Chavanon, celui qui touche du bois
« J’aime marcher sur mon ombre / Quand elle se fait chinoise / Piétiner mon côté sombre / Dès qu’elle me cherche des noises… » C’est un suisse qui vit dans le Valais. Son premier métier fut celui de menuisier. On se l’imagine travailler du ciseau et de la varlope en chantant ceux par qui il a fait ses premières gammes : Brassens et Béranger, Le Forestier et Ferré. Et Lapointe, même si un bon menuisier fait fi des clous. Il n’est pas resté de bois, Hervé Chavanon : la passion de la chanson a primé. De ce précédent métier il a gardé le goût de la lutherie et du travail bien fait, d’une exigence qu’on retrouve dans cet autre métier d’art qu’est la chanson.
L’itinéraire est limpide : « la nécessité de composer, d’écrire, de se produire sur scène s’impose chaque jour d’avantage. Un triptyque évident, musique, texte, scène, un seul tableau : la chanson ! » Et le voici en scène, seul, à défendre son précieux et fragile artisanat. Un folk-song aux singuliers accords qui n’est pas sans copiner avec le jazz et la bossa, le blues ou la musette.
Voix, guitare, rien de plus : l’épure. « Cet album est le fruit d’une grande envie d’authenticité, du plaisir de partager avec simplicité et chaleur ma musique et mes mots » en dit Chavanon. Dont le verbe considère non sans humour, non sans ironie, le temps, les filles, l’amour, sonde les eaux tranquilles et s’évade la nuit sur les routes, fouille l’âme et titille les sens… Le timbre de voix et le son précis de la guitare s’unissent pour ce long compagnonnage de chanson. C’est assez exemplaire.
Vous connaissez peut-être Chavanon, pour l’avoir vu ces derniers temps accompagner en scène (et sur le disque Traces) Pascal Rinaldi dans son répertoire, de Dylan à Quincy Jones, consacré à ses reprises en français de quelques standards de jeunesse.
Si certains tiennent la chanson pour rebelle quand elle ose des considérations sur le monde, quand elle politise ses vers, je suis de ceux qui la tienne pour rebelle dès qu’elle s’ingénue à simplement exister, contre vents et marées, contre toute mode, contre notre indifférence. Chavanon est à l’évidence un rebelle, aussi sûrement que sa chevelure l’est. Son art est à contre-courant, à mille lieux de ce qui se fait. C’est évident de vous le recommander.
Chavanon, Quand les filles se dérobent, autoproduit/Disques Office (Suisse), 2013. Le site de Chavanon c’est ici.
Lecteurs, vous pouvez soutenir financièrement NosEnchanteurs,
le site de la chanson francophone. Cliquez ici pour tous renseignements.
Maintenant , je le connais un peu, grâce à vous , et c’est une belle découverte . Un artisan de la chanson qui n’a pour seul message que de partager : » sa musique et les mots » , et il le fait merveilleusement bien .
Merci Michel