France-Inter : la chanson Val-dingue à tout va !
par Norbert Gabriel et Michel Kemper
Mais qu’Hees qu’ils sont cons ces patrons de la Maison ronde ! Nommés sous et par Sarkozy, toujours en place sous Hollande, ils dégomment à tout va, jouant au grand bowling de l’inconséquence. Ce fut d’abord, souvenez-vous, les humoristes Didier Porte et Stéphane Guillon. C’est dangereux un humoriste : ça peut faire rire à ses dépens. Aussi dangereux qu’un bon dessin vaut mieux qu’un long discours : l’ancien directeur et éditorialiste de l’hebdo satirique Charlie-Hebdo qu’est Philippe Val le sait plus que quiconque.
Après les humoristes, c’est aux défenseurs de la chanson et de la musique qu’on indique la porte de sortie. C’est que la chanson est toute aussi dangereuse : si c’est hors les grands majors du showbiz, ça ne se contrôle pas (demandez à la moitié du duo Font & Val comme elle peut être corrosive même…). Exit donc Serge Levaillant et Sous les étoiles exactement, Isabelle Dhordain (pour l’heure en maladie mais qui n’a plus sa place sur la grille en cas de retour) et Laurent Lavige et son Black liste…
Certes, les gazettes bien informées clament à l’unisson que l’offre musicale d’Inter sera enrichie : en quantité ou en qualité, ou les deux ? Les incantations tournent en rond dans la Maison ronde… Pour le moment on sait ce qu’on perd : Le Pont des Artistes et Sous les étoiles exactement, ces deux émissions donnant à entendre des artistes en direct, avec des auditeurs fidèles au poste depuis bien longtemps pour ces rendez-vous-là.
Celui de Levaillant fût quotidien, c’était bien : vers 1 h du mat’ le cabaret de la nuit ouvrait ses portes. Premier mauvais coup il y a un an : le quotidien est supprimé, on empile tout en fin de semaine, prétextant des économies ; la nuit on n’offre plus que des rediffusions aux noctambules. Avec Sous les étoiles on avait de la radio vivante trois heures durant ; depuis, c’est de la conserve à 100 %. Mauvais karma.
Il y a quelques années, Alain Poulanges (et sa quotidienne entre onze heures et midi, consacrée à la chanson) avait été invité à faire de la place, déjà… : perte sèche d’une heure de grande écoute pour la chanson. Quelques années plus tard, fin juin, en pleine réunion de programmation, Jean-Louis Foulquier apprend sa mise en retraite immédiate. Exit Pollen et ses concerts publics ! Hees et Val n’ont pas ce monopole : sous Cluzel on limogeait déjà sans la moindre élégance. Depuis des années, la part de la chanson sur France-Inter est en constante régression.
Un signe positif avait été pourtant donné à l’arrivée d’un espace chanson dans la matinale, vers 7 h 20 (avec Manoukian désormais au micro). Mais voilà qu’en fin mai 2013, un tsunami balaie une douzaine d’heures hebdo : Lavige et Levaillant sont dans le bateau et les artistes sur le pont, tous coulés ! On peut espérer que toute cette place libre sera bien ré employée pour la plus grande gloire de la chanson. On peut aussi craindre que la mise en retraite d’office de « vieux routiers » va être préjudiciable à la qualité… Là, on liquide des radioteurs compétents et pointus, qui n’ont pas encore tous leurs trimestres de cotisation, maîtrisent à l’évidence leur sujet, connaissent bien la maison Radio-France, et qu’on invite à débarrasser le plancher. « Allez ! cassez-vous ! » Sans autre raison que le plaisir de les jeter. Est-ce que ce monde est sérieux ?
Les Prud’hommes s’en mêlent…
La semaine passée, Le Canard enchaîné a trompetté l’énorme nouvelle : viré en juin, Serge Levaillant pourrait revenir à la rentrée, les Prud’hommes ayant mis en demeure le PDG de Radio-France de lui faire un CDI, après 28 ans de CDD dits d’usage (en dépit des lois du travail, faut-il le rappeler ?). Levaillant a obtenu sa requalification (avec rappel de primes sur cinq ans), l’obligation d’être payé cet été et l’assurance de poursuivre son contrat tout beau tout neuf à la rentrée…
Injonction à France-Inter de lui proposer une émission. Bonne nouvelle, donc ? Pas sûr : ça laisse la possibilité au taulier de proposer à l’employé ce qu’il veut : « Eh ! Levaillant, vous qui êtes breton, vous nous ferez à la rentrée une émission sur les festnoz et la cornemuse à travers les âges ! » Ça ou toute autre chose, la météo marine ou reporter spécial pour chiens écrasés… Si on pouvait nous rassurer un peu sur l’avenir de la musique et de la chanson sur France-Inter, ça ne pourrait pas faire de mal.
Donc, on en sait pas plus, la voix est libre …La place est vide, et on tourne en rond . Pourtant, la rentrée, c’est bientôt, alors on va voir, écouter, et puis on a toujours la possibilité de changer de cap , voire d’éteindre la radio et d’aller écouter ailleurs les chanteurs qu’on aime . Mais le pire n’est jamais sûr , si Manoukian revenait , ce serait bien . Et imaginer Levaillant passer des étoiles à la rose des vents , c’est impossible .
Pourquoi France Inter ne s’occupe-elle de chansons qu’en été ? Je me suis régalée avec la matinale de 10h d’André Manoukian en juillet, inventive et déjantée, puis celle de Kent en août, où après une petite période d’adaptation à son rythme plus lent, j’ai appris beaucoup de choses sur la musique vue sous tous ses aspects. Une petite tendance à l’auto-promotion sans doute mais on ne peut pas le lui reprocher, qu’il profite de cette page qui pour une fois lui est ouverte. Je vois approcher la rentrée avec regret. Non la musique et la chanson ce n’est pas qu’un dérivatif, c’est la vie même, l’âme et le corps, un lien entre les humains. On en a bien besoin.(J’aimerais que nos « virés » puissent revenir à des heures plus pratiques, on peut rêver…Mais cela remonte à loin cette dégradation, voir comment on s’est vilainement débarrassé de Denise Glaser à la Télé)
Pour le moment, on ne sait pas grand chose de ce qui va arriver en septembre… Le point positif, avec cette grille d’été, c’est qu’elle perpétue la tradition des étés musicaux, c’est aussi l’apparition de nouvelles voix (Agnès Olier) et de nouvelles émissions, celle d’Agnès Olier (Puisque vous partez en voyage) pourrait trouver une place dans la grille, c’est une belle émission de vulgarisation musicale élargie.. Je ne sais pas qui a fait quoi dans l’équipe, mais c’est un excellent travail de service public. Je suppose que cette grille d’été est en partie dûe à Didier Varrod, et sur ce point, bravo. Plus que 5 ou 6 jours pour être fixés sur la rentrée musicale et culturelle de France Inter.
Je viens d’apprendre qu’à partir du 26 août Frédéric Mitterrand l’ancien ministre de la cul sera tous les jours sur l’antenne de Radio Paris, oups, pardon, France Inter. Voilà. Maintenant on sait pour qui pourquoi il faut « faire de la place »…
« Frédéric Mitterrand sera présent à l’antenne du lundi au jeudi, de 18h20 à 19h pour un entretien de 40 minutes avec une personnalité. Il reprend donc la case occupée les saisons dernières par « Downtown », l’émission du duo Philippe Collin et Xavier Mauduit pour proposer un programme proche de celui de François Busnel qui a quitté la radio publique.
Après Roselyne Bachelot sur D8, Jeannette Bougrab au « Grand Journal de Canal+ » et Daniel Cohn-Bendit sur Europe 1, c’est
donc au tour de Frédéric Mitterrand de relancer sa carrière dans
les médias. »
Un rappel, pour préciser les choses; Busnel a quitté France Inter de son plein gré, pour passer plus de temps avec sa femme, c’est lui qui l’a dit. D’autre part, Collin et Mauduit souhaitaient faire un break avec la quotidienne, et passer en hebdo. Ce qui a libéré la case 18h20 19h, dans laquelle sera Frédéric Mitterand. Reste à savoir ce qu’il y aura à la place du Grand Entretien de 17-18h puisque cette case est disponible.
en qualité de fidèle auditrice de france inter, je lis tous vos articles et commentaires avec intérêt, je ne partage pas vos avis sur l’émission de manoukian – brillante mais trop maniérée – et les réserves sur kent – qui m’a beaucoup plu – où je n’ai pas entendu l’autopromotion que vous annoncez (?) quand à l’émission d’agnes ollier, elle a sa place je le concède mais il manque – comme à tous les nouveaux intervenants – le brin de dérision et d’esprit de liberté qu’avaient les anciens bien nommés, foulquier, poulanges, josé arthur également ainsi que julien delli fiori et josé farmer (ce qui manque aussi à elsa boublil) et c’est bien de prendre des nouveaux, mais qu’est-ce qu’ils bafouillent ! c’est énervant sur une station nationale – on pouvait supporter ça dans les premières radios libres associatives, mais là non !!
Je ne crois pas avoir parlé d’autopromotion ? Ni ici ni ailleurs.. Sinon, pour les nouveaux, il est un peu injuste de les comparer aux maîtres José Artur, Foulquier et les autres dont nous avons en mémoire les émissions qu’ils faisaient après 20 ou 30 ans de radio. Il est exact que l’exigence de qualité des voix qu’avaient Jean Garretto et Pierre Codou n’est plus tout-à-fait la même, mais il en reste quand même un bel héritage. Agnès Olier par exemple est dans le droit fil des grandes voix féminines qui ont fait la signature vocale de France Inter, Kriss, Katia David, Agnès Gribes… mais cet été, il y a eu en effet quelques fausses notes, vers midi, c’était parfois limite indigent.