en valeur un tel travail !
Très bel article, très juste.
Le challenge était osé. Je pensais que les chansons de Roger Riffard étaient indissociables du personnage et je n’avais pas perçu leurs qualités intrinsèques poétiques et musicales. Il faut dire, à ma décharge, que le personnage, c’était quelque chose !!!
La première réussite de ce spectacle est donc de faire vivre (et admirer) ces chansons magnifiques d’humanité, de chaleur et d’humour. Mais le plus troublant peut-être est d’être parvenu à ce que chaque interprète conserve toute sa personnalité. Chacun « s’approprie » l’univers de Roger Riffard et donc ici, « interprèter » prend tout son sens. Ils ne le servent pas seulement, ils le magnifient. Et c’est, pour moi, ce qui rend ce spectacle exceptionnel.
Ce spectacle sera donné le samedi 4 octobre 2014 à Achères (78) à 19h. Réservations :
http://www.fnacspectacles.com/place-spectacle/manifestation/Theatre-contemporain-GARE-A-RIFFARD-ES0O4.htm
Et les adresses des bandes-annonces d’Eric Nadot :
Version courte :
http://youtu.be/7i_HcNT1xXI
Version longue :
http://youtu.be/kY1m3diXgzM