Jorane, enchanteresse

Jorane (photo d’archives prélevée à la toile)

Jorane, 16 novembre 2013, festival Les Oreilles en pointe, La Quarto à Unieux,

On comprend ceux qui sont partis à l’entracte, juste après son récital, voulant préserver en eux, intacte et légère, la petite musique de Jorane, renonçant ainsi au suivant, au très intéressant Daran.

« Dans ma chambre / Combien de lunes / Combien de loups / On bu mes nuits ? » Oh que ce fut court ! Nous, on aurait passé la nuit avec elle, cette Jorane venue du lointain Québec, cette cousine… Dès le premier titre, c’était comme une Loreena McKennitt prenant l’Eire en d’autres contrées, d’autres parlés… Quelles langues, quels idiomes d’ailleurs ? Avec elle nous survolons cultures et territoires. C’est puissant, profond, enthousiasmant, émouvant… amené à un rare point de perfection, presque intemporel, hors tout, hors d’elle.

Jorane est en scène avec son complice Valentin Mussou : remarquable duo de violoncelles. Et cette voix… Pièces instrumentales, créations, reprises… Est-ce cela la chanson ? Oui, c’est le chant du Monde et des Hommes, c’est l’art premier, cette poésie qu’épousent nos oreilles, ces mini-symphonies qui agitent et émoustillent nos sens, ces p’tites chansons qui, par le talent d’une rare interprétation, deviennent grandes. Comme ce J’ai demandé à la lune que jadis notre Mickey de Montbrison écrit pour Indochine : dans la voix de Jorane, ça tient plus encore du rite initiatique, du chamanisme presque, que du refrain de cour d’école. Cette interprétation-là est simplement magistrale.

On ne peut, à l’écoute de Jorane, qu’employer des superlatifs, de peur que tout autre terme ne sonne creux, soit imparfait, notoirement insuffisant. Jorane c’est du lyrisme, de la presque pureté : c’est la voix comme instrument, c’est le souffle, c’est le vent. Nettement au-dessus du lot, en suspension.

Le site de Jorane, c’est ici. http://www.dailymotion.com/video/xvv4yi