La Fontaine s’est tarie
Brigitte Fontaine, 15 novembre 2013, festival Les Oreilles en pointe, Firminy,
Certes, Le Firmament de Firminy est difficilement une salle de concert. Très haute, le son va se perdre dans son admirable charpente. C’est d’ailleurs tout ce qu’elle a d’admirable. Ses flancs sont vides : l’acoustique y est déplorable. Certes.
Mais quand même, on a assisté en ce lieu à bien d’autres concerts et tous n’ont pas été, au final, si déplorables que celui-là. Question : un ingé’son est-il ingénieur ? En a-t-il la capacité d’ailleurs ?
Les photographes sont priés de remballer leur matériel : on n’immortalise plus la star en scène. Au mitan de la scène un trône façon baroque qui n’attend qu’elle. Elle, jadis en marge dans l’underground post-soixante-huitard, chanteuse tardivement estampillée diva, icône médiatique : sauf à passer pour un rustre, un ringard, on est forcé d’aimer, de quasi faire sa génuflexion devant la grande prêtresse, l’impératrice.
Toute de noire vêtue, le visage enchristé de lunettes criardes. Une cohorte de musicos. Dès les premières notes, des spectateurs envahissent le devant de la scène, face à une salle trop sage aux sièges bien ordonnés. La Fontaine alors jaillit de mots… Mais… mais vous ne comprenez rien ! Un mot, de ci de là, cahin caha… De la bouillie, de la tambouille. Quand la moitié de ses musiciens prennent momentanément congé de la dame, la tonalité baisse et on comprend à nouveau, un peu, un tout petit peu… « Je suis vieille, je vous encule / Avec mon look de libellule / Je suis vieille et vais crever… » On vient pour la poésie surréaliste, on ne perçoit que le langage trash d’une vieille chanteuse en décomposition d’où sortent des vers singuliers. La diva divague ? Pas sûr. Par la grâce de médias branchouilles, elle est devenue phénomène de foire, façon Freaks.
Jusqu’à quand ? Hors scène elle l’avoue sans mal : « Personne ne me comprend plus, je fume trop… » (est-ce le seul tabac, madame ?). La date de péremption est atteinte ; au-delà de cette limite son ticket n’est plus valable. Le showbiz momifie la Fontaine, n’exploite plus que sa caricature. Il est temps d’arrêter. Quand vous venez écoutez une chanteuse censée s’exprimer en français et que vous ne comprenez pas le traitre mot, faites-vous une raison.
Les studios d’enregistrement font des miracles et les disques de Brigitte Fontaine sont ainsi audibles. Limitez-vous à ça. Elle à la scène obsolescente où elle traine sa carrière finissante. Si vous voulez garder une belle image de cette néanmoins brillante dame, fuyez-là.
Le site de Brigitte Fontaine, c’est ici. NosEnchanteurs a déjà écrit sur la Fontaine : c’est là. On écoute « Crazy Horse », extrait de son dernier album, dans un clip d’Enki Bilal
Autant j’ai aimé les premiers albums de Brigitte Fontaine qui restent dans les disques cultissimes que j’écoute assez souvent, autant je suis devenu imperméable à ses délires depuis une dizaine d’années… C’est peut-être moi qui ai vieilli?
Récemment dans Live me do, le duo avec Yann Péchin était grandiose, sur le plan musical et scénique, c’était bluffant, mais pour le texte, je suis resté en dehors… Etonnant pour quelqu’un qui écrit très bien…
Mais peut-être que le prochain concert sera réussi ?
J’irai quand même voir Brigitte Fontaine le 17 décembre à Clermont-Ferrand …Pour faire mon deuil de ce qu’elle est devenue peut être, mais sans jamais oublier ce qu’elle a été .
» Quand les ghettos brûleront,
Est-ce que les poules auront des dents ?
Est-ce que les poules auront quatre cuisses ?
Parce que c’est bon
Est-ce que les travailleurs émigrés
Auront déjà six bras ?
Est-ce que les esclaves auront déjà
Huit épaules ?
Dis Maman,
Est-ce que les femmes auront déjà
Dix seins ?
Est-ce que les Indiens
N’auront déjà plus rien
Ni cuisses ni épaules,
Ni rien
Quand les ghettos brûleront «
Au temps du « Chef de gare de la Tour de Carol », du « Gaz » et des complicités avec Higelin, Brigitte Fontaine était géniale et méconnue. Son retour avec les « Kékés » m’a paru peu convaincant, mais quand j’ai vu Libé s’extasier, j’ai ressenti un gout amer : celui du foutage de gueule à l’échelle bobo, la provoc gratuite. Le pitoyable devient pathétique.
Je pense la même chose (que MK), quel dommage ! je n’ai pas compris un seul mot , je sus venu écouter de la poésie et je n’ai entendu que du bruit !
Puisque l’on parle de son , de musique et de paroles sur scène…je voudrais tirer mon chapeau à deux orfèvres en matière de régie spectacle. Clément BALLY et Claude LIEGGY ont été parfaits le 13 SEPTEMBRE à VIRICELLES. Ce n’est pas toi, Michel, qui diras le contraire. Bravo à tous ces gens qui ont un grand respect du public et du travail bien fait.
Hélas, et lasse… je partage malheureusement ton avis Michel … tristement…
On oublie souvent le travail des « sonos »…
…parfois, voire souvent, dans des lieux improbables
avec des artistes qui peuvent l’être tout autant !
J’ai le plus grand respect pour les « sonos », ceux qui s’évertuent à rendre audible un concert…
…beaucoup moins, pour ceux, imposés par la prod, ou l’artiste lui-même, font de la …
Fanny,
je regrette le manque de considération
que peuvent vous « accorder »,
certains artistes,
le public,
les « chroniqueurs »…
…tous ceux,
qui ne savent pas que sans vous,
la chanson ne peut être entendue,
à défaut d’être audible.
Les « sonos » que je côtoie
ne sont pas tous « ingé-son(s) »,
mais suffisamment ingénieux
pour permettre une écoute agréable.