Bourges : qui veut mon festival à 2 millions d’euros ?
Ainsi donc le Printemps de Bourges change de mains : jeux de mains, jeux de vilains… Son co-créateur Daniel Colling (futé qu’il est, c’est lui qui naguère a déposé le nom du Printemps de Bourges au nez et à la barbe de ses co-copains) le vend à celui qui a déjà dans son escarcelle Les Francofolies de La Rochelle rachetées fin 2004 à Jean-Louis Foulquier. Il y a beaucoup de sous en jeu, beaucoup. Pour Bourges on parle d’1,5 million à 2 millions d’euros : eh ! on est dans le bizness !
S’il y a un chiffre que j’aimerai connaître et que, sauf à analyser et additionner tous les comptes administratifs de l’Etat et des collectivités territoriales des trente-sept dernières années, nous ne saurons jamais : combien a coûté depuis le début l’aventure du Printemps de Bourges, de sa première édition de 1976 à maintenant ? Je veux parler de l’argent que, année après année, le contribuable a mis dans ce festival (et je ne parle pas ici de la billetterie), ce pactole public sans fonds, ces subventions régulières et exceptionnelles (qui épongeaient les déficits et il y en a eu !), ces crédits d’investissement, les frais annexes… tout ça ne confère-t-il pas un droit, une propriété, au contribuable puisqu’il y a payé ? Car sans cet argent, ces espèces sonnantes et trébuchantes de la Ville de Bourges, du département du Cher, de la région, de l’Etat et que sais-je encore, ce festival n’existerait plus depuis longtemps. A l’heure de la transaction, le contribuable est le baisé, le cocu de l’histoire : c’est lui qu’on prend pour un con. D’autant plus que, pour que le Printemps de Bourges reste à Bourges, ne doutez pas une seule seconde que mairie, canton, département, région et pays abonderont encore longtemps en subventions. Et les bénéfices ne seront partagés entre actionnaires. C’est aussi beau qu’émouvant, l’économie mixte…
Nous en sommes pas grand’chose, nous, avec nos envies de chanson (chanson qui a présidé à la création de ce festival mais qui est désormais traitée comme une merde), avec nos émotions devant ces froids calculs de capitalistes qui, soyez en sûr, ne font pas de programmation rien que pour vos beaux yeux mais en fonction de ratios, de taux d’occupation, de vedettes, de stars même, d’une notoriété qui se négocie chère et rapporte au moins autant.
Mais, nous, public, ne sommes pas sérieux non plus : si nous arrêtions d’acheter le moindre billet pour Bourges, pour ce festival comme pour tous ces mégas festivals qui sucent l’argent public en s’en foutant plein les fouilles, pompent nos poches et ne nous refourguent que du produit de grande consommation aussi vulgairement qu’on gave les oies ? Alors les beaux actionnaires de ces festivals boufferaient depuis longtemps à la soupe populaire. Chiche !
Michel,
Jean-Louis Foulquier encensé,
il y a peu,
Daniel Colling « enterré »,
aujourd’hui…
Les 2 ont vendu,
leur « bébé »…
…où est la différence ?
en ce qui concerne Foulquier, j’ai fait un bref topo, je précise que je n’ai su qu’en 2004 que c’était une affaire à son nom, tant les Francos fonctionnaient selon un mode associatif, loin de tout mercantilisme. Faut bien dire que je m’intéresse peu au côté fric-coulisses, mais l’esprit « Francos » selon les artistes qui faisaient les festivals, c’était « autre chose » une sorte de famille;..
Je n’ai pas eu l’occasion d’aller au Printemps de Bourges, en revanche, les Francos, j’ai pas mal fréquenté. En gros, c’était la propriété de Foulquier, autofinancé à 80%, et la part de subventions données par la Ville ou la région était assez largement justifée par toutes les actions éducatives destinées aux publics juniors, d’autre part, la salle Bleue réservée aux découvertes offrait des places à 25 frs dans les années 95-2000, soit 3,50 € environ. Et pas pour des spectacles au rabais.
Plusieurs années le Magic Mirrors a proposé des spectacles en création, gratuits. Ce qu’on retrouve depuis la reprise des Francos par Morgane, pas mal d’actions et de spectacles dans la rue, gratuits. Sinon, quelqu’un qui dépose à son nom ce qui a été une oeuvre collective, ça ne manque pas d’exemples, avec Indochine ou Téléphone … par exemple …
Au début,
oui,
Je suis entièrement d’accord avec toi, Norbert.
J’ai aussi « fréquenté » les Francos, il y a 30 ans.
Puis, il y a 25 ans, durant mon « escapade » parisienne,
je faisais quand même la route pour y être.
Puis, revenu, pas très loin,
j’y suis allé,
une dernière fois …
… déçu.
Bourges,
c’est la ville,
pas une insulte !
J’avoue que je n’en connais que les échos,
mais ado que j’étais,
cela « raisonnait » en moi,
au point d’avoir envie,
d’avoir envie.
« Si papa, si papa, si… »
Il en est de même pour tous les festivals , petits au début et qui deviennent grands . On pourrait se réjouir du succès de ces festivals qui font connaitre des chanteurs à un public très divers, si il n’y avait pas, en effet , cette récupération à coups de millions d’euros . Je n’aime pas trop les foules, je préférerais par exemple aller à un festival comme celui de Concèze, d’après les extraits que j’ai vus dernièrement sur ce site , c’est tout ce que j’aime , poésie, chanson, et dimension humaine .
Point de vue excessif… Peu argumenté… Pétri d’idéologie… Et qui repose sur des informations fausses car rien ne dit que le Printemps de Bourges a effectivement été vendu aux propriétaires des Francofolies :
http://www.lanouvellerepublique.fr/France-Monde/Actualite/Economie-social/n/Contenus/Articles/2013/12/17/Le-Monde-confirme-le-rachat-du-Printemps-de-Bourges-1728415
Par ailleurs, effectivement, quand Jean-Louis Foulquier avait cédé les Francofolies (pour un montant jamais dévoilé, bonjour la transparence !), cela avait aussi créé du débat car la problématique était exactement la même.
Autrement dit, à en croire M. Gabriel, Daniel Colling qui vend le Printemps de Bourges, c’est un scandale. Et quand c’était Jean-Louis Foulquier, c’était plus vertueux parce qu’y régnait un autre « esprit »…
On pourrait aussi parler de pléthore de projets privés qui ont bénéficié de subventions publiques (parfois énormes) et qui ont été revendus ou le seront…
Vous devriez lire plus attentivement, je ne porte aucun jugement sur ce qui se passe au printemps de Bourges, et sur les à-côtés, j’ai simplement précisé que les Francos de La Rochelle étaient une entreprise (disons les choses comme ça) créée par Foulquier avec des financements garantis par lui.
Donc il était maître à bord d’un festival autofinancé à 80% et soutenu par la ville et la région pout le reste.
Alors que le Printemps de Bourges a été créé par 3 personnes, Daniel Colling, Maurice Frot, et Alain Meilland.
(Il a été créé par Daniel Colling, Alain Meilland, chanteur et comédien, et Maurice Frot, ancien collaborateur de Léo Ferré avec le concours d’Ecoute s’il Pleut (Société Civile d’artistes associés créée par Daniel Colling, Maurice Frot, Alain Meilland et Daniel Bornet).
Dans l’article que vous citez, il est question aussi pouvoirs publics pour Bourges, les données sont donc différentes, le festival n’appartient pas qu’à Daniel Colling. Et dans ce cas une transparence semble logique, ce qui est différent d’une cession entre deux structures privées.
Quand j’évoque l’esprit des Francos, c’est ce que disent la plupart des artistes qui y ont été invités, et si vous avez eu l’occasion de comparer des festivals du même calibre, vous devez savoir ce qu’il est est.
Réponse à Antoine
1. Idéologique, oui, et froidement comptable ! Vu ce que les pouvoirs publics ont donné depuis 37 ans, on peut se demander à qui appartient cette manifestation !
2. A l’époque où JL Foulquier a vendu Les Francofolies, NosEnchanteurs n’existait pas : ne faites donc pas de procès malhonnête. Si nous avions existé nous aurions tenu les mêmes propos pour les mêmes raisons (ça ne nous empêche d’ailleurs pas de profondément estimer Foulquier, principalement l’animateur radio, le chanteur et l’acteur)
3. Je suis d’accord avec vous pour parler de pléthore de projets privés qui ont bénéficié de subventions… Je ne parle pas pour autant des associations pour lesquelles les membres de CA ne touchent aucun dividende.
4. C’est le quotidien Le Monde qui confirme cette vente. Si, au final, ça ne se faisait pas, ça ne nous empêche pas d’engager le débat qui est à mon sens un débat citoyen très important.
Ceci étant dit, le Printemps de Bourges a vécu si longtemps avec les fonds publics mais surtout parce que Daniel Colling (qui a un réseau comme pas permis) a tenu le bateau (bien ou mal, là n’est pas la question) pendant 37 ans LUI! Il a réussi à le faire évoluer, le Printemps de Bourges est une entreprise et c’est assumé.
Si les entreprises ne doivent plus bénéficier de soutien des collectivités sous peine de se voir retirer la propriété, nous rentrons dans une ère dictatoriale… Plus rien n’appartient à personne car tout le monde y a mis des billes, mais combien de personnes savent gérer ce genre de projet?!
Cela veut-il dire qu’il faut refiler le bébé aux collectivités qui vont le plomber en 3 éditions?! Je préfère que Morgane production gère le projet car ils savent faire c’est leur métier.
« Cela veut-il dire qu’il faut refiler le bébé aux collectivités qui vont le plomber en 3 éditions?! Je préfère que Morgane production gère le projet car ils savent faire c’est leur métier. »
Sur ces points, je suis entièrement d’accord avec vous, Morgane serait le bon choix, en espérant qu’ils remettent un peu plus de chanson francophone, ce qui était la vocation du Printemps de Bourges au début. A contrario, si Morgane cédait à la tentation de l’anglomanie galopante, avec deux gros festivals dans ses tiroirs, ce serait très préoccupant pour la création francophone … qui pourrait demander asile politique au Sénégal … ou à St Pierre et Miquelon …
Il font quand même du super boulot avec les chantiers des francos, tout n’est pas tout noir
et ne pas oublier « Les enfants de la zique » , qui met gratuitement à la disposition des enseignants des cahiers thématiques sur la chanson, des initiatives vers le jeune public qu’on aimerait voir plus souvent.
http://www.francofolies.fr/educ/edition/
Je ne connais rien- ou presque- de la chanson, mais comment ne pas se souvenir de mon copain Proudhon, pour qui
« la propriété, c’est le vol ».
Articulé lentement, et susurré avec délectation, cette petite phrasounette remet les pendules à la bonne heure, celle de la chanson, entre instants brillants et éternités tranquilles.
Ouais, comme tu dis, l’absence de profit permet le pluriel de l’éternité.
Pour l’heure, buvons, vite, et pour un peu moins de 2 millions, s’il vous plait: je suis un peu à court, ces temps-ci.
Le (mas)Sacre du Printemps ? Igor n’aurait pas aimé…
Le Printemps de Bourges, c’est fait, rachat par Morgane Prod
http://www.lanouvellerepublique.fr/Toute-zone/Loisirs/Fetes-festivals/n/Contenus/Articles/2013/12/24/Le-Printemps-de-Bourges-a-change-de-mains-1736894
(un détail dans l’article : « Hors communication, la subvention régionale est de 300.000 euros. L’architecture financière du Printemps : un tiers billetterie, un tiers sponsors et un tiers collectivités. »)