Prix Charles-Cros 2013 : le triomphe de Jacques Higelin, d’Alexis HK et d’Alex Beaupain
Je me souviens de ces stickers magiques collés aux 33 tours « Grand prix de l’Académie du disque Charles-Cros. » Ça en jetait et, je vous jure, ça favorisait l’achat. Vous ne connaissiez pas mais cet autocollant-là valait mille recommandations : Jean Guidoni, Michèle Bernard, Louis Capart, Henri Tachan, Romain Didier, Philippe Léotard, Mannick, Morice Benin, Brigitte Fontaine, Francis Lemarque, Alain Souchon et des tas d’autres encore, vous étiez rarement déçu.
Les disques sont désormais plus petits. Et y’a moins de surfaces de ventes. Même la Fnac, c’est dire, fait désormais dans l’électro-ménager : agitateur d’aspirateurs depuis 1954…
L’Académie Charles-Cros existe toujours. Elle n’a même jamais autant existé, multipliant les initiatives ici et là (comme ses Coups de cœur chanson qu’elle annonce tous les ans à Montauban). Mais ça ne passe pas à la télé, alors. Jamais Pujadas n’en dit mot et les autres médias passent tous l’info aux oubliettes.
Le 66e palmarès de la docte Académie du disque Charles-Cros est rendu public aujourd’hui, par son Président Alain Fantapié, en fin de matinée à la Maison de la radio, à Paris. Le voici, au moins en ce qui concerne la chanson (palmarès complet bientôt sur le site de l’Académie du disque Charles-Cros).
Prix In honorem : Jacques Higelin, pour l’ensemble de sa carrière, à l’occasion de la parution de l’album « Beau repaire » ;
Grand Prix du disque : Alexis HK pour « Le dernier présent » (La Familia/L’Autre distribution) ; Alex Beaupain pour « Après moi le déluge » (Universal Music France) ; Alain Schneider pour « Le vent qui nous mène » (Catégorie Jeunes publics, Victorie Music) ; Têtes raides pour « Corps de mots » (Catégorie Parole enregistrée et documents, Tôt ou tard).
Grands Prix Charles-Cros Scène de la Fédération des festivals de chanson francophone : Dominique A pour son spectacle « Vers les lueurs ». Grand Prix Révélation Scène : Barcella pour son spectacle « Charabia ».
Chroniques Lycéennes – Prix Charles-Cros des lycéens 2012-2013 de la nouvelle chanson francophone, sous le parrainage de Claude Lemesle : Kery James pour « Lettre à la République », Cabadzi pour « Lâchons-les » et Jali pour « 21 grammes ».
Le site de l’Académie du disque Charles-Cros, c’est ici ; son historique sur Wikipédia, c’est là.
Un beau palmarès pour ce prix Charles Cros . Qui se souvient de ce professeur de chimie, poète , inventeur, « monologueur » du Hareng saur au chat noir qui a donné son nom à ce prestigieux prix ? Julos Beaucarne, entre autres l’a chanté , » Moi je vis la vie à côté » …Et il y a une chanteuse que j’aime beaucoup qui a le même nom , Lili .
« Moi, je vis la vie à côté,
Pleurant alors que c’est la fête.
Les gens disent : « Comme il est bête ! »
En somme, je suis mal coté.
J’allume du feu dans l’été,
Dans l’usine je suis poète ;
Pour les pitres je fais la quête.
Qu’importe ! J’aime la beauté.
Beauté des pays et des femmes,
Beauté des vers, beauté des flammes,
Beauté du bien, beauté du mal.
J’ai trop étudié les choses ;
Le temps marche d’un pas normal ;
Des roses, des roses, des roses ! » .
Charles Cros
je retiens l’éblouissant numéro de funamnule du verbe de Jacques Higelin au mieux de sa forme, et le rappel salutaire d’Alain Schneider sur l’absence dans la programmation de France Inter des chansons jeune public… D’ailleurs à part 30 mn hebdo avec Noêlle Bréham, et Denis Cheissoux, (les p’tits bateaux et L’as-tu lu mon p’tit loup) la place pour le jeune pubic est réduite à la portion hyper congrue…
Le très beau texte de « Pour une fois »
Pour une fois
Je voudrais que ce soit
Sur une route… une route qui vient de loin
Une route qui part au loin
Une route à deux voies
Celle qui monte
Celle qui descend
Pour une fois
Une première fois
Je voudrais
Que ce soit sur une hauteur
À mi-chemin de la montée
À mi-chemin de la descente
Que le monde y apparaisse
Dans sa juste splendeur
Ses semelles de vent
Ses jambes de fougères
Son sexe de volcan
Ses mains d’incendie
Ses yeux d’étoiles
Et ses cheveux d’herbes folles
Pour une fois
Une seule fois
Je voudrais
Cette première fois
Te voir seule comme moi
Monter cette route que je descends
Et que tu m’apparaisses si loin
Que je ne puisse encore savoir
Si tu es fille ou garçon
Marchant d’un pas gai
Insouciant, léger
Comme le pas de celui qui n’a pas peur de la vie
Ni de son âme
Ni de son corps
Pour une fois
Une première fois
Je voudrais
Quand tu te rapprocheras
Que tu regardes le soleil
Que tu regardes autour de toi
Que tu regardes la terre
Comme si c’était la première fois
Et puis que tu danses
Que tu chantes
À chaque pas
Comme si ta marche était le rythme, la route {x2}
Une portée de musique
Et que le souffle de ta voix
Venait poser son chant sur les ailes de mon cœur
Pour une fois, une dernière fois
Je voudrais
Quand nous serons à même hauteur
Que tu ne ralentisses pas
Que tu ne changes rien à ton pas
Que tu affrontes mon regard
Comme j’affronte le tien
Et que je puisse y voir
Sans fausse honte, sans arrière-pensée
Toute vérité bonne à connaître, à accepter
Pour mieux apprendre à s’aimer
Et que cet instant reste pour toujours
Gravé dans la mémoire des histoires d’amour