Capucine et sa belle affaire
Capucine est mutine, capucine est joyeuse… Capucine, ou bien ne serait-ce pas plutôt Aurélie, celle qui peaufine textes et musiques, celle qui mène la danse, le bal des sorcières, sur son album dont elle réalise même la pochette ?
Aurélie Laurence se veut marchande de rêves ; elle nous vendrait du bonheur en flacon et de l’espoir en bouteille. Ce n’est pas loin d’être vrai à l’écoute de ce disque, pour peu que l’on ait gardé son cœur d’enfant.
Il débute comme un conte, cet album, avec son incontournable manoir (titre de la première chanson) et son propriétaire, vieil homme qui fabrique des choses étranges, avec cet enfant qui ose un jour s’aventurer dans ce monde magique… Le ton est donné, entre récits de nos enfances et images d’Amélie Poulain. La musique elle-même n’est pas sans rappeler celle de Yann Tiersen, souvent à trois temps : valses mélancoliques, valses lentes des souvenirs enfouis, comme cette Boîte en Chêne où l’on a cru emprisonner, il y a si longtemps déjà, nos rêves. Et, comme dans le film de Jeunet, notre monde réel pointe parfois le nez (La Balance à sorciers) « On n’apprend pas aux gens à être intelligents quand le cœur est rampant », même les histoires d’amour ont parfois un goût amer, comme celles du Dandy des Rombières qui a bien besoin d’une leçon de bonnes manières pour apprendre à aimer. Quant à la mort,elle rôde bien sûr, elle hante les vivants comme ce fantôme qui n’aime pas le rouge (Les murs en rouge) : « Au début je suis restée/ Pour ne pas t’abandonner/ Maintenant je reste là/ Pour que tu penses à moi. »
Dans l’univers d’Aurélie Laurence, accompagnée en scène par Lucile Louis au violoncelle et Franck Dunas à la guitare, clarinette et percussions, la réalité porte toujours les masques du merveilleux, comme dans cette chanson finale qui raconte la rencontre d’un jour de Capucine, qui ne parvient plus à cacher ses flots de mélancolie sous sa poudre de riz, et le clown Pipo qui pleure.
Reste que cet album pourrait être, en ces temps sombres un cadeau : un Ange m’a sortie de l’hiver/ Pourtant je n’y croyais pas…Le printemps est passé par là.
L’affaire Capucine, La belle affaire, autoproduit 2013. Le site de L’affaire Capucine c’est ici.
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