Céline Caussimon, pas dans l’sens de la marche
Céline Caussimon, 25 octobre 2013, Théâtre libre à Saint-Etienne,
« Pas de chance / Elle est juste pas dans l’sens de la marche. » La chance est notion toute relative : nous avons, nous, la chance d’avoir Céline Caussimon qui, jadis, se contentait de marcher « juste au bord, du rebord. » Elle tourne le dos maintenant. Du reste, devenue ménagère de plus de cinquante ans, elle intéresse moins, est moins sollicitée : on se permet moins de vendre son temps de cerveau disponible à m’sieur Coca-Cola. C’est autant de gagné pour elle. Et pour nous.
Si nombre de ses consœurs (en un seul mot) chantent les grands sentiments et les affres de l’amour (style Qui choisir ?), Céline s’intéresse plus à la qualité de son quotidien, à son organisation : c’est plutôt Que choisir et 60 millions de consommateurs. Pour ce qui est du cœur et du cul, elle nous affranchit tout de go avec franchise : ni malbouffe ni mal baisée, elle fait l’amour bio. Avec brio, c’est son credo, toute enlacée, c’est l’effet de serre !
Caussimon c’est de la chanson consumériste. Elle trie elle choisit. De ne pas gagner, ne pas se battre (« Pour quoi me battre et contre qui ? »), de ne surtout pas être en compétition, de nous avoir pour amis ou pas, sur la toile ou en vrai. Elle dialogue avec sa boîte propre crânienne et la remplit comme bon lui semble. Pas de ces idées toutes faites, simplistes, égoïstes, celles qui nous font penser que sarko’mence. C’est de la chanson qui pense et ne s’en laisse pas compter, rebelle, qui ne sait pas chanter au pas.
Belle prestation en ce lieu délicieux qu’est le Théâtre libre à Saint-Etienne, endroit étonnant où on confectionne des costumes de théâtre le jour et on joue, on parle, on chante le soir. Joli tour de chant entre la Caussimon, plus actrice que jamais, et son efficace chevalier servant, Etienne Champollion (avec qui elle enregistre actuellement son nouvel album), à tous les possibles claviers, même les plus petits. Au bout du récital, on se quitte avec regret, gardant pour nous l’une des idées les plus précieuses, les plus révolutionnaires qui puissent être encore : « Caressons-nous / Tant que l’on sait encore / La chaleur tendre et puis le doux / Tant que l’on cherche encore / Ce qui se passe tout au bout des doigts. » La tendresse pour guérir de la violence de ce monde, ça peut redonner le moral aux ménages.
Le site de Céline Caussimon, c’est ici. En vidéo avec une autre formule musicale, il y a quelques années :
Invitation à écouter l’entretien réalisé à Randan en avril 2012 avec Céline Caussimon : http://cista.canalblog.com/archives/2014/03/03/29402730.html
Invitation à écouter l’entretien avec Céline Caussimon, réalisé en avril 2012 à Randan (63) : http://cista.canalblog.com/archives/2014/03/03/29402730.html