Retour de Daran en québécois

Daran (photo d’archives DR prélevée à la toile)

Daran, 15 novembre 2013, festival Les Oreilles en pointe, Le Quarto à Unieux,

Pas de chaises pour le nouveau Daran. Mais, sur scène, un énigmatique fauteuil, rouge, comme pour un vulgaire Drucker, sauf que le fauteuil restera vide, vierge de tous séants. Il n’est qu’un insolite élément de déco.

Daran nous revient en canadien qu’il est entretemps devenu, québécois de cœur : ses musiciens le sont. De bons musicos d’ailleurs, peu expressifs mais impliqués, soucieux des notes, du bel ouvrage. C’est du Québec que nous vient le septième album studio de Daran, L’homme dont les bras sont des branches, support s’il en est de ce concert, dont il faudra attendre le terme pour retrouver son mythique Dormir dehors qui fait se lever un public venu parfois de bien loin.

Concert rock mélodieux et élégant d’un artiste modeste et attachant, observateur du monde et des sentiments : « Où s’en va le jour qui s’éteint / Et les amis qui ne sont plus / Où va l’amour qui n’est plus rien / Dans les vies trop longtemps vécues / Où vont les rêves qui se vautrent… » Il y a là des pépites de toute beauté, comme ce déchirant Merci qui, entre fable et désespérante réalité : « Les gens nantis sont méfiants / Avec les gens petits / Qui rincent le trottoir / De leurs longue langue / Pour dire merci… ». Nous ne sommes pas là en présence d’une rock-star que se la joue, d’un mur du son emprisonnant les mots. Non, tout est délicat, même dans les envolées sonores, chansons taillées dans l’émotion et fine restitution, dans une heureuse dramaturgie, respectueuse du public. Délice taillé dans un rock qui nous est rare douceur. En traversant l’Atlantique, Daran a ouvert une nouvelle page de son histoire autant qu’il a gravit un singulier degré dans son œuvre comme dans son aura, tout en restant l’humble artisan qu’il est.

Le site de Daran, c’est ici. https://www.daran.ca/