L’Epoque épique de Jean Duino
Plaisirs multiples, ce nouvel album de Jean Duino ! Tout d’abord parce que l’artiste est discret dans un monde où chacun s’impose sans crier gare et que ses interventions sont aussi rares que pertinentes. Ensuite parce qu’il façonne ses textes et ses musiques avec une précision pointilleuse qui donne de l’importance à chaque détail. Il y a du rythme dans ses mots comme dans ses notes, en phase avec le sens qu’il leur donne. Enfin, parce que cet album est illustré par Gatou, sa talentueuse « séraphine gardienne » à qui il consacre une belle chanson d’amour.
Dédié à son ami Moustaki, dont il reprend Si ce jour là, cet album d’une grande qualité est à la fois ancré dans son siècle par les thèmes qui le traversent comme par les couleurs métissées qui l’habillent, et tout aussi intemporel dans la pureté de sa forme et de son style. En son temps, Léo Ferré avait écrit Epique époque. Cette réactualisation de Jean Duino, sur un mode différent, prouve que la forme a changé depuis Léo, mais pas le fond :
« Une République /Daubée qui débloque / Entre les cyniques / Et quelques sinoques / Défend ses caciques /Au cœur sec : un soc ! »
Jean met tour à tour en évidence ces maux récurrents de la société : l’absurdité et la malhonnêteté qui nous imposent les catastrophes écologiques, les tyrannies, les génocides, les abus sécuritaires (Plus jamais ça, Y’en aurait, La Grippe du canard). Pas moins que Ferré, on peut aussi évoquer Brassens et La Prière de Francis Jammes, pour les maux de la terre et pour la forme, mais ici c’est le fond qui change : il n’est plus temps de saluer Marie, mais de se poser la question : Comment être indulgent ?
Sans véhémence, sans drapeau ni slogan, Jean Duino porte un simple regard lucide de citoyen éclairé sur notre monde, sans cacher ses travers, mais sans ignorer aussi ses beautés proches « entre marais et bocage / Juste à deux lieues de l’océan » ou plus lointaines « De l’Ile aux Bambous au Grand Macabou ». Les plaisirs rafraîchissants du Nouvel avril, les émotions enfantines de l’heure des mamans (Récréa’rag) et la petite touche de nostalgie, Entre les rues de l’Hospice et de la Fraternité, confirment la chaleureuse humanité qui se dégage de ses chansons.
super d’avoir cette info, j’avais découvert jean duino au hasard de la toile à l’occasion de son hommage à georges moustaki qui m’avait beaucoup émue
ma modeste contribution : http://coco.cabri.over-blog.com/article-jean-duino-et-l-hommage-a-moustaki-118384628.html … en espérant que le lien fonctionne et que vous serez indulgents : n.b. je ne suis pas journaliste !
Ah ben voilà coco, c’est le lien que je voulais mettre ! Merci !