L’envers de Verlant
par Guy Clerbois, « Vitor Hublot »
Vendredi 20 octobre 2013, 14 h 35, appel de Jacques Duvall : « Vitor, j’ai une mauvaise nouvelle, Gilles Verlant est mort »… Sur le coup, je restais sans réaction, je ne sais pas si j’étais troublé par la voix de Jacques que j’entendais pour la première fois en larmes ou si je restais froid par habitude, prenant la distance nécessaire vu mon métier de tailleur de pierres vendant du funéraire.
Ensuite, les infos, la voix de Gilles… putain c’est donc vrai !… ce bosseur hyperactif, ne dormant que par obligation pour être en forme le lendemain…mort ! Un escalier, une demi-seconde d’inattention, une mauvaise chute et tout est fini ! On n’est vraiment pas grand-chose.
Le soir, je lis sur le net, je n’ai pas le cœur à participer aux discussions, je remarque que les français s’en souviennent surtout pour Gainsbourg et les belges comme journaliste rock ayant commencé à la RTBF, à 16 ans…
J’avais un gout de trop peu, il manque une facette importante, sa disponibilité.
Certains (jaloux ?) le cataloguent comme journaliste opportuniste. Evidemment, il a réussi sa carrière et il ne le doit à personne, je n’ai jamais connu un mec aussi actif. Gilles était une encyclopédie vivante, spécialiste du rock et de la chanson française, biographe de Gainsbourg, auteur ou coauteur d’une cinquantaine de bouquins, ça, c’est la face visible de l’iceberg, celle de la lumière du showbiz, lui donnant une crédibilité extraordinaire, rare même pour un journaliste.
Mais il avait aussi une face cachée, dans l’ombre, il était toujours dispo pour les « petits groupes », prêt à renseigner, donner un coup de pouce, faire évoluer les choses concrètement sans brûler les étapes.
A une époque ou certains journaleux mettent quatre mois pour écouter un single, ou d’autres prennent le nombre de sorties pour justifier leurs incapacités d’actions, lui, arrivait toujours à répondre dans les heures suivantes. Il pouvait avoir un rendez-vous avec Johnny et trouver le temps pour répondre rapidos à Vitor.
Il connaissait le système, savait qu’il ne fallait pas tout mélanger, que chaque chose viendrait en son temps pour l’artiste si cela doit arriver. Sa parole vu sa position médiatique était respectée, se présenter de sa part n’était pas anodin, cela vous donnait du crédit face à votre interlocuteur. Nous devons être des légions d’artistes ayant profité de son aide.
En ce qui me concerne, c’est à lui que j’ai envoyé ma première cassette, il me conseilla un studio, Team for action, bien vu, j’y suis toujours fidèle. Quand j’avais besoin d’une autorisation ou d’un artiste, il me disait qui contacter. Il a écrit la préface du cd « Brassens selon Vitor Hublot », est venu chanter Le temps ne fait rien à l’affaire. Vous l’aurez compris, il était omniprésent pour moi, nous nous sommes peu rencontrés, mais malgré cela nous étions proches, c’est difficile à expliquer pourquoi, il y avait un lien d’amitié entre nous.
Son œuvre incontournable, restera gravée dans l’histoire du rock et de la chanson française, tu vas nous manquer, tu vas beaucoup me manquer mon ami !
Reportage de Gilles Verlant pour le JT Belge en 1986 :
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J’ai aimé découvrir, grâce à toi Michel, des personnalités telles que Gilles Verlant ou Vitor Hublot. Sacrément sympas ces gars, que la vie n’a pas vraiment choyés et que la mort a fauché trop tôt comme Gilles Verlant, par exemple.
Gilles était effectivement disponible, très disponible.
La dernière fois que je l’ai rencontré c’était au théâtre 140 à Bruxelles pour les 25 ans des Snulls. Le W.E. du 14 au 15 septembre je montais à Paris pour rencontrer André Torrent. Rendez-vous était également pris avec Gilles on devais se retrouver lors du vernissage de l’Expo de Jeanlouis BOCCAR.
Un contre temps et je loupe la dernière occasion de rencontrer Gilles. Je suis complètement peiné par la disparition de ce grand MONSIEUR! Toutes mes pensées vont à sa famille et ses proches.
Le Gilles Verlant que je connais le mieux est indiscutablement celui de « La scandaleuse histoire du rock » que je podcaste depuis quelques saisons et qui a procédé de belle manière à ma formation en ce domaine. J’étais surpris quand Verlant a annoncé en fin août « pour la toute toute dernière fois » le sujet de sa quotidienne livraison. J’ai un moment été surpris, mais me suis ressaisi en constatant que c’était effectivement la dernière de cet été, qu’il faudrait attendre les prochaines scandaleuses vacances pour le retrouver… Ben non, il ne le savait pas mais c’était « pour la toute toute dernière fois ». Maudis escaliers ! Bon, j’ai mon stock de podcasts à gérer au mieux, pour masquer la scandaleuse absence…