Pourchères 2013 : Flavia Perez, trèfle à sept cordes
On ne sait si elle trouve plus que d’autres des trèfles à quatre feuilles, la Flavia, mais elle possède – plus rare encore – une guitare à sept cordes. Pour plus d’effets ? C’est plus subtil en fait, dans le grave. Même si ce n’est pas ainsi qu’elle entame sa prestation, aérienne, par un Au clair de la lune d’où s’échappent des sons brésiliens, des notes africaines, rythmes chaloupés comme pirogue au fil de l’eau et l’ami Pierrot dedans…
Voici Flavia Perez qui se la pointe de Pézenas, pour plus d’une heure à l’issue de laquelle on en reprendrait bien un peu tant elle vous met en appétit. Elle a belle voix, dont les sons et la chaleur se propagent en nous, de jolies constructions de chansons, des mots simples, d’une rare élégance. Seule en scène, et plusieurs à la fois, par la façon qu’elle a, avec intelligence, de se sampler, de s’échantillonner, de se démultiplier. Balades gorgées de sentiments, de colères parfois : il faut se méfier de tant de beauté… Comme quand elle chante les nasillons d’extrême-droite : « Un crâne rasé / Avec une crête bien camouflée / J’ai des renvois de l’intérieur / ça fait remonter des horreurs. » Ça jette un froid sur nos corps brûlant sous le soleil.
Il y a en Flavia Perez une telle sympathie, une telle empathie que, d’emblée, on est séduit. On ne la connaissait pas forcément le quart d’heure d’avant qu’on l’adopte de suite, qu’on la met dans ses favoris. Avec le sourire pour premier argument, elle est irrésistible. Son art excelle dans le portrait, les situations, les impressions, les émotions. Comme avec cette « petite vieille qui ne laisse pas de traces, même fugaces. » Car si les notes sont enlevées, joyeuses, les vers ne grouillent pas tous dans la même direction, rires ici et larmes là. Bon, elle pourfend les cupidons cupides et ne s’assoit vraiment que sur du solide, pas sur des si : « J’ai le vertige du conditionnel / Alors je conjugue au présent / A l’instant. » Sûr d’elle-même, forte de ses portées plurielles, elle plaide « pour que (nos) différences / soient une chance pour la France. » Et si son pays, si sa terre ne sont pas à la hauteur de ses espérances, c’est vers le cosmos qu’elle se dirige : « On n’est pas tarés / On est terriens / On sait exporter le savoir-faire / De la planète Terre. » Terre à terre, vous dis-je, notre Flavia Perez !
Le site de Flavia Perez, c’est ici.
Sur l’île de la Réunion, on appelle ça bonbons-piments . Enrobés de douceur et forts au coeur , et ça laisse un goût acidulé d’épices et de miel . C’est à ces bonbons que je pense en écoutant Flavia Perez .