Le Moal pour le bien
Vous ne le connaissez pas l’instant d’avant, vous posez le cédé sur la platine, appuyez sur play. Et là c’est magique : un peu l’addition de Bill Deraime et de Jacques Higelin dans ce qu’ils ont de meilleur, un qui a le blues et le chante : « Tous se dérobe autour de nous / Tout disparait / Tu disais quoi ? / Tout se dérobe autour de moi / A propos de sables mouvants / En t’enfonçant tu disais quoi ? » Etats d’homme, états d’âme, le chant de Le Moal a beau charrier sans compter sa part de nostalgie et de désillusions, d’un monde cruel et étrange, il est paradoxalement chargé d’une singulière énergie.
Malgré une discographie régulière depuis 1997 (Au bord du monde est son cinquième album), le toulousain Paul Jacques Le Moal nous est inconnu et ce n’est pas la bio affichée sur son site qui nous éclairera, fantaisiste qu’elle semble être, voyageuse comme les notes dont il nous gratifie. Qu’importe. Le plaisir est à conjuguer au présent et ce disque-là est en conséquence des plus précieux.
« Cet album se veut le résumé d’un complot tramé sans répit depuis deux décennies afin de mélanger racines musicales américaines et textes français non labellisés « chanson française » ! Projet solitaire… au bord du monde » nous instruit Le Moal. Si son discours sur le label nous est quelque peu étranger, un rien abscons (si ce n’est pas de la chanson française, je ne sais pas ce que c’est), convenons que sa langue sonne bien aux racines dont il se revendique. Un disque enregistré au Québec et produit par le songwriter Alan Gerber avec, entre autres, la participation sur quatre titres de l’harmoniciste Jim Zeller : des références qui valent leur pesant d’or et d’expérience. Un enregistrement chaleureux (ça se sent) que Paul Jacques Le Moal met en exergue, qui contraste avec « les difficultés rencontrées dans notre vieux pays lors des tentatives de mise sur pieds d’un projet se voulant personnel. » C’est dit. Ce n’est pas la première fois qu’un album difficile à réaliser parvient à nos oreilles : ce serait même rare constance désormais pour qui n’est pas sous confortable label (et encore…). Celui-ci est une vraie, une grande réussite, jolie pièce à venir de votre discothèque perso.
P.J. Le Moal, Au bord du monde, autoproduit, 2013. Le site de P.J. Le Moal, c’est ici. En écoute sur Soundcloud, c’est là.
Ben voilà, je n’ai pas posé le CD sur la platine, car je n’en ai pas encore de lui, mais j’ai cliqué sur les liens , et c’est magique ! il ne manque rien , même pas un air d’harmonica , le blues de Bill Deraime et une voix qui rappelle celle de Jacques Higelin . . . » dans ce qu’ils ont de meilleur » . Et sa bio , c’est une drôle d’histoire ésotérique . La clé est peut être dans ses chansons …
Je ne connaissais pas : quelle belle découverte que ce monsieur Le Moal ! Bravo
Eh bien moi, il me fait plutôt penser à Eddy Mitchell…
merci de nous avoir fait découvrir, c’est tout ce que j’aime !
Une alchimie rare: des textes ciselés ou les phrases sont souvent à double sens, comme le blues les affectionne, derrière lesquelles se cache un humour parfois glacé, servis par une guitare superbement maitrisée (tout en accords ouverts) dont on ne parle étonnamment pas..
Un grand bonhomme qui se décide enfin à sortir du bois.