Ferrat, fait rare ; extra, Ezdra !
J’avoue mais ne sais pourquoi : l’idée de reprendre Ferrat ne m’a jamais tout à fait enthousiasmé, au moins sur l’idée, sur le papier. Pourtant il y a déjà eu des initiatives louables, plus même ; d’autres moins.
Là, je m’incline. Une chanson a d’abord emporté mon adhésion : ce duo Natacha Ezdra et Michel Bühler sur J’arrive où je suis étranger. Comme un prolongement de l’œuvre de l’helvète, la persistance d’un chant… L’émotion vous courre l’échine. J’ai tiré la pelote du reste : le charme et la consistance étaient là, tout entier. Ezdra a le toupet de nous faire entendre Ferrat sans que jamais la voix du chanteur ne nous revienne en tête, en parasite l’écoute. Elle récrée quelque chose d’à la fois fidèle et différent, servie par deux musiciens efficaces : Patrick Reboud et Christophe Sacchettini, ce dernier se permettant même de mettre de la cornemuse dans le cuirassé Potemkine.
Natacha Ezdra nous avait déjà gratifié il y a trois ans d’un bien bel album live sur Ferrat, Un jour futur, gorgé de dix-huit titres. Seuls quatre y figurant déjà (Nuit et brouillard, Un jour un jour, La montagne et Ma France) sont repris sur ce Ferrat au c(h)œur, justifiés par ce chœur justement.
Deux parties distinctes : une en studio où s’enchainent les duos avec Annick Cisaruk (Regarde-toi Paname) qui, de Ferré à Ferrat, est aussi à l’aise, Serge Utgé-Royo (Maria), Véronique Estel (Berceuse), Dominique Dumont (Ma môme), tous excellents, et Michel Bühler déjà cité. Puis, comme s’il s’agissait d’une autre face, avec l’ensemble vocal Que Lou Di Lam (une trentaine de choristes), ce Ferrat en chœur qui, à lui seul, mérite le détour.
Natacha Ezdra, Ferrat au c(h)œur, Mistiroux productions/Edito musiques/L’Autre distribution, 2013. http://www.dailymotion.com/video/xh37yn
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