Barjac 2013. Amour-Anarchie : six voix s’élèvent
Sauvé dans Claude Fèvre
Tags: Annick Cisaruk, Barjac 2013, David Venitucci, Emmanuel Depoix, Jofroi, Léo Ferré, Nouvelles, Reprises Ferré, Serge Utgé-Royo, Véronique Pestel
Serge Utgé-Royo s’est entouré ce soir de la fine fleur du théâtre et de la chanson pour que s’accomplisse une célébration dont les pierres du château de Barjac se souviendront. Deux musiciens seront principalement conviés à habiller, que dis-je, transfigurer les mots : le pianiste Léo Nissim et l’accordéoniste David Venitucci. Ces deux musiciens vont offrir une alchimie entre le texte et la musique, illustrant, s’il en est besoin, ce qui fait la grandeur et l’exception de la Chanson dans le spectacle vivant.
Une variation au piano de la célèbre chanson Avec le Temps offre une ouverture comme on pourrait le dire pour un opéra. Il eût aimé, Léo.
En tout bien tout honneur, c’est Serge Utgé-Royo, puis Jofroi qui entament l’hommage. Décidément ils marchent dans l’azur les poètes.
Et c’est avec Abel Divol, comédien à la chevelure rouge que l’on entre en poésie. Poètes vos papiers ! Lecture, puissante déclamation qui sera suivie d’autres moments semblables où la voix porte loin dans ce ciel constellé d’étoiles les mots de Léo Gare ! Les armes et les mots ça tue pareil ! Le ton est ainsi donné pour que vienne celle qui illuminera cette soirée : Annick Cisaruk. Grande, belle (pas d’autre mot), longue chevelure déployée, silhouette haut perchée sur des escarpins, subtilement accompagnée d’effets d’ombres et de lumières et voix qui joue dans des hauteurs improbables avec l’accordéon de David Venitucci… Le texte de Léo est littéralement sublimé, celui de Quartier Latin, Pour tout bagage on a vingt ans, Avec le Temps… trois autres chansons plus tard dans la soirée, saluées par les ovations du public. Une artiste que l’on aimera revoir, que l’on salue pour ses choix, Camille Claudel internée, puis Barbara et maintenant Léo.
Mais elle n‘est pas seule Annick, à développer une carrière sur plusieurs territoires artistiques on entendra aussi Emmanuel Depoix. Encore un artiste au talent polymorphe, entre musique (le clavecin dès l’âge de six ans !) théâtre (il dirige L’Equipage depuis 2002) et chanson (spectacle Dimey, en 2011) Ce soir, il offre d’abord une lecture, le mec que tu regardes est une illusion… accepte moi comme je t’accepte… puis se met au piano pour chanter et revenir encore à la poésie avec Rimbaud et ainsi saluer la contribution de Léo, au monde fermé de la poésie ce que viendra saluer aussi Véronique Pestel, deuxième voix féminine de la soirée. L’interprétation est délicate, nuancée, sensuelle aussi et l’on aimera l’entendre nommer celle qui apporta tant à la carrière de Léo, Madeleine, avant l’interprétation d’une chanson écrite pour elle, comme tant d’autres : ça te va.
Quand toute la formation d’Utgé-Royo revient pour clore cette soirée hommage, on se dit que l’on est bien chanceux d’avoir assisté à ce partage unique autour d’un talent : celui de Léo, Léo l’anarchiste, Léo le poète, qui assemblait les mots avec une exceptionnelle virtuosité, qui leur rendait leur chair vivante, Léo qui vouait une passion dévorante à la musique.
Bien chanceux, c’est le mot juste … En voilà quelques uns qu’on peut voir, entendre, revoir et re entendre autant de fois que possible, le plaisir est toujours neuf.
Et si vous ne les avez pas encore vus pour de vrai, prenez patience avec leus albums, c’est toujours ça de pris !
On les trouve tous ici;
http://www.mistimusicshop.com/catalog/index.php?language=fr
Oui, très belle soirée avec des découvertes qui apportent de la joie, de l’émotion, du plaisir : Annick Cisaruk et surtout Emmanuel Depoix à la voix incroyable qui nous a fait frissonner ! Merci à Jofroi pour ces soirées qui…. enchantent !