9e Rencontres Marc-Robine : Bobin, le digne héritier
Il y aura dix ans le mois prochain, le crabe terrassait l’un des personnages les plus singuliers et attachants de la planète chanson : Marc Robine, artiste, journaliste, biographe et historien (lire ici la page Wikipédia qui lui est consacrée). Il fut l’un des piliers de Chorus, une de ses plus belles plumes, d’une incroyable érudition ; il fut auteur de nombreux ouvrages et reçu le prix Charles-Cros pour son chef-d’œuvre de compagnon qu’est l’Anthologie de la Chanson française La tradition ; il fut chanteur, du folk à la chanson en passant par Gaston Couté ; et conférencier. Joyeux et fidèle, passionnant à l’écouter. Il y a parfois des morts qui s’apparentent plus que d’autres à des pertes immenses, comme si la médiathèque d’Alexandrie s’effondrait d’un coup. Robine, ce fut ça, comme son copain et collègue Théfaine l’an passé.
Alain Vannaire a créé il y a neuf ans les Rencontres Marc-Robine. Rencontres, pas festival, et la différence est de taille. « J’ai créé ces Rencontres parce que ce n’était pas possible autrement, histoire d’amitié envers Marc Robine ». Chaque année, à Blanzat, dans ce coin du Massif central, le cœur bat plus fort encore, à l’unisson d’une chanson curieuse, poétique, sans cesse en question, à l’image vraiment de ce que défendait Robine, sur scène comme derrière son clavier.
L’idée d’un prix Robine taraudait Vannaire depuis longtemps. Mais pas d’un concours ni d’un tremplin, non. Simplement remettre un prix, ce prix, à quelqu’un d’évident, qui soit dans la filiation Robine, dans l’héritage. Alain Vannaire : « Quand j’ai entendu la chanson Singapour de Frédéric Bobin j’ai d’abord eu l’impression, sur les premières notes, les premiers mots, d’être dans du Robine, d’entendre Marc. Pour la première fois, j’ai senti le rite du passage. J’en ai à la fois été triste, cause à ce deuil que j’ai toujours du mal à faire. Et très heureux aussi, pour la transmission. » Le prix Marc-Robine vient d’être remis officiellement à Bobin, lors de ces Rencontres dont la neuvième édition vient de s’achever. Mais il fallait un parrain ou une marraine, qui du coup s’engage « à veiller au petit » : ce fut Michèle Bernard, comme une rare évidence parce que Michèle est dame de cœur, grande artiste et de surcroît militante de la chanson. Il fallait que ce soit elle, que Robine appréciait grandement, pour faire de Frédéric Bobin le successeur de Marc Robine, passer le bâton de relais à ce folk-singer lyonnais.
Frédéric Bobin collectionne ici et là les prix. Celui-là est tout autre. On sait qu’il en sera digne. Lui et, quand même son double qu’est son frère. Car Bobin, on le sait, est deux : si Frédéric compose et chante, c’est Philippe qui écrit. C’est cette somme de frangins qu’on applaudit chaque fois.
Lourde et enthousiasmante responsabilité sur les épaules de Bobin que ce titre-là. Qu’il poursuive ce qu’il est et il le méritera.
Le site de Frédéric Bobin, c’est ici ; celui des Rencontres Marc-Robine là. Pour lire ce que NosEnchanteurs a précédemment écrit sur Bobin, cliquez. J’avais eu l’honneur de signer le portrait de Frédéric Bobin dans Chorus : c’est ici. Deux vidéos ce jour : « Il faut plaindre les rois » de Frédéric Bobin et « Lucienne » de Marc Robine. http://www.dailymotion.com/video/xcyy3e
Pour rappel (et complément d’information à l’attention de ceux qui ne connaissaient pas Marc Robine, « Le colporteur de chansons ») :
http://sicavouschante.over-blog.com/article-marc-robine-55947076.html