Festival Trenet de Narbonne : la bonne combine de la maire-adjointe
En cette période pré électorale, certaines informations se doivent d’être cachées. Et du côté de Narbonne on s’y emploie…
Narbonne ? Nous y retournons ! En octobre dernier, dans le cadre du Festival Trenet « Y’a d’la joie ! » se déroulait – fait rare dans les annales du spectacle – une quasi émeute au théâtre municipal lors d’une soirée qui était annoncée comme un concert de Charles Aznavour (où les spectateurs étaient parfois venus de loin pour l’événement) et que ne fut qu’une Carte blanche (de Charles Aznavour) à trois artistes : Alexis HK, Agnès Bihl et Yves Jamait. Malgré la participation effective, en fin de soirée et pour cinq chansons reprises au répertoire du fou chantant par Charles Aznavour, il y avait manifestement mensonge sur l’étiquette, volonté manifeste par l’organisateur municipal (et non par Aznavour) de tromper le public (lire nos articles d’alors) : à tel point que la Ville de Narbonne décidait, le lendemain, de rembourser le billet aux spectateurs (lire ici d’utiles précisions du site Anticor). La plupart d’entre eux se sont fait effectivement rembourser. Un fiasco ? Pour peu, on parlerait d’escroquerie.
Fin de l’incident ? On le croyait. Mais un train peut en cacher un autre…
Ce Festival Charles Trenet (rappelons ici que Charles Trenet est né à Narbonne il y a cent ans) est une initiative de la sixième adjointe de la municipalité de Narbonne, Marie-Claude Eglessies, « déléguée au tourisme, aux relations internationales et aux animations. » Notons sans rire que l’organisation d’un tel festival relève dans cette commune, non de la délégation à la Culture mais de celle « aux animations ».
Qu’apprend-t-on ?
Que cette adjointe, qui a créé le festival au début de son actuel mandat, en tant qu’élue donc, a pris soin, le 22 décembre 2011, de déposer le titre du festival à son nom personnel à l’Institut national de la propriété industrielle, sous le n° 3878627 (c’est vérifiable par tout le monde sur le site de l’INPI). En son nom propre et non à celui de la Ville. Elle en est donc la propriétaire. Choquant, non ? Résumons : en tant qu’ajointe aux animations, elle a créé, sur fonds publics (1), un festival dont après coup elle s’arroge la propriété et dont elle pourra négocier les droits à son seul profit. Car elle peut faire monnayer au prix fort ce festival dans l’avenir.
Si la municipalité actuelle perd les élections dans quelques mois, Marie-Claude Eglessies peut interdire au nouveau pouvoir municipal la poursuite de ce festival ou – c’est plus intéressant – lui vendre cher ses supposés droits ;
Si l’actuel maire et future tête de liste veut se séparer de cette co-listière à l’éthique pour le moins légère, elle peut agir de même ;
Dans tous les cas de figure, viendra le temps, demain ou bien plus tard, où Marie-Claude Eglessies ne sera plus adjointe : elle sera toujours propriétaire d’un festival financé par les contribuables narbonnais.
C’est moralement inacceptable.
Est-ce ainsi que l’on fait de la politique ? Que l’on s’approprie vénalement un bien commun ? Qu’on traite la culture ? Comment les élus majoritaires de Narbonne peuvent-ils se solidariser de tels comportements ? N’est-ce pas ainsi que l’on détruit le crédit des élus et que, petit à petit, on amène l’extrême-droite au pouvoir ?
Le sujet est plus complexe encore, aux ramifications diverses. C’est dire si on lira avec gourmandise le dossier de nos confrères d’Anticor11 à ce sujet. On lira aussi la pertinente analyse de Michel Santo sur son blog « Contre-regards ». Et si vous avez aimé cet article, vous adorerez celui d’il y a deux jours sur la vente du Printemps de Bourges : c’est ici et on y parle à peu près de la même chose.
1. Le coût du festival Charles-Trenet 2013 serait de 860 596 euros, dont 660 301 euros viendraient de la Ville, 35 000 euros du Conseil régional et 25 000 euros du Conseil général. L’autofinancement (billetterie, dîner de gala, participation de la Sacem et de partenaires privés) n’y entre que pour 140 295 euros, soit environ 16.3 %.
Etant donné la période pré électorale, c’est peut-être le moment de faire un tour d’horizon de la façon dont la culture, et la chanson, sont (mal)traitées dans nos bonnes villes de France
Quelques éclaircissements peut-être sur cette affaire avec
http://anticor11.org/?p=8848
Lu attentivement l’article de Michel. Il en ressort un truc hallucinant : quelqu’un devient propriétaire d’un événement payé par les deniers publics et peut tirer un important bénéfice financier du fait d’avoir inventé les mots « festival Charles Trénet »(génial, non, le concept ? et original !), festival payé par les impôts locaux ! je trouve ça carrément sidérant, inouï, y a pas de mots !
Bon sang, mais c’est bien sûr ! Tiens, je vais me présenter sur la liste d’union de la gauche de ma commune et je vais créer un festival Fernand Raynaud à Mozac !
Eh bien, il me semble que si la mairie se désolidarise de Marie-Claude Eglessies, je veux dire si cette ma’ame prend sa veste, il suffirait à cette municipalité de déposer le « festival Trenet Charles » ou « festival Charles » ou même « le festival à la mémoire de Charles Trenet », etc, etc.
Non ?
S’il y a une réelle volonté de ne pas la suivre, j’ose espérer (je sais, je rêve !) qu’elle ne sera pas suivie par la ville de Narbonne et qu’elle ne se remplira pas les poches.
Qu’en pense la ville de Narbonne ? C’est ce que j’aimerais bien savoir. Même pas scandalisée, si ça se trouve, contrairement à moi.
Ne devrait-on pas demander son avis à Jean Rambaud, aujourd’hui responsable d’une chaîne hôtelière en Nouvelle Calédonie, d’après ce que j’ai trouvé dans l’Indépendant ?http://www.lindependant.fr/2013/05/11/jean-rambaud-tres-fidele-en-amitie,1753625.php
‘Charles avait des clés pour ouvrir des portes dont l’accès est réservé aux poètes’.
C’est fou ! Si peu de commentaires sur un fait si grave ! Vous dormez ou quoi ? C’est est fini de la justice et de l’honnêteté ou quoi ? Cette adjointe d’une municipalité socialiste triche sous vos yeux et semble se préparer un pactole avec l’argent des contribuables narbonnais (plus de 600 000 euros pour le festival 2013, c’est tout de même pas une paille !) et vous ne réagissez pas ! Comme si tout était normal ! Comme si on pouvait continuer ainsi sans risque ! Que la justice fasse son œuvre, que cette majorité-là tombe aux prochaines élections (vu la gravité des faits ça ne pourra être pire ensuite). Vous les amateurs de chanson de ce site pas comme les autres, réagissez, soyez citoyens, dites que de tels comportements ne sont pas, ne sont plus acceptables. Mais dites-le !
effet Noêl ? c’est vrai que c’est ramollo… un précédent article sur Narbonne et le mauvais coup fait à Aznavour avait battu des records sur Agoravox, et hier, un article refaisant une synthèse avec le Printemps de Bourges et ce nouveau rebondissement n’a aucun écho…
C’est sympa, ta colère, Sarah, mais que veux-tu qu’on dise ? Qu’on vienne remplir ici des pages pour avoir la satisfaction de l’ouvrir ?
Pour ma part, j’étouffe de plus en plus à mesure que je m’informe (gn’y a pas que la chanson, hein ?) sur nos dirigeants, entre autres, sur la façon dont les plus démunis sont malmenés, méprisés, dont les plus riches s’enrichissent davantage et dont les plus malheureux s’enfoncent dans la précarité ou autres déboires insurmontables (oui, « déboires » n’est pas le terme le plus adapté, c’est un peu faible).
Sur la façon dont nous acceptons, en masse, même si pas de gaieté de coeur, ce poids qui nous écrase chaque jour un peu plus, que ce soient les pollutions et la remontée en flèche des cancers, nos lendemains nucléarisés, ou le monde de plus en plus « policé », je veux dire fliqué bien entendu.
Même si je suis nulle en histoire, j’en sais suffisamment pour voir comment les choses se répètent même dans un monde qui change. Les choses se répètent mal : il y a eu des époques où la lutte sociale consistait à avancer et non à reculer pas à pas comme aujourd’hui, où la fraternité était lourde de sens…
Vu de cet angle-là, la chanson c’est super important pour redresser la tête et conserver/retrouver sa dignité, pour être humain « en profondeur », mais ce n’est pas suffisant.
Sarah, Kaly, merci d’être là, présents… vos commentaires résument assez bien ce que j’aurais envie de dire. Trêve de Noël ? Pourquoi pas en effet … moment de repli, de refuge à l’ombre des sapins de Noël. Moment de retour à l’enfance, à nos familles et n’est – ce pas salutaire aussi ? Ne faut-il pas s’accorder ces temps là pour prendre un peu d’oxygène et retrouver l’énergie d’affronter ces réalités qui n’épargnent rien, pas même la culture, pas même ce monde de la chanson que nous aimons.
J’ai la prétention de penser que du côté de Bourges ou de Narbonne on aura lu, on saura… grâce à nous, grâce à d’autres médias d’alerte même si nous en avons peu la perception d’ici.
Au fond, ces révélations me donneraient encore davantage de raisons d’œuvrer comme je le fais à hauteur d’hommes simples, d’hommes et de femmes de mon village, de mon petit département de Midi-Pyrénées.
Comme Kaly; je pense qu’il est de plus en plus difficile de rester debout dans un monde où tout le monde s’en fout , où tout va de plus en plus mal , et où chacun essaye de survivre . Que faut il faire ? Que faut il dire ? Oui, je suis indignée par ces comportements égoïstes de gens qui profitent des contribuables français pour s’enrichir personnellement, comme cette adjointe au maire de Narbonne,et comme beaucoup d’autres .
Pour moi, il n’y a qu’une solution, le vote démocratique, mais quand le vois le score que fait le parti pour qui je vote, je me dis que les français sont des moutons, aveuglés par la propagande, et qu’ils ne sont pas prêts pour faire changer les choses .