D-Rago, soudeur de chansons
C’est sur le tard qu’il est arrivé en chanson. Dans un bar de Saint-Quentin, il y a dix ans, à y interpréter du Renaud. Etonnez-vous ensuite que son timbre évoque parfois, y compris dans le rapé, le chanteur de Mistral gagnant…
Comme Béranger, comme Trévidy (un autre Olivier soit dit en passant) ou Jamait, Olivier Ducos, dit D.Rago, fut ouvrier avant de chanter. Lui l’est toujours. Et se qualifie fièrement de « chanteur ouvrier » comme jadis on a pu dire « prêtre-ouvrier »Soudeur p. ar hasard, intérimaire par choix, il est là où le boulot l’appelle, à faire chanter son chalumeau mais pas forcément sur des tubes par nature creux. « C’est dans cet univers de fatigue et de bruit de meule qu’il a construit la plupart de ses textes pour partir très loin de tout ça » lit-on sur sa bio. Un chanteur-ouvrier est nourri du réel, d’une expérience autre qui, quand elle devient chansons, peut nous donner de très beaux textes. C’est le cas.
Des tranches de vies, dirait Béranger, menées tambour battant, avec un p’tit côté Sanseverino tant dans l’expression chantée que dans son sourire malicieux. Un chanteur qui ne déparerait pas à la table d’Eric Frasiak : ils ont tous deux la même énergie, la même bonté et de semblables préoccupations.
Si le premier album de D’Rago, en 2008, cherchait sans mal son inspiration dans son immédiate proximité, en une saisissante fresque sociale, celui-ci va plus loin dans la géographie (en Ukraine, par une chanson qui n’est pas loin de faire songer à la Nathalie de Bécaud, au Mali où Kalima « pour mettre fin aux ébats / s’active sans retenue / jusqu’au grand râle sonnant le glas / qui lui redonne sa vertu »), dans l’histoire, et plus encore dans l’engagement. La traite des noirs, la femme emprisonnée dans sa burqua (« Drapée dans la ville / Que le nom de la femme est loin / Ce n’est qu’un tissu qui se file / A chaque pas vers leurs chemins / Délivrez-la du mâle »), l’infernale vie de travail, de bagnole et de crédits, des biznessmans prêts « à vendre le cul de leur mère »… le monde que chante D-Rago n’est pas très enthousiasmant : ce n’est que le miroir du nôtre. De temps à autres, la tendresse, mâtinée de timidité, les souvenirs (fussent-ils d’un trottoir) aussi viennent s’intercaler comme pauses bienvenues.
D-Rago a accentué sa musique, plus versée dans le rock, à l’unisson de la violence à peine contenue de ses chansons. Les textes sont très denses et c’est peut-être là leur seul défaut mais convenons que chaque chanson prend le temps de s’installer, de poser la situation, le décor, de développer l’intrigue, le souvenir, l’émotion, l’indignation parfois. Ces seize chansons, seize étages, sont chaque fois prenantes, impliquées. L’interprétation est pareille et doit l’être plus encore sur scène. Car D-Rago n’écrit pas pour se distraire mais bien pour partager, pour dénoncer s’il le faut. Du bon usage du micro…
D-Rago, 16 étages par escalier, autoproduit. Le site de D-Rago, c’est ici.
D-Rago, Mi-clos, autoproduit. Le site de D-Rago, c’est ici.
Encore un qui ne chante pas pour passer le temps et qui voit le monde tel qu’il est à sa fenêtre . Un chanteur-ouvrier , un de ceux qui ont façonné leur prose dans la dure réalité du quotidien . Des tranches de vie à partager , avec de belles pauses à tous les étages , et, oui, une voix un peu gouailleuse, à la Renaud . Je souhaite un bel avenir en chanson à D-Rago , il le mérite .
Un bien beau et bon chanteur. Découvert grâce à Christian Lassalle de RO (Reims Oreille), et rencontré lors d’un concert du P’tit Crème à Reims. Un gars très sympa.
Textes ciselés certes ! Bravo Michel et autre contributeurs
Mais depuis quelques temps, côté photos … ça tourne au jeu de massacre, c’est quoi ces photos pixellisées un max sur la page d’accueil ?
Aujourd’hui c’est le pompon , il n’a pas été gâté D-Rago
Lucien
L’iconographie est chose difficile, surtout depuis que nous avons opté pour une page d’accueil qui s’ouvre sur ces panoramiques. De plus, les artistes n’ont pas tous une photothèque fournies, certains n’ont même pas de photographe attitré, c’est dire. Nous nous contentons souvent de photos prélevées à la toile, qui doivent répondre à certaines exigences et s’inscrire au mieux dans notre visuel : or on n’a pas toujours le choix. Parfois nous trichons, inversant la photo (avec nous, beaucoup de droitiers passent à gauche). Nos excuses pour cet inconfort : on essaie de faire le mieux possible le plus souvent.
Quelques heures plus tard… ça y est la photo a été changée par une autre avec un un plus gros poids de pixels. Merci Christian Lassalle de nous l’avoir envoyée !
Dans la nouvelle configuration du site, avec le panoramique de la page d’accueil, ça impose quelques prises de vues spéciales, décalées, un exercice que j’essaie d’intégrer quand je fais des photos, mais je n’ai pas encore l’automatisme… En fait, je vais surtout voir un spectacle en spectateur normal, les photos, c’est en plus… et sans agitations intempestives qui gênent les autres spectateurs.
à Norbert
« sans agitations intempestives qui gênent les autres spectateurs. » je suis tout à fait d’accord, il est tout à fait possible de faire des photos « normales » qui pourront ensuite être recadrées pour obtenir l’effet de panoramique souhaité et d’une qualité tout à fait convenable.
Si vous souhaitez un exemple, allez voir sur le site http://www.bellehelene.fr où toutes les pages (hormis l’accueil ) fonctionnent de cette façon avec des photos recadrées
Bonne soirée
Lucien
mais c’est ce que j’essaie de faire, une photo avec le sujet à gauche, et un espace libre à droite où va s’inscrire le titre de l’article, si possible sans empiéter sur les personnages.
Parfois le hasard fait bien les choses, avec une petite arrière pensée quand même, comme ici
Oh Céline a disparu ! …Vite l’article !
De très beau texte à tout les étages! de belles mélodies un succès cet album. Bravo D-Rago!