Paamath, un vibrant appel au partage
Paamath, 12 décembre 2013, Le Bijou à Toulouse,
Pape Amath N’Diaye en scène ce soir là, quand le monde entier chante les louanges de Madiba, l’homme noir qui prêcha le pardon et fit grandir son peuple, c’est comme un signe. Une chance, plus sûrement.
Premier signe de partage : Paamath, ouvre son concert en présentant ceux qui l’accompagnent : Baye Cheikh M’Baye aux percussions et Jean-Paul Raffit à la guitare, pour une première fois. Puis, autre signe de partage, c’est vous qu’il accueille, vous, son public, en vous invitant à l’amitié, aux liens vibrants et sonores avec ce qu’il donne de sa voix et de sa guitare. Il vous invite à la création de cet instant éphémère, celui de la rencontre entre lui et vous.
Très vite s’installe cette invitation au voyage des sons de l’Afrique, mariée aux vibrations de la guitare électrique à laquelle Paamath laisse à plusieurs reprises toute son amplitude. Vous fermez les yeux et comme l’a chanté le poète, les murs s’écroulent tranquillement, les vitres redeviennent sables… Comprenez : tout ce qui vous entrave disparaît et l’oiseau lyre peut vous emporter sur ses ailes. Votre corps est pris de cette envie de danser comme celui de Jean-Paul Raffit littéralement transporté à la guitare : son corps tangue, les traits de son visage soulignent toutes les émotions, jusqu’à l’extase, tandis que Paamath danse littéralement bien que resté assis sur sa chaise.
Lorsque le chanteur use seulement de sa voix, subtilement accompagnée des percussions, multipliée par les pédales de sa « loop station », vous pourriez croire que tout un chœur d’hommes et de femmes a fait soudainement irruption sur la scène. Sa langue est celle de ses origines sénégalaises, l’Ouolof, mais aussi le français et le Buru, cette langue de l’émotion, née de son imagination, cette langue qu’il veut libérée de toute signification pour n’en conserver que la quintessence : la musique.
Je garde au cœur le souvenir de la chanson dédiée à son père, chanson titre de son premier album solo sorti en 2010 Gaïnde N’Diaye, l’appel à la sérénité, à la Paix, Tillié, mot que nous avons repris avec tellement de chaleur et Les Objets Pénitents, poème poignant qui s’adresse à son amie disparue, avec laquelle il formait le duo Buru : La table, la chaise et le banc / qui ont oublié leurs vieux ans / et même le miroir en face / avaient pour toi des yeux d’amant… lorsque reviendra le printemps/ nous ferons tous semblant d’y croire / et nous chanterons doucement / en souvenir de ta mémoire autour de la coupe en grès blanc, avec les objets pénitents.
Ce concert de Paamath est à lui seul une réponse à tous ceux qui voudraient enfermer la Chanson dans un carcan, la restreindre à un style univoque et sectaire. Je ne peux que me réjouir, en ces temps où l’on aime attiser la peur de l’Autre, de vous faire partager ces moments d’envoûtement.
Le site de Paamath c’est ici. http://www.dailymotion.com/video/xykbaz
Et c’est une belle rencontre , toute d’émotions et de chaleur humaine, à réveiller des soleils qu’on croyait morts , à faire chanter le choeur des bois :
» Le bois mort n’est pas mort. Il crie sa peine
Dans nos maisons,
Ou parfois chante sa forêt lointaine
A chaque saison. «