Sabine Drabowitch, le sans faute
Voix haut perchée, claire (il y a un peu d’Amélie-les-crayons en elle, parfois du Barbara aussi), percussions et notes amplifiées, parfois saturées, Sabine Drabowitch a beau se rattacher à la chanson « de paroles », elle ne s’en démarque pas moins. Ce n’est pas le seul intérêt en cette chanteuse qui sort, avec Racines et balcons, son troisième opus. A nouveau un sans faute.
Drabowitch mène une entreprise de séduction. Née comme beaucoup non de la cuisse de Jupiter mais de celle de Leprest (par un de ses fameux ateliers d’écriture), elle mène un itinéraire particulier dans la chanson, un peu à l’écart des autres, sur des routes qui la font traverser New York un jour, l’Allemagne le mois suivant avant d’aller chiner du côté de Pékin. A défaut de souvent la voir sur scène, près de chez nous, ses disques sont autant de pierres blanches, assez remarquables. Qu’on peut certes délaisser pour s’en aller courir d’autres plaisirs, d’autres artistes : n’empêche qu’à chaque fois qu’on y revient, on est saisi comme la fois précédente, émotion intacte de précieux mots sertis dans des musiques taillées au micron près. Travail d’orfèvre oui, à partager avec Michel Taïeb qui s’occupe depuis l’album précédent de la destinée de la dame, succédant alors à Bertrand Belin.
Une fois encore le disque est généreux : quinze plages, autant de plaisirs. Textes gourmands de mots mais fluides, presque légers, écrits – on pourrait le croire – sur du papier avion, même s’ils s’arriment à des choses graves, des préoccupations de ce monde d’aujourd’hui, d’amour et d’amitié, de nos proches et de nos voisins : « Voisins laissons les fleurs / Et cueillons les racines / Il en faut des solides / Avec nos peurs du vide. »
Sabine Drabowitch, Racines et balcons, Séraphique productions, 2013. Le site de Sabine Drabowitch, c’est ici.
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