Nicolas Fraissinet, la métamorphose du papillon
Toulouse, Le Bijou, 17 octobre 2013,
J’avoue, c’est d’emblée se faire lyrique que d’emprunter ce titre d’une chanson de Nicolas ; j’avoue c’est un soupçon grandiloquent pour commencer une chronique de concert et le risque est grand de décourager le lecteur. Et pourtant…
C’est bien dans ce registre là que je souhaite vous parler des moments partagés au Bijou avec Nicolas Fraissinet, venu en duo avec le guitariste Johan Toulgoat. Après le Valais, cette Suisse natale qui lui offre une grande partie de sa carrière, Paris où il revient souvent, après la Chine puis Dakar au printemps, la petite salle du Bijou est un moment de proximité idéale pour savourer le partage d’une version épurée de son concert. Sûrement aussi une version qui donne toute leur force aux mots du troubadour. Ici ce n’est pas une image de plus… Troubadour : celui qui promène sa plume dans le dédale obscur des sentiments les plus intimes. C’est là, l’histoire si originale de la chanson française – avec Nicolas, il faut écrire francophone ! –
Hasard de la publication de nos chroniques, nous sommes aux antipodes de la chanson défendue par Juliette. Nicolas, en effet, nous promène dans le labyrinthe, les détours et contours, les couloirs, les errances de nos sentiments. Il livre ces émotions dans une langue où abondent les métaphores animalières : méduse, poulpe, araignée du soir… un bestiaire fantastique que n’auraient pas renié nos poètes que l’on nomme « maudits ». Je sais bien le courage qu’il faut pour être grand…être grand quand on est poète, c’est déplier ses ailes, et l’on sait depuis Baudelaire que c’est au prix souvent de la douleur et de la peur.
N’allez surtout pas imaginer que cette chanson là, cette poésie nous égare et nous lasse. Ce serait oublier que la chanson c’est de la musique, du spectacle vivant. Or, Nicolas a ce don du partage dans la vie et en scène.
Au piano, amarré à son navire, le corps se livre de trois quart tourné vers le public, les regards s’offrent généreusement. On se sent happé par son énergie communicative, très rock en fait. Au piano, il ajoute la commande électro de sons enregistrés, des voix (la sienne souvent), des rythmes. C’est un accompagnement, des arrangements qui s’inspirent d’une musique bien d’aujourd’hui. Mais jamais, au cœur de cette technique si précise, si exigeante, il n’oublie l’attention accordée à son partenaire. Cette connivence là, nous la partageons aussi.
Ajoutons que Nicolas a fait un cadeau de plus au public du Bijou en invitant Corinne Berlioz, la voix féminine de Nos Erreurs, chanson de son premier album Courants d’Air, offrant par là une nouvelle dimension à ses chansons en scène. Car Nicolas quitte son piano, s’en vient debout, face au public, guitare en mains.
J’avoue, je suis lyrique et j’assume. Je reverrai encore Nicolas Fraissinet pour cette émotion singulière que font naître ses chansons : Reviens, le Sourire de ma Mère, Fragile, Les Excuses exquises…
Le site de Nicolas Fraissinet, c’est ici.
Merci pour ce bel article qui décrit si bien le sentiment que j’éprouve à chaque concert de Nicolas Fraissinet que j’ai eu la chance de voir très souvent aussi bien sur de belles et grandes scènes qu’en version plus intime comme les chant’appart !
Merci Claude pour ce magnifique article! Quel plaisir de lire ce très bel hommage à un artiste que nous aimons et apprécions beaucoup…tant musicalement qu’humainement. Une très belle personne:)
Merci pour cette belle chanson ; j’avais découvert Nicolas Fraissinet à Barjac et je suis heureuse qu’il continue à nous » enchanter » avec de si belles chansons ! et merci à vous de nous les faire partager.
Un 4éme Merci, d’une femme , pour un article écrit par une femme…(ceci dit avec humour!!!)
Je découvre ce chanteur et j’apprécie beaucoup cette chanson et son auteur qui l’interprète .
Je n’arrive pas à dire ce que je ressens en écoutant Nicolas Frayssinet , comme une angoisse, comme si j’avais la crainte d’entrer dans cet univers d’étrange poésie …Mais je me soigne en l’écoutant . Et oui, vous en parlez si bien , Claude …
magnifique artiste déjà reçu par » Chant’Appart chez les Belges » et qui nous revient en 2014.
Il nous émeut toujours autant.
Merci Claude pour votre article dans lequel vous décrivez si bien ce que l’on ressent lors d’un concert de Nicolas, on ne peut qu’être touché par tant de sensibilité.
Vous écrivez « Nicolas a ce don du partage dans la vie et en scène. », pour moi c’est exactement ça. C’est un « grand » en tant que poète, musicien, troubadour mais aussi en tant que personne.
J’ai eu la chance de le voir en concert un certain nombre de fois, et je ne m’en lasse pas… Les instants vécus ont à chaque fois une saveur différente.
Au plaisir de vous rencontrer peut-être un jour lors d’un festival.