Hermon revit Ferré dans son Bobino 69
Michel Hermon chante Ferré, 22 novembre 2013, Hall de la chanson, Paris,
L’idole, L’été 68, Marizibil, Pépée, La révolution, A toi, Vingt ans, C’est extra, Petite, Madame la misère, Ils ont voté, Les anarchistes, Ni dieu ni maître… S’il ne fallait retenir de Léo Ferré qu’une seule date, qu’un rugissement, qu’un récital, qu’un enregistrement, ce serait celui de cet après mai, en ce mythique Bobino 69, à quelques jets de pierres du quartier latin, quelques pavés d’un rêve brisé, quelques votes d’une France rentrée tête baissée dans sa bergerie, quelques souffles d’un gaullisme sur le déclin. Un Ferré à la croisée d’un désenchantement collectif et de drames personnels ; un Ferré seul en scène (avec son pianiste Paul Castanier), un Ferré galvanisé, transcendé, le Ferré qui, par C’est extra, conquiert un public beaucoup plus jeune, qui revient sur les événements, LE Ferré qui pour toujours restera dans la mémoire d’une chanson hantée par cet anar monégasque.
Quarante ans et des bricoles après, Michel Hermon ose reprendre ce récital-là, exactement le même, même ordre des chansons. Comme quand, au théâtre, on joue un grand classique. Là, ce n’est ni un Molière ni un Corneille : c’est un Ferré, qui plus est dans sa meilleure pièce : des mots, des vers, des chansons qui, tous, pèsent leur poids d’importance, de révoltes et de récoltes, de dégoût et d’espérances.
« C’est mon Léo Ferré à moi, celui que j’ai découvert sur scène à ce moment-là. J’avais vingt ans, j’aimais ses chansons depuis toujours et j’ai eu ce soir-là un des chocs artistiques et émotionnels de ma vie. Simplicité absolue, dépouillement, voix et présence irradiantes, toute sa performance avait la force d’un aveu. » Avec déjà deux récitals lui étant consacrés (Thank you Satan puis Compagnon d’enfer ainsi que L’opéra du pauvre l’an passé), Ferré n’est pas étranger au chanteur Michel Hermon. Mais c’est là une gageure que de restituer à l’identique ce fameux soir de janvier 69. On pourra toujours chipoter d’avoir refait ce récital à l’identique, avec la même bande son aux mêmes endroits. Sans nullement être écomusée, ni Grévin ni rien, ce récital magistral d’un Hermon au sommet de son art (et de son pianiste Christophe Brillaud) nous offre seulement un des grands moments de notre patrimoine chanté, digne d’une Comédie française à la chanson dédiée, rôle qu’exerce le Hall de la Chanson.
Michel Hermon chante Léo Ferré Bobino 69 les 27 et 30 novembre 2013 et 4 et 5 décembre à 20 h 30 ainsi que le 1er décembre à 16 h au Hall de la Chanson, pavillon du Charolais au Parc de la Villette à Paris. Le site de Michel Hermon c’est ici ; celui du Hall de la Chanson c’est là.
Autre création du Hall de la Chanson sur Léo Ferré, celle de Mona Heftre, « T’es un chanteur à ma manière », jusqu’au 1er décembre.
« La marseillaise » au Chêne noir en 2015, mis en images. Mise à jour 18 février 2024
C’est un spectacle à priori inattendu, reprendre à l’identique, mais avec toutes les manifestations et hommages plus ou moins réussis, un témoignage sous cette forme est très intéressant, la seule chanson qui me met un peu mal à l’aise, c’est Pépée… quand on sait ce qui s’est passé, ça sonne bizarre, mais c’est Ferré, en 1969 …