Barjac 2013. L’écriture prend sa revanche avec Dominique Babilotte
Sauvé dans Claude Fèvre
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Peut-être est-ce bien une forme de revanche, en effet, sur la scène du chapiteau ce soir ? La revanche d’un auteur, d’un compositeur, d’un interprète qui confesse en quittant son public qu’il est pour la première fois invité sur un festival. On sait qu’il n’est pourtant pas un débutant et que la scène est pour lui un lieu plus que familier. La joie de l’interprète et de ses deux excellents musiciens, Philippe Turbin au piano et Xavier Lugué à la contrebasse s’affiche alors ostensiblement et nous la partageons bien volontiers. C’est vrai que l’homme a donné de sa sueur et de son énergie sans compter. Chapeau bas ! On sait que tout concert sous le chapiteau de Barjac, par température caniculaire, est en soi une forme d’exploit… Mais homme de théâtre, il l’est Dominique Babilotte, et chaque texte n’est pas seulement chanté mais le plus souvent joué (parfois on pourrait même souhaiter plus de sobriété). La dernière chanson, Les loups sont entrés dans Paris reçoit l’ovation méritée des spectateurs… Quelle chanson ! Une de celles de notre patrimoine qui nous font frissonner à coup sûr. Dominique Babilotte y a donné toute la mesure de son talent d’interprète de Reggiani comme il l’a fait aussi pour l’Arabe, qui offre cette superbe image finale des deux hommes enroulés dans la même veste sous le vent glacé.
Cette image et cette chanson illustrent bien l’univers poétique de l’auteur car Dominique Babilotte est de ceux qui veulent mettre les pendules à l’heure, seulement pour plus d’amour, plus d’azur. Alors, on se laisse emmener par la petite sœur de Pékin sur la place Tienanmen, ou bien à Buenos Aires par les « Cartoneros », les gosses, par l’Irlandaise dans un quartier de Belfast : elle riait, dansait, rêvait/pour oublier la peur, la guerre, la misère…
Le concert s’était ouvert sur un homme de noir vêtu, sobrement debout derrière son micro déclamant un texte de Pierre Dac intitulé La linotte, charmante petite rivière dont l’histoire nous est contée comme une métaphore de nos vies. En quittant le chapiteau, je pensais à nouveau à cette exception culturelle française qui fait de la chanson, fille de la poésie, notre plus beau fleuron.
Le site de Dominique Babilotte c’est ici.
Quelle voix et quelle présence sur scène ! Pourquoi ne le voit-on pas dans les festivals ?