Les amis chanteurs sur un plateau
C’est tendance que ces « plateaux chanson », convoqués pour un oui pour un nom, une « fête à », un hommage (pour la plupart encore trustés par le souvenir de Leprest), une présentation ou une restitution de festival et que sais-je encore. Des thématiques bientôt ? Le schéma ne varie guère. Quelques duos, des reprises, une chanson collective pour le final, et des mini-sets pendant que les collègues, assis de part et d’autre, attendent leur tour et applaudissent.
Des plateaux comme ça, y’en a plein. Et ça fait succès. Tant que les inconditionnels se déplacent. De loin, même. Du coup, les organisateurs aiment organiser de telles rencontres : peu ou prou, les artistes seront les mêmes ; peu ou prou le public sera le même aussi, fidèle parmi les fidèles, fier de voir Anne Sylvestre pour la cinquante-septième fois, Bernard Joyet pour la quarante-troisième seulement. Pourquoi ne donne-t-on pas des points fidélité qui feraient le dixième concert gratos ? On se groupe dans les voitures, on affrète parfois un car, prêts à avaler quelques centaines de bornes (le bilan carbone de telles soirées défie l’entendement) : faut pas louper l’événement, il n’y a rien de mieux que de dire ensuite « j’y étais ». On peut même parfois faire salle pleine sans nullement solliciter le public du cru, l’eussiez-vous cru ? Votre appareil photo sera, c’est évident, équipé d’un grand angle pour vous permettre d’immortaliser tout le monde sur la photo. Ce, même si ce « tout le monde » sera à la prochaine fête, car c’est entre amis qu’on se fête, qu’on se congratule mutuellement.
A chaque degré, chaque cercle de la chanson, c’est toujours pareil : on reste en bande, on se rassure. « Sol en Si » c’est toujours les mêmes (Le Forestier, Cabrel, Jonasz, Lara, Maurane, Souchon et Cie) et si les Enfoirés des Restos du cœur cooptent volontiers c’est uniquement dans la play-liste télé, piochant chez les stars. Dans la chanson « à texte », c’est même pratique à son niveau : on s’invite. Avec toujours Bernard, Miravette, Morel, Joyet, Sylvestre, Gary, Jamait, Bihl et quelques autres d’aussi bon goût.
Si j’ai l’air d’en faire reproche, ne m’en veuillez pas. J’aime ces gens-là plus que tout et apprécie, de temps à autres, de les retrouver ensemble en un plateau commun. J’ai simplement peur que ça se systématique, que nous tournions en rond, que ça paupérise un peu. Aimer la chanson, ce n’est pas aimer qu’une bande de chanteurs, c’est aller en découvrir d’autres. Plus même, c’est volontairement privilégier les découvertes et partager ses nouvelles émotions. C’est s’ouvrir.
Pour l’heure, j’ai parfois l’impression qu’on ferme.
On peut voir les choses avec un autre angle, je ne suis pas -encore- un habitué, donc spectateur encore naïf, mais les quelques soirées festives dans ce genre que j’ai suivies, m’ont bien plu. D’abord, « le bar à Jamait » à Saulieu, avec en effet l’expédition collective automobile, pas d’autre possibilité pour revenir dans la nuit, puis la fête à Anne Sylvestre au Quesnoy, dans les deux cas, j’ai aimé cet esprit de troupe de saltimbanques en vadrouille, dans les deux soirées, j’ai aimé la complicité autant en scène que dans le public, lequel public est aussi une composante de la réussite de la soirée. Un des points essentiels pour mon goût, c’est d’offrir au public la possibilité de découvrir d’autres artistes. Autant à Saulieu qu’au Quesnoy, il y avait des spectateurs venus pour la tête d’affiche, et qui ont été emballés par les ‘inconnus’ qui étaient en scène. C’est donc une ouverture vers une autre génération d’artistes. Pas de surprise de trouver les mêmes fans d’Anne Sylvestre, de Francesca Solleville dans une même soirée, mais ils vont découvrir Agnès Bihl, Nathalie Miravette, Presque Oui, ou Xavier Lacouture et Bernard Joyet… Comme il n’y a plus de music hall avec les premières parties, ça donne une chance aux jeunes… Car Joyet et Lacouture peuvent en remontrer à pas mal sur le plan jeunesse.
C’est aussi pour ça que j’aime fréquenter les Lundis de la chanson, pour leurs plateaux avec invités, exercice qui juxtapose des styles différents tout en restant dans la chanson à texte, la chanson qui raconte.
Pour ce qui concerne les cercles d’amis, c’est vrai qu’on retrouve des têtes familières, mais c’est aussi l’occasion de rencontrer des amis qu’on ne connait pas encore. Aussi bien pour ceux qui sont sur scène que pour ceux qui sont dans la salle. Et parfois, on discute avec des gens qui ont 40 ans de moins comme si c’était des vieux potes de bamboche musicale… et on se dit à la prochaine…
Par curiosité, il y en a beaucoup des spectateurs comme ça ?
En fait, cet article me laisse très perplexe, j’ai l’impression qu’il dénonce un truc, mais je ne sais pas trop quoi.
Qu’il y a un groupe de copain chanteur qui s’invite les uns les autres ? Certes, mais je comprend qu’on préfère travailler entre ami. Que le groupe soit plus ou moins fermé, c’est le principe du groupe d’ami.
Ça n’empêche personne d’aller voir d’autres chanteurs. D’ailleurs pour avoir vu la plupart de ces chanteurs et des dizaines d’autres, ça nous permet de nous repasser des conseils de chanteur à aller écouter.
A la limite, on peut reprocher à certains de ne pas sortir d’un petit groupe de chanteur qu’il connaissent et adulent. Mais pour être honnête, je ne vois pas trop le problème, à part à la limite si c’est vraiment une immense majorité des admirateur de Gary, Joyet et et Morel refusent d’aller écouter d’autres chanteurs. Mais j’ai du mal à y croire.
Habituellement, le problème dénoncé avec Sol en Si ou les enfoirés, c’est que c’est vu par des millions de téléspectateurs, et que les chaines de télés leurs imposent toujours les mêmes dizaine de chanteur en boucle. Qu’on pourrait espérer que les chaînes de télé fassent un boulot de service public et permettent à d’autres chanteurs d’êtres découverts.
Est-ce que vous considérez qu’il faut exiger ça des chanteurs ? Je pose une vraie question, ça me semble surprenant, vu que leur boulot n’est pas programmateur mais chanteur, mais pourquoi pas.
Après, je dis ça, en pratique, je n’ai vu qu’un unique plateau avec beaucoup de monde, la fête à Miravette, sinon c’était des co plateau partagé à 2 ou 3 chanteurs, donc pas ce dont vous parlez ici. Donc j’ai peut-être un avis biaisé. Après tout, en tant que bon parisien, je prendrai pas la voiture ou de long bus pour aller voir des chanteurs, ils sont tous accessible tôt ou tard en transport en communs
Il y a aussi d’autres paramètres en prendre en compte, le contexte dans lequel sont présentées ces fêtes à … Les deux que j’ai évoquées étaieent dans deux contextes différents; Le bar à Jamait à Saulieu était une soirée unique au départ, le succès immédiat des locations, salle pleine en quelques jours (assez longtemps avant) a conduit les organisateurs a doubler avec une seconde soirée, très vite bouclée. Avec un public de la région, au sens large, avec des petits groupes venus de plus loin. Malgré l’hiver.
La Fête à Anne Sylvestre au Quesnoy en Chanteurs, c’était dans le cadre d’un festival qui va avoir 10 ans, j’ai eu le sentiment qu’il y avait le même genre de public, mélange de local et de spectateurs venus d’un peu plus loin, attirés par l’affiche prestigieuse. Toutefois dans ce meme festival, quelques jours avant, Nevcherhirlian et « le soleil brille pour tout le monde » a fait salle comble. Je ne sais pas qui était le public, local ou élargi, mais c’est un public curieux de découvrir.
Dans les deux cas évoqués, ce sont des petites villes, dans les 2500 habitants pour Saulieu, 5000 pour le Quesnoy, les deux étant équipées de belles salles, ce qui diffère, c’est qu’un festival comme Le Quesnoy en Chanteurs ne peut exister que grâce à un soutien important de la ville et la région. Et avec la présence active et soutenue de nombreux bénévoles.
Un point à polémique; certains festivals, ou certaines soirées voient un public « étranger » à la ville qui l’accueille, j’ai eu des échos de ce genre, comme s’il y avait déconnexion entre la population locale et les organisateurs, dans ce cas, c’est peut-être à l’organisation qu’il faut poser les questions.
Il y a un festival que je suis régulièrement depuis 4 ou 5 ans, les Muzik’Elles de Meaux, le public doit être constitué à 70% d’habitants de la ville, et 30% de franciliens, (chiffres estimés à la louche) mais c’est un public finalement homogène et intergénérationnel, qui va découvrir des artistes peu connus dans des soirées multi plateaux, et là, on n’est plus dans la chanson clivante selon les ukases télé, mais dans la chanson qui rassemble. On y retrouve les spectacles « collectifs » Carte blanche à … une sorte de fête, mais avec des invités inattendus. Comme Julien Doré invitant Cyndy Sanders, dans un duo sur un standard américain qui a mis en valeur une « créature » de la réaltv, dont les chansons sont .. disons moins convaincantes.
Voilà pourquoi je ne suis pas blasé de ces spectacles collectifs, car la plupart apportent quelque chose de différent. Ils peuvent aussi être très intéressants sur le plan critique, dans une soirée avec plusieurs artistes faisant un hommage à …. (un disparu) il arrive que l’un ou l’autre éclabousse l’ensemble avec une prestation plus affinée ou aboutie, tant dans le fond que la forme. Et si les participants ont la curiosité de suivre ce que font les collègues sur la scène partagée, c’est parfois plus que nécessaire pour leur éventuelle évolution.
Je ne vois pas le problème.
Que des artistes aiment se retrouver ensemble pour se faire une fête, ou un hommage, quoi de plus agréable et rassurant.
On ne va pas leur reprocher de se manifester sur scène même entre amis chanteurs.
Heureux ceux qui ont pu être de la fête!
Quand je vais écouter tout ceux que vous citez, cela me donne envie d’aller en écouter d’autres, je parle bien de chanteurs, poète : Laurent Berger, Frédéric Bobin, François gaillard, Serge Urgé-Royo, Christian Paccoud, Véronique Pestel, Jehan, Forcioli, Romain Didier ,Morice Benin, France Léa, Camel Arioui, Jofroi, et j’en oublie beaucoup….
Tout un univers dont nous ne pourrions pas nous passer…
J’entends bien les arguments de Michel et ceux des commentaires , mais je pense qu’il y a assez de choix pour aller voir un ou plusieurs chanteurs à la fois . Et pour ceux qui n’ont pas l’occasion de sortir aussi souvent qu’ils voudraient , quelle chance de pouvoir avoir en une seule soirée tous les copains de la bande à Jamait, ou la bande à Anne Sylvestre !
@Norbert : le Festival Le Quesnoy en chanteurs (nord) ne va pas avoir 10 ans mais…bientôt 20 …Si tout va bien …!
Quand on aime on a toujours 20 ans !!! Merci Valérie.. Donc à l’an prochain, si j’ai eu de bonnes infos, et je crois que c’est le cas, tout ira bien.