Guillaume Boust, rouge cerise
Il n’entre pas dans la chanson sans biscuits, sans références, sans cette envie de travailler les mots pour les faire parler. Ce n’est sans doute pas pour rien qu’il termine ce premier disque (un sept titres) par Jean-Baptiste Clément et son Temps des cerises, chanson qu’on ne reprend pas impunément et fatalement teinte le reste d’une couleur écarlate.
Sauf à habiter dans les environs de Nantes, on peut ne pas connaître Guillaume Boust, dont les premières scènes remontent à il y a six ans sous le nom de Nöstfak. Nouveau projet dès 2011, cette fois sous son blaze, avec un quartet très jazz (mené par Didier Dayot, ancien guitariste de Gilles Servat, notamment sur L’albatros fou) et un répertoire « influencé par Yves Jamait, Claude Nougaro et Noir Désir ». C’est vrai que successivement ces noms nous viennent à l’écoute de ces Saisons rouges.
L’écriture est élégante et si ce disque est comme dominé par deux chansons « politiques » (l’une, Regards, un sdf dans le regard des passants : « Eh bourgeois si tu demandes pourquoi je garde le sourire / C’est juste que quand on a plus rien on se rattrape aux branches du plaisir » ; l’autre, No pasaran, sur les libertés chaque jour rognées : « Rien ne sert de gueuler, il faut voter à point »), il fait grande place (en peu de titres) à l’amour et la tendresse. Si Boust sait se mettre dans la peau de celui qui tend la main pour pouvoir bouffer, il sait aussi se vêtir de la dignité et de la résolution de celle qui, voilée, se fait avorter (Faiseuses d’anges) : « Je n’aurais pas su être cette mère accidentelle. » Tendresse, amour, en des mots fiévreux et bien venus : « Ta bouche contre la mienne / Vient mettre fin à l’abstinence / Qui par manque de tes lèvres / Entartrait l’émail de mes nuits… ». Amours et envies qui font se télescoper en une même et propice saison, Le printemps et nos cœurs, ces « femmes gracieuses comme des soliflores (qui) exposent impudiques leurs balconnets en grâce » et ces révoltes et révolutions où navigue « la rage des peuples en devenir / de bourgeons de frayeur en pétales maculées. » C’est ensuite que vient la chanson de Clément, parachevant un disque court mais cohérent, captivant s’il ne manquait pas, parfois, un peu de chaleur dans la restitution. On n’ose dire de passion.
Guillaume Boust, Saisons rouges, Mouft’Art production, 2013. Le site de Guillaume Boust, c’est ici. http://www.dailymotion.com/video/x10mkpd
Humaniste, « rouge cerise », jazzy , tout ce que j’aime :
» Et ils pourront bien
Couper toutes les fleurs
Ils n’auront pas c’est certain
Le printemps de nos coeurs » .
Merci pour cette belle découverte !
Cet Article n’est pas mal écrit. Pour le manque de chaleur resentit par l’auteur de cet article. Cela peut provenir de la sensation de minimalisme de l’instrumentation qui est un choix pour coller à ce qui se passe sur scène. Pas de superposition artificielle non reproduisible sur scène. Cela dit tout le reste n’est qu’une histoire de gout et de culture du son. Merci à vous Mr Kemper pour cet article.