Arbon et Pagès, chansons panoramiques
Arbon et Frédéric Pagès (photo DR)
Frédéric Pagès et Arbon, 23 novembre 2013, Paris, 6e arrondissement,
Un appartement en plein cœur de Paris, au 9e étage, concert dans les étoiles. Nous sommes à deux pas des jardins du Luxembourg. Sur un flanc, la Tour Eiffel et la tour Montparnasse ; sur l’autre la Madeleine et l’Opéra, au loin le Sacré-Cœur… Là, en cette vigie parisienne, ce refuge de cartographe, Frédéric Pagès, le plus brésilien des chanteurs français, invite Jean-Pierre Arbon : récital à deux dans ce cadre étonnant qui n’en est pas moins familial.
CENT CHANSONS D’ARBON
Alors que son quatrième album devrait sortir au premier semestre 2014, les vers d’Arbon se réfugient dans le confort d’un recueil de papier. Ça se nomme « Cent chansons » et c’est édité par Pias & Partners. Cent chansons, sans musique, dont pour nous, qui ne connaissons que sa production discographique, pas mal d’inédits qui élargissent singulièrement l’art d’Arbon. « Des mots d’amour et des chansons / C’est bien là tout le nécessaire / Tout ce dont nous nous nourrissons / Des mots d’amour et des chansons. »
A l’accordéon, Pascal Pallisco. La chanson de Frédéric Pagès, le « mulâtre blanc », est empreinte de sons d’ailleurs, de mystère aussi, jungle de mots aux vers drus dans lesquels on tente de se frayer un chemin, découvrant chaque fois des formes, des couleurs et des odeurs différentes. Autres latitudes : « Je suis dans la danse étrange / La comédie des erreurs / Je suis dans la main de l’ange / Entre délices et terreur. » De son art si particulier, si attachant, Pagès sera économe, privilégiant son invité, le questionnant, lui offrant sa scène. C’est vrai qu’ils se ressemblent ces deux-là, Pagès et Arbon. Pas tant dans leur répertoire si ce n’est, ici et là, le voyage. Ni dans leur passé, non… Mais dans une idée de leur art, de la liberté. Sans nulles entraves, leurs chansons prennent le large… « Nous avons quitté la carrière, nous avons renoncé à l’ambition pour des mots d’amour et des chansons. »
La poésie de Pagès va plus naturellement se nicher dans le temple végétal de l’Amazonie, adn bousculé de rimes brésiliennes ; celle d’Arbon se love dans l’eau de La Fontaine, dans la sagesse de fables qu’il aime à poursuivre, à marier avec l’esprit de Brassens. La géographie des émotions est ici bousculée. Aimé Césaire, les routes de Kama kata, Le Prado et Bruegel, des mots-tambour… échanges de textes, de rôles et de voyages. D’amitié surtout. « Qui réinventera le nord, le cap et la boussole ? Qui réinventera nos vies ? »
Griserie de vers et de verres, soirée hors des clous, hors du monde presque, loin des petits et grands cercles de la chanson. L’air est vivifiant, Paris brille de tous ses feux, les notes font leur effet qui se prolonge en nous en une belle et douce poésie.
Le site de Frédéric Pagès c’est ici ; celui d’Arbon, c’est là. Arbon et Marie-Christine Barrault dans leur spectacle « La Fontaine/Brassens » le 29 novembre 2013 au Studio Raspail à Paris 14e : on en découvre un passage ici : 
Mais où est donc ce haut lieu magique où l’on a une des plus belles vues de Paris et d’où l’on peut décoller pour un voyage en chansons vers d’autres latitudes ? Vers un ailleurs étrange ? Jusque dans les étoiles ? Avec ces deux troubadours baladins ? L’un nous menant au Brésil ou dans la forêt amazonienne dans un vieil autocar brinquebalant, l’autre « avec des marronniers à un voyage autour du monde » ? Comme on aimerait faire partie de ces initiés invités au voyage, autour d’un verre , » des mots d’amour et des chansons » …
C’est chez un particulier…
Un Chant’Appart
!
Au sujet de l’expression le « mulâtre blanc », ce serait bien de citer l’auteur à l’origine de ce beau ‘surnom’, il me semble que c’est l’auteur Luc Melmont, très discret (ça change des blogueurs qui se mettent en avant) qui a écrit beaucoup (et peu moins maintenant) sur la chanson francophone, de Véronique Pestel à Jann Halexander, en passant par Jean-Pierre Réginal à travers deux blogs, souvent cités en référence. Cette expression n’avait pas été créée par hasard, et l’auteur a été l’un des premiers à parler d’artistes chanteurs en langue française en dehors des clans, courants qui n’étaient pas forcément valorisés dans les autres médias (blogs, journaux etc) estampillés Chanson. Et qui a souvent été critiqué pour ne pas hésiter à parler aussi de Leprest que de Farmer, décidant de ne pas faire de hiérarchie. En France, incontestablement, il a fait partie de ceux qui ont contribué à faire connaître les oeuvres de Frédéric Pagès (une très longue et passionnante interview à lire sur son site).
http://lucmelmont.canalblog.com/ (Culture, chanson, en général)
http://chansonculture.canalblog.com/ (noirs et métis de la chanson française)
Merci pour vos commentaires et pour l’intérêt que vous portez à mon travail. Comme vous le savez bien, il est devenu difficile de faire entendre une chanson qui n’est pas dans les normes du « marché musical ». D’où l’idée (et parfois la nécessité) de trouver des lieux alternatifs pour organiser des spectacles. En l’occurrence ces « Concerts dans les nuages » en appartement dont il est question ici sont privés mais ils sont ouverts à tous. Si vous désirez assister aux prochains, envoyez moi votre contact mail et je vous tiendrai informé(e)s. A bientôt. Frédéric Pagès/ frpages@yahoo.fr
PS: En mars prochain nous fêterons Nougaro, 10 ans après qu’il se soit fait la belle pour aller faire swinguer le choeur des anges.
Il n’y avait pas de meilleurs mots pour parler de ce spectacle que j’ai eu plaisir à voir et écouter. Cette rencontre a été riche en émotions et découvertes. La place a été grandement occupée par des chansons qui se croisaient, se complétaient, se répondaient les unes aux autres sans jamais la moindre confrontation. Ces deux auteurs et interprètes viennent, comme le souligne Michel Kemper, d’univers différents et pourtant ils ont un (parmi d’autres) point commun : l’amour des beaux textes et une musicalité qui les rend profondément attachants.
Je vous recommande d’aller voir le spectacle LA FONTAINE / BRASSENS qui réunit sur scène ARBON et MARIE-CHRISTINE BARRAULT ce vendredi au studio Raspail à Paris
Vous pouvez également nous écrire pour être tenu informé des prochains « concerts dans les nuages » et suivre l’actualité de nos artistes : 5mondes.management@gmail.com
Qu’elle riche idée d’avoir associé un spectacle avec « La Fontaine et Brassens »
Ces deux là , je les ai toujours mis dans le même sabot (d’Hélène bien sûr )
Passionnée par les fables de l’un et la poésie de l’autre
Je ne m’en lasse pas..
Merci pour ses extraits qui nous mettent l’eau à la bouche.
L’eau d’une Claire Fontaine bien sûr…..
Et Brassens aurait très bien pu chanter certains contes grivois de Lafontaine , qui ont été censurés pendant des siècles . Il y a là matière à chansons !
Arbon sera au Festival Le quesnoy en Chanteurs -Nord-en Mars 2014 ! Si ça vous chante !
Il a vraiment comme on dit « une belle écriture » …
Ps:l’article est génial aussi et on a vraiment envie d’aller les voir en vrai sur scène : Mission accomplie,M.Kemper !