L’Homme parle et parle bien (il chante surtout)
L’imposteur Manoukian a beau pérorer sur Inter que la chanson engagée est morte avec Béranger, il ne se passe pas un jour sans que nous mettions sur la platine un disque tout neuf d’un beau rouge écarlate, le réchauffement climatique favorisant le temps des cerises en toutes saisons. Mieux, celui-ci étale son contenu dès la pochette, parodiant La liberté guidant de peuple de Delacroix. Ça a le mérite de la clarté. Les seins nus sur la pochette, c’est tant pour respecter le peintre que pour célébrer une femmen, avec un refrain qui n’est pas sans faire songer au On lâche rien d’HK et les Saltimbanks : « En avant, en avant / Pendu à tes lèvres jusqu’à la fin / En avant, en avant / Tous avec toi on lâche rien / Jusqu’à la victoire sinon rien / Pour construire le monde de demain / Et s’il le faut l’arme à la main. »
Bon, c’est plutôt tendance « la révolution en s’amusant », n’empêche que ça défile et que pas mal de vers peuvent faire autant de slogans. Comme cette fausse marine qui ne parle que d’elle (« Je ne m’engagerais jamais dans la Marine (…) Vous connaitrez son vrai visage / Vous serez ses premières victimes… »), de comment vous vous en mordrez les doigts quand elle sera élue : la charge, même violente, est remuante, dansante, comme une fiesta citoyenne. En valse ou en rap, tout est bon à L’Homme parle, combo de huit chanteurs et musiciens, pour nous chanter l’actualité immédiate, la colère et l’engagement (fut-il du mauvais côté à Pole emploi) : j’ose dire le simple bon sens dans un monde qui tourne mal, dans « une vie de bohème (qui) n’est pas la vie en rose. »
C’est pourtant ailleurs que dans le champ politique (encore que) que L’Homme parle réussit le mieux. A ce titre, Rêve de gosse, chanté par Joanna, est superbe chanson.
On situera L’Homme parle dans cette veine de la chanson « festive ». Manoukian la qualifierait, lui, de chanson « urgentiste » pour mieux s’en moquer. Reste qu’urgentiste, ça me semble être une bonne définition, à la vitesse où se dégrade notre société, où s’atomise le vivre-ensemble.
L’Homme parle, En avant !, Activist music, 2013. Le site de L’Homme parle, c’est ici.
Il ne faut pas non plus passer à côté de Niobé. Chanteur aussi engagé!
https://myspace.com/niobejp/music/song/10-de-l-humain-dans-nos-affaires.mp3-76250628-84075498
Oui. La chronique du N°6 de Niobé, c’est pour la semaine prochaine !
Tout chanteur est engagé par le choix de ses chansons. Le pire engagement est celui qui s’enterre dans le conformisme et les sentiers battus.
Un détail en passant le vendredi c’est Rébecca Manzoni qui parle de chansons à 7h23… Ce matin, c’était « La bamba »… et c’était bien…
Manoukian ne peut pas connaître les chanteurs engagés puisqu’il n’écoute que LUI …
Et la Compagnie Jolie Môme alors, est-ce qu’il sait qu’ils existent ??? et tous les autres et toutes les autres…
Merci les Enchanteurs d’envisager la chanson aussi largement que ça. C’est même un tourbillon ces derniers jours : Juliette (deux fois !), Thomas Fersen, D-Rago, Luc Alenvers, aujourd’hui L’Homme parle, je crois que chacun peut s’y retrouver. Vous êtes sur le bon chemin. C’est qui demain ?
Très bon article pour un groupe excellent en scène. A voir et à revoir. Mais c’est qui Manoukian ?
oui merci pour toutes ces découvertes ! quelle richesse ces chansons !!
il n’y a pas plus sourd qui ne veut entendre et aveugle qui ne veut voir !!!
Heureux d’apprendre que ce groupe continue sa route au verbe significatif qui donne à la chanson française sa principale spécificité. Pour mémoire, si ça vous chante, ce sujet que son album « Militants du quotidien » m’avait inspiré, avec deux titres formidables : « La Crise »… et celui qui donne le sien au nom du groupe : « L’Homme parle ». C’était début 2010… et toute cette « palabre » (au sens africain du terme) reste (hélas) plus que jamais d’actualité.
http://sicavouschante.over-blog.com/article-ils-ont-vote-et-puis-apres-96787904.html